Hôpitaux à Bruxelles: trois réseaux et pas quatre, la solution étudiée depuis un mois et demi

Acteurs politiques et privés se réunissent. D’Erasme à Iris en passant par le Chirec, on avance lentement vers trois réseaux sur la Région Bruxelloise, « même si rien n’est encore fait. » 

Si la Wallonie et la Flandre ont terminé leur choix de réseau, à Bruxelles, le cœur balance entre trois ou quatre réseaux. Si le premier réseau est constitué des hôpitaux flamands et le second géré par l’hôpital universitaire Saint-Luc (avec les Cliniques de l’Europe, la Clinique Saint-Jean et la Clinique Saint-Pierre Ottignies), l’avenir des hôpitaux publics et du Chirec reste flou. Ensemble ou pas ? En faudra-t-il un ou deux autres réseaux? Charles Picqué, ex-président du parlement bruxellois, et « architecte » historique des hôpitaux publics bruxellois dénoue pour nous quelques fils : « Actuellement, il y a une piste qu’il convient d’explorer jusqu’au bout où tous les acteurs publics et privés sont autour de la table pour construire un grand réseau bruxellois. » Cette option est en cours sérieusement depuis plus ou moins un mois et demi et les réunions se multiplient discrètement. « On n’est pas au bout du chemin, mais il s’agit d’une piste qu’il faut examiner en profondeur…même si ce n’est pas encore fait ! » Pour lui, la priorité c’est « d’éviter avant tout la rupture de l’unité des hôpitaux publics. » 

La réalité géographique 

Au cours des derniers mois, il y a eu des avancées, des reculades, des mouvements d’humeur et même un moment la crainte du côté d’Erasme notamment que le Chirec parte tout seul. Quel que soit l’option, les médecins sont divisés sur le terrain. Aucun schéma ne recueille pleinement leur assentiment. « Pour moi, le plus important, c’est que le projet de soins et médical tienne compte de la réalité géographique de Bruxelles. Chaque citoyen doit pouvoir bénéficier de soins de qualité. Evidemment, on devra aussi tenir compte des spécificités des différents hôpitaux en matière de spécialité mais cela se fera au travers du projet médical.»

Pas sans les médecins

Le député MR bruxellois Vincent De Wolf précise évidemment que rien ne pourra se faire sans les médecins : « Un hôpital sans médecin cela n'existe pas. Un hôpital sans médecin, c’est un hôpital sans patient. Ce n’est pas au politique à gouverner un hôpital. Le politique doit être là pour garantir la qualité des soins, donner les moyens et les impulsions. Les médecins, de leur côté, doivent revenir deux fois par an avec le politique pour décider des grandes orientations ». 

Il ajoute qu’il est à l’aise dans ce dossier parce qu’il n’a pas « d’hôpital aigu sur son territoire 

"Il faut arrêter de jouer. Je veux avancer." Jean Spinette président du Conseil d'administration des hôpitaux Iris Sud travaille bien. On travaille dans le même sens. » Il tient aussi à créer une polyclinique à Etterbeek dans l'ancienne maison communale « Mon idée est de faire une polyclinique ultramoderne bien desservie par les transports en commun proche des communautés. C’est un beau projet avec l’idée de déménager Baron Lambert dans ces locaux-là. Cette polyclinique serrait complémentaire et enverrait des patients vers les hôpitaux plus importants. »

Le Chirec n’est pas un monstre

Pour le député-bourgmestre d'Etterbeek, Vincent De Wolf, le choix d’un seul réseau est logique : « Sur le terrain, on est jumelé partout : Saint-Gilles, Anderlecht, Ixelles... Le Chirec n’est pas un monstre avec lequel on ne peut pas discuter. Tout cela est évident. Au lieu de lutter les uns contre les autres, j’ai beaucoup travaillé pour que l’on ait des contacts et que l’on ait des partages de collaborations médicales plutôt que des antagonismes. » Pour lui, « il est possible de partager les compétences. Aujourd'hui je ressens que ceux qui voulaient faire bande à part se sont faits taper sur les doigts. »

Le moment clé

Vincent De Wolf insiste : « Il est possible d’avoir un groupement global de la ville, d’HIS, de la Ville et d’Erasme. Ce n’est pas un accord, c’est un espoir, ce n’est pas impossible. » Pour lui, dans ce cas de figure, « la tutelle Iris devait alors être fortement allégée. Cela permettrait des synergies plus étroites entre certains acteurs tout en pérennisant une médecine sociale dans des entités comme Anderlecht, Saint-Gilles, Etterbeek….et cela a le mérite à ce moment-là de mettre en place des projets de santé à long terme. »

La tutelle en question.

Ce grand pôle est donc l’ultime espoir pour les Hôpitaux bruxellois francophones. « Cela implique que la tutelle d’Iris soit simplifiée. On pourrait voir par exemple aussi, HIS (hôpitaux Iris Sud) et le Chirec mettre en place une plateforme de traumatologie qui pourrait être située sur Ixelles. Tout cela est possible s’il y a un lien de confiance suffisant et une volonté d’aboutir. Dans mon chef, c’est le cas. » ajoute Vincent De Wolf. 

L’autre grand débat se situera bien sur la tutelle. Qui sera la tutelle de ce nouvel espace de santé publique ? Comment ce nouveau réseau tiendra-t-il compte des impératifs des hôpitaux publics en matière de maisons médicales ou de CPAS ? Les problèmes restent nombreux.

Le rapport Deloitte

Les différents interlocuteurs contactés ont reconnu les tensions à la suite de la divulgation par Le Spécialiste du rapport Deloitte sur la mise en place d’un réseau sans le Chirec. Certains ont été surpris par le contenu de ce rapport qui manquait de profondeur et d’une connaissance fine des différents acteurs en place. L’un d’entre eux n’a d’ailleurs pas caché avoir poussé une sérieuse colère en CA. D’autres ont souligné qu’il « avait été utile » mais qu’il « ne pouvait pas être déterminant » dans le choix d’un ou plusieurs réseaux.

Cela ne devrait en effet pas être le cas… 

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