Un conducteur emmené en cellule de dégrisement alors qu'il faisait un AVC

En 2009, un retraité est arrêté après un accident de voiture. Les agents de police pensent que l'homme est en état d'ivresse et l'emmènent au commissariat. Le chauffeur faisait en réalité un AVC. Ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Huy, le retraité a demandé une compensation financière pour les problèmes de santé liés à cet accident et le manque d'attention d'un médecin venu réaliser une prise de sang.

Le 17 février 2009, aux alentours de 15h, Jacques prend sa voiture et part faire un tour à Amay. L'homme, retraité, sent sa main gauche trembler, comme c'était déjà arrivé par le passé, mais cette fois-ci le bras puis la jambe gauche font de même. Impossible pour l'homme né en 1944 de la lever et de pouvoir freiner. Il percute le mur d'un pont situé au-dessus de la voie ferrée et est immobilisé.

Des agents de police, témoins de la scène, tentent d'extraire l'homme de son véhicule mais celui-ci ne réagit pas, ne sait pas se tenir debout ni s'exprimer. Les policiers sentent une forte odeur d'alcool et trouvent une bouteille de whisky. De quoi laisser penser à une personne en état d'ivresse. Jacques faisait en réalité un AVC, qui ne sera constaté qu'à 1 heure du matin alors qu'il se trouvait en cellule de dégrisement au poste de police. Les agents décident de l'auditionner mais l'état de l'Amaytois reste interpellant. Il doit être transporté sur une chaise et n'a pas la capacité de répondre aux questions posées. Une ambulance est appelée et il est co nfirmé à l'hôpital que l'homme est victime d'un accident vasculaire cérébral.

Avant son admission à l'hôpital, Jacques avait reçu la visite d'un médecin d'Amay convié au poste pour effectuer des devoirs d'ivresse. Or celui-ci n'avait pas relevé l'état préoccupant du patient. Une erreur pour la partie civile: "Le médecin a simplement effectué une prise de sang et s'est retiré sans réaliser une autre action alors qu'il avait remarqué l'ataxie de mon client et son inanité étrange. C'est un manque d'attention flagrant et cela a eu des conséquences désastreuses", déplore Me Mahaux.

Le retraité a été hospitalisé plusieurs mois avant d'être admis dans un centre de revalidation. Il souffre toujours de séquelles et a besoin de soins chaque jour. Il a déposé plainte en janvier 2012 mais une enquête a dédouané les policiers présents ce jour-là. Un expert puis un collège se sont quant à eux penchés sur la responsabilité du médecin. Avec des avis différents entre confrères.

En 2019, l'affaire a été jugée par le tribunal correctionnel de Huy qui a conclu à une prescription pénale, comme l'a rappelé la procureur du Roi dans son réquisitoire. Le tribunal doit encore se prononcer au niveau civil.

Me Mahaux demande une compensation d'une dizaine de milliers d'euros pour non-assistance à personne en danger et coups et blessures involontaires. Du côté de la défense, Me Lamalle a demandé que la partie civile soit déboutée.

Jugement le 7 novembre.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.