François Bayrou, Premier ministre français, a présenté un pacte de lutte contre les déserts médicaux écartant toute contrainte à l’installation des médecins. Plutôt que d’imposer une autorisation préalable des agences régionales de santé (ARS) pour ouvrir un cabinet – mesure pourtant votée à l’Assemblée nationale début avril –, l’exécutif défend le principe d’une solidarité territoriale obligatoire, qui devrait s’appliquer à l’ensemble des médecins.
Selon ce plan, chaque praticien, généraliste ou spécialiste, sera appelé à consacrer jusqu’à deux jours par mois à des consultations – physiques ou à distance – dans des zones identifiées comme prioritaires. Le dispositif, d’abord incitatif, pourrait devenir contraignant en cas d’insuffisance de participation. Une compensation financière est prévue pour les médecins qui s’y engagent, sans répercussion sur le tarif payé par le patient. Un remplacement temporaire au cabinet est également envisagé pour faciliter cette mobilité.
Parmi les autres mesures présentées, la généralisation des permanences de soins en soirée et le week-end figure en bonne place. En cas de carence dans l’organisation locale, un recours à la réquisition des médecins pourrait être activé. Le gouvernement introduit aussi un nouveau statut de praticien territorial de médecine ambulatoire, destiné à encourager l’installation de jeunes médecins dans les zones rouges, avec garantie de revenus et exemption des jours de solidarité. En France, 87 % du territoire est classé en désert médical et 6 millions de personnes n’avaient pas de médecin traitant en 2024 selon l’Assurance maladie.
Sur le plan de la formation, 100 % des étudiants en médecine devront réaliser un stage en dehors des CHU et grandes villes dès 2026. Des filières santé seront créées dans tous les départements, notamment via des campus connectés. Les besoins en nombre d’étudiants en première année seront désormais définis localement, en lien avec les ARS, les préfectures et les élus.
Enfin, pour libérer du temps médical, le gouvernement prévoit le recrutement d’assistants médicaux supplémentaires, et souhaite étendre les compétences des pharmaciens d’officine, leur permettant dès 2025 de prescrire dans certains cas simples (rhinite, piqûre, sinusite).
Ce pacte de solidarité territoriale devra se concrétiser à travers plusieurs textes législatifs en cours d’examen, notamment la proposition de loi du sénateur Philippe Mouiller, dont certains articles sont proches de l’approche défendue par le gouvernement. Le texte sera débattu au Sénat à partir du 12 mai.
Des milliers de médecins dans la rue contre la réforme
En parallèle, la grogne monte dans les rangs des professionnels de santé. Le lundi 29 avril, plusieurs milliers de médecins et d’étudiants en médecine ont manifesté dans toute la France à l’appel de plusieurs syndicats. Ils dénoncent notamment la multiplication des contraintes administratives, les projets de régulation de l’installation et l’absence de revalorisation de leur rémunération. À Paris, la mobilisation a réuni près de 5 000 personnes selon les organisateurs.
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