Maggie De Block: «l’e-santé, c’est l’avenir, malgré les maladies de jeunesse»

Medi-Sphere et Le Spécialiste ont interrogé Maggie De Block sur quelques thématiques qui font l’actu du corps médical. Une ministre confiante, et bien campée sur ses résolutions. Elle redit, par exemple, tout le bien qu’elle pense de l’e-santé, même si des e-services connaissent manifestement encore des problèmes. Des nids de poule dans une voie toute tracée?

Cette interview vous attend dans le numéro de Medi-Sphere sortant ce jeudi 2 novembre. En voici quelques extraits. Les lecteurs intéressés par la politique de la ministre De Block au niveau des hôpitaux peuvent aussi consulter l’entretien réalisé par nos collègues du journal Le Spécialiste. Il figure également dans leur édition du jour.

L’une des grandes préoccupations actuelles, chez les MG, est l’informatisation et l’e-santé. L’e-prescription, par exemple, fait couler beaucoup d’encre…

Elle commence à bien fonctionner. J’ai les chiffres de septembre pour vous. Du 1er au 30, 9.638 médecins ont envoyé 3.123.274 prescriptions via Recip-e, et parmi eux 9.196 MG qui en ont émis 3.089.704. Si on inclut les dentistes et les hôpitaux, ce sont 3.276.817 prescriptions qui ont transité par Recip-e. Du côté des officines, 4.875 pharmaciens en ont downloadé 2.822.817, c’est 86,14% de toutes les prescriptions électroniques établies sur la période.

(…)

Je reconnais que les systèmes ont des maladies de jeunesse. Toutefois, ces systèmes, c’est l’avenir. Les consentements éclairés [au partage de données, ndlr] progressent aussi énormément, et c’est une bonne chose. On en était mi-septembre à presque 6,3 millions. Le cap des 5 millions avait été franchi en janvier 2017; en début de législature, on était à 35.000.

La SSMG a ouvert un point de notification des couacs rencontrés avec les e-services. Elle a déjà récolté plus de 160 témoignages, venant de MG informatisés, pas ‘allergiques’ à l’ordinateur...

(Directement) Ça, on le fait aussi ici, tout le temps, au sein de l’administration, et avec Vitalink également. On n’essaie pas seulement de résoudre le problème, on adapte le système pour éviter que ça se répète. Mais c’est très utile de la part des médecins de rapporter eux aussi les problèmes à régler.

N’y a-t-il pas contradiction de calendrier entre le passage au DMI en 2021 et une e-prescription obligatoire dès 2018?

Nous sommes tenus au courant par l’administration. Si c’est trop tôt, c’est trop tôt. On verra. En attendant, la dynamique de l’e-santé doit continuer. Je ne veux pas que le reste n’avance pas à cause de l’e-prescription. D’ici à la fin de la législature, cela devra être implémenté.

(…)

Le 1733 est un élément important pour mettre en place votre nouvelle politique des PMG…

On est en train d’avancer. D’abord, il y a eu de plus en plus de numéros d’appel uniques pour toutes les communes couvertes, et ensuite, une déviation de ces numéros vers le 1733. Ça, c’est une première étape. La seconde, c’est d’avoir au 1733 une régulation comme elle existe au 112. Ce sera un grand avantage. J’étais là quand ils ont fait l’évaluation du projet-pilote de Tirlemont-Louvain, qui teste des protocoles de triage. On attend le projet pilote qui a été choisi en Wallonie, dont on parle depuis trois ans…

Qui n’a pas eu lieu?

Non malheureusement, alors que le financement était prévu. Je ne sais pas pourquoi ça traîne… L’expérience de Tirlemont a amené beaucoup d’informations. Le budget est toujours réservé pour un projet francophone, mais on a perdu trois ans.

(…)

Couvrir tout le pays en postes d’ici 4 ans, ça veut dire plus de zones à combler au Nord. Le budget risque d’aller surtout vers la Flandre. Seriez-vous prête à ce qu’une partie de financement, de façon équitable, aille aussi à une demande wallonne: l’ouverture des postes les nuits de semaine?

On a vu que l’activité des postes, la nuit, peut être très très faible – et dans ces conditions, un poste, avec des gens qui sont là sans rien à faire, c’est fort coûteux. C’est pour ça qu’on a émis l’idée, la nuit, de s’organiser en réseau. Cela signifie une réallocation des moyens entre postes. On a pris l’option de tout d’abord implémenter ce système partout sur le territoire, du vendredi soir au lundi matin. Et après seulement, de commencer à élargir le scope avec les soirs de la semaine.

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Derniers commentaires

  • Yves GAILLIEZ

    02 novembre 2017

    L'e-santé: c’est l'avenir dit Magie. Il faut continuer dans cette direction, coûte que coûte, même s’il existe quelques petits problèmes de jeunesse. Mais, a-t-on demandé ce qu'en pensent les médecins avant de les obliger à se conformer aux desiderata de Magie? Car, en fait, l'e-santé c'est prolétariser les médecins qui,dorénavant, seront obligés de suivre une procédure déterminée par le pouvoir en place, procédure choisie en fonction des coûts et non plus en fonction des patients ,avec perte de la maîtrise sur l’ensemble du processus de production des soins. C'est aussi les fonctionnariser puisqu'ils devront maintenant livrer leurs patients aux mains des politiques ( obligation de fournir les éléments du dossier pour les statistiques etc...), enfin c'est même les "uberiser" puisqu'ils payeront leurs cotisations sociales et leurs frais professionnels en fournissant à l'état un travail de fonctionnaire. Est-ce qu'on demande aux pompiers de payer leur camion? Moi, je veux bien travailler pour l'état, mais 1) je veux un salaire fixe; 2) une pension de fonction publique 3) des congés payés 4) un treizième mois. C'est essentiellement pour faire des économies sur les soins de santé avec des médecins mercenaires, fonctionnaires prolétarisés et ubérisés, qu'il est si important de réaliser le projet de Magie
    Un médecin doit rester un homme libre, sinon on va vite voir se développer une médecine d'état avec toutes les dérives de la psychiatrie soviétique par exemple.
    Ni Dieu, ni maître....

  • Philippe BURTON

    02 novembre 2017

    Bonjour,
    Je trouve quand même curieux qu'avec la pression mise sur l'e-prescription, des pharmaciens puissent encore dire en septembre ou en octobre qu'ils ne peuvent pas lire la prescription avec la carte d'identité. Notre Ministre aurait-elle une réponse à nous donner sur ce questionnement ? De mon côté de nombreuses prescription n'ont pas été délivrée alors que je dépannais un patient par téléphone en lui assurant que sur la lecture de sa carte d'identité, le pharmacien lui donnerait ses médicaments: résultats, le patient se déplace 2 fois..... Bizarre !