Au colloque de l’UOAD, le cercle des MG dinantais, on causait syndicalisme médical ce samedi. Les MG voient-ils encore l’intérêt des syndicats? Suivent-ils leurs combats? Leur prêtent-ils un quelconque pouvoir à infléchir les décisions qui touchent la profession?
«Bof», avait répondu l’auditoire . Les premiers intéressés se sont employés, sans triomphalisme, à rappeler qu’ils amortissent les chocs, évitent le pire, corrigent les idées erronées que se font les autorités de la pratique…
L’UOAD avait e.a. invité pour débattre des acquis et de l’avenir du syndicalisme médical Paul De Munck (GBO) et Jacques de Toeuf (Absym). «Il ne faut pas se bercer d’illusions, le pouvoir, il est aux mains du politique. Les décisions sont prises pour cinq ans, à la constitution du gouvernement. La valeur d’un syndicat, c’est d’être un relais entre le terrain et le politique», développe Jacques De Toeuf. Parmi ce que les syndicats ont obtenu dernièrement, qui aille dans le sens d’un respect des médecins, il y a ce qu’il appelle «les clauses d’autodestruction» de la convention, donc cette possibilité de résolution automatique des accords médico-mut s’ils sont mis à mal par des décisions unilatérales. Qui pour mémoire ont été actionnées l’an dernier. «Que les médecins retrouvent leur liberté tarifaire, ça, ça fait bouger les autorités. En 15 jours, on était reçu au cabinet…»
L’émergence d’un Collège
A côté de ces contestations spectaculaires, il y a d’innombrables heures passées, dans l’ombre, à discuter avec le politique, et depuis la 6ème réforme, aussi dans les entités fédérées, insiste Paul De Munck. «Un travail qu’on ne soupçonne pas.» Pour lui, il faut continuer à se battre pour faire progresser les conditions d’exercice des MG, «mais en étant plus unis au niveau de toutes les forces vives».
A ce propos, GBO, SSMG et FAGw (respectivement représentées au débat par les Drs Orban et Delrée) se sont félicités d’une étape importante, disent-ils, pour que la voix des francophones porte mieux face à un ministère très flamand: l’émergence du Collège de la médecine générale – «héritier de la ‘coupole’ qu’avait lancée initialement l’ex-patronne du GBO, Anne Gillet», précise le Dr De Munck. Un jeune organe mais que les autorités ont appris à connaître: «cet automne, à peine le Collège avait-il expédié son mot d’ordre aux MG de suspendre l’envoi des données trajets de soins que l’Inami venait aux nouvelles», relate Paul De Munck.
Fin 2017, le Collège avait aussi mandaté la SSMG pour évoquer, en médico-mut, les premières conclusions de son initiative eCrash. Elle consistait à compiler les problèmes rencontrés par les MG avec les outils d’e-santé – parce que, dixit son président Thomas Orban, «s’occuper de qualité, de la formation continuée des médecins, c’est s’occuper de ce qu’ils vivent au quotidien, dont les soucis informatiques qui impactent la qualité de prise en charge. Chacun reste dans ses compétences, mais on peut très bien nourrir les syndicats avec du vécu, des éléments de terrain.» (Lire également l'article paru dans Medi-Sphere n°583, du jeudi 22 mars.)
> Lire aussi: Syndicats médicaux et MG wallons: les points qui fâchent (sondage)
Le débat continue sur twitter
Faudrait-il se passer des syndicats médicaux et voir l’impact négatif rapide que cela aurait pour la qualité de travail et de vie des médecins pour se rendre compte, à nouveau, de leur absolue nécessité ?! Le travail se fait dans l’ombre mais il est indispensable @absymtweets
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 22 mars 2018
La nécessité est démontrée mais la question était le pouvoir. Il est toujours présent mais ses marges se réduisent. Pour preuve le nombre de lieux de négociations qui échappent désormais à la Medicomut. Revenir aux fondamentaux !
— David SIMON (@Freedoc_be) 24 mars 2018
En effet. Cela soulève 2 questions importantes. Celle du pouvoir qui vient aussi de la légitimité en amont : par le nombre d’adhérents et celle de la capacité à l’exercer : trop de dispersion et de lieux où il faudrait être amène à une certaine impossibilité et impuissance.
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 24 mars 2018
Le nombre d’adhérents ne mesure pas le pouvoir d’un syndicat, c’est le nombre d’électeurs qui le lui confie. Inversons le paradigme : consulter ceux qui occupent déjà les lieux de décision plutôt que d’y envoyer du monde.
— David SIMON (@Freedoc_be) 24 mars 2018
La force d'un syndicat se mesure au nombre des voix obtenues aux élections, et de ses https://t.co/K3VQhkMKF4 peu de médecins votent, nous ne représentons rien aux yeux des autorités.A tout le moins tous nos membres doivent voter, ce qui ne fut pas le cas en 2014... @absymtweets
— jacques de Toeuf (@j_detoeuf) 25 mars 2018
La force d'un syndicat repose aussi sur la singularité de ses idées.
— David SIMON (@Freedoc_be) 26 mars 2018
Le vote est un choix entre deux visions qui se distinguent.
Plus elles se rapprochent, moins le scrutin est pertinent.
Revenir aux fondamentaux pour susciter l'identification
qui invite au choix et donc au vote.