Planification : les pédiatres sont dans l’incompréhension

Après les débats sur la médecine générale viennent les difficultés de répartition des jeunes diplômés en médecine spécialisée. Un sous-quota de 20 candidats à la spécialisation en pédiatrie a été accordé par le gouvernement. Cela va conduire à une réduction drastique du nombre de pédiatres. C’est insuffisant, clame vendredi la Belgian Academy of Paediatrics dans une lettre ouverte.

La Belgian Academy of Paediatrics (BAOP) est une coupole réunissant toutes les organisations scientifiques et professionnelles de la pédiatrie belge. Elle est l’interlocuteur de la spécialité face aux autorités. Sa présidente, la Pre Ann de Guchtnaere, vient d’adresser une lettre aux commissions de planification fédérale et régionales, ainsi qu’au ministre, pour protester contre l’insuffisance des postes de spécialisation en pédiatrie.    

La problématique concerne surtout la pédiatrie hospitalière, car les pédiatres extra-hospitaliers sont peu nombreux, dit la lettre. A l’hôpital, l’âge moyen des spécialistes de la médecine de l’enfant dépasse les 55 ans. Qui plus est, la proportion des femmes est élevée. On sait que la manière d’exercer la médecine a changé. Les femmes médecins, en particulier, ne souhaitent pas nécessairement exercer à temps plein et assurer gardes sur gardes. Bref, dit la Pre de Guchtenaere, un pédiatre qui prend sa retraite « doit être remplacé par au moins deux nouveaux collègues. »

La difficulté est encore plus grande au niveau des urgences, où un quart des patients qui se présentent sont des enfants. Les spécialistes en médecine d’urgence passent par six mois de formation en urgences pédiatriques mais cela ne leur permet pas nécessairement de faire face à toutes les situations. La présence (physique ou appelable) d’un pédiatre auprès des services de garde reste très souvent indispensable. 

Même pour les hôpitaux, l’insuffisance de pédiatres risque d’être lourde de conséquences. Des postes en pédiatrie resteront vacants. Il faudra sans doute faire appel à des pédiatres étrangers, qui n’auront pas nécessairement une très bonne connaissance de la langue. Faire appel aux pédiatres de ville ? Beaucoup d’entre eux sont des spécialistes « qui ne pouvaient plus assumer ni mentalement, ni physiquement, la lourde charge des permanences » précise la présidente. Et d’ailleurs, on ne peut plus le leur demander car l’exercice de ville est différent de la pratique hospitalière et il y a « perte de compétences (ponctions lombaires, ponctions veineuses) ». Et la Pre de Guchtenaere de conclure en demandant au ministre le maintien des quota actuels.  

> Découvrir la lettre ouverte

Lire aussi: «Les pédiatres ne sont pas des médecins pour les poupées» (Pr Ann De Guchtenaere)

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Derniers commentaires

  • Pierre Fondu

    13 mars 2023

    Je soutiens pleinement l action des pediatres

  • Francois Planchon

    11 mars 2023

    Limiter au-delà des besoins évident l'accès à nos étudiants motivés... et admettre sans limite les médecins étrangers, cela est assez "sadique" vis à vis de notre jeunesse ... et franchement très provoquant !
    Il faudrait aller jusqu'au bout en demandant à notre ministre quelle est la motivation de ses actes ? Il faut le "coincer dans les filets" et ne pas lui laisser d'échappatoire... et rendre ses réponses publiques tout en démontrant systématiquement son absurdité...
    Les interpellations parlementaires sont un excellent moyen...
    En politique, le ridicule et l'abus de pouvoir, mis en évidence peut faire basculer les votes...