Grippés hospitalisés: Jacques de Toeuf pour un dialogue post-épidémie

En début de semaine, l’ABSyM communiquait sur l’actuelle surcharge des urgences et hôpitaux par des patients grippés, appelant à une mobilisation à meilleur escient des lits hospitaliers. Jacques de Toeuf, vice-président, désamorce l’idée que le communiqué puisse renfermer un reproche envers la médecine générale. Il prône, au-delà de la thématique grippe, des contacts accrus entre urgentistes et MG pour cerner les modalités d’une régulation consentie entre les deux professions.

«L’originalité dans cette action de communication, c’est que nous avons relayé une demande venant du BeCEP, l’association belge des urgentistes», explicite Jacques de Toeuf. «Le BeCEP voulait attirer l’attention sur le fait que, depuis quelques jours, les services d’urgence sont particulièrement encombrés de patients avec des symptômes grippaux. Le phénomène n’a rien de nouveau, c’est comme ça chaque année, mais là, on est en plein dedans.» Outre aux urgences, il y a dans les services hospitaliers des patients grippés admis tout à fait légitimement parce que leur état requiert des soins intensifs, et d’autres qui le sont plutôt à des fins de surveillance. Dans cette seconde catégorie, «il y a vraisemblablement une part d’hospitalisations dont on pourrait se passer via un maintien à domicile et du suivi», indique le syndicaliste.

Quel message, au final, l’ABSyM et le BeCEP veulent-ils faire passer vers les généralistes? On pourrait croire, à première vue, que ceux-ci sont publiquement taxés de n’être pas suffisamment sélectifs dans leur envoi de patients vers l’hôpital. «Il n’y a pas de reproche dans notre communication. On sait que la médecine générale est fort sollicitée elle aussi. Il faut une forme de tri. Ça se fait déjà, mais sur demande du BeCEP, l’idée était d’attirer l’attention sur le fait qu’il faut y procéder encore plus que d’habitude.»

Jacques de Toeuf admet que bien entendu le généraliste est impuissant à empêcher les malades de se rendre spontanément aux urgences. «Il y a avant tout un message à la population: allez d’abord consulter votre médecin traitant plutôt que de vous rendre aux urgences, au risque d’y passer 3 ou 4 heures à attendre.» On en revient au vieux débat de l’éducation des Belges au bon usage de la garde médicale, quelle qu’elle soit. «Il y a deux grandes méthodes sur ce plan: la dissuasion financière – le patient doit s’acquitter d’un ticket modérateur majoré s’il n’est pas passé par son MG auparavant – mais ce système n’a pas fonctionné, on a pénalisé les pauvres, et il a été abandonné, et puis il y a la solution vers laquelle se dirige Maggie De Block dans ses projets, une orientation par le 1733 qui aurait un caractère obligatoire.»

L’occasion de voir plus large

Un pic épidémique et son surcroît de travail n’offre pas le cadre approprié pour discuter sereinement de partage de tâches en matière de soins non planifiables et de modèles d’adressage. Mais Jacques de Toeuf propose que l’on revienne sur la problématique, une fois l’épidémie en repli, à la faveur de contacts entre urgentistes et médecine générale, «pour mettre au point, de commun accord, des process qui permettent de ne pas asphyxier les urgences. On pourrait imaginer la conception de fiches avec des instructions, des paramètres auxquels prêter attention chez un patient grippé maintenu à domicile, indiquant quand il y a nécessité de reconsulter…»

Ce genre de synergies entre lignes se fait déjà par endroits, fait-il observer. «Ce serait une belle occasion de mettre sur la table, au-delà de la grippe, des non-dits, des problèmes non résolus entre les deux professions, qui ont parfois suscité des réactions agressives de part et d’autre.» Selon lui, il serait intéressant de définir localement, en fonction des capacités en présence, un circuit d’adressage qui convienne aux deux «camps».

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Derniers commentaires

  • Michel DE VOLDER

    22 février 2018

    Chers collèges , jacques ( de Toeuf) et Paul ( De Munck ) ,
    je pense , après plus de 42 ans de médecine générale ici à temps plein , ici à Woluwé ( Saint - Etienne ) ,que le primum movens de TOUT , est le fait qu'énormément de patients - surtout à Bruxelles ..... et ici à Zaventem , c'est idem , ne trouvent simplement plus de MG => ils n'ont pas de MG fixe , ils n'ont pas de DMG bien tenu par nous , et pourquoi , pensez-vous : les patients me le disent depuis des "dizaines " d'années => comment est-il possible , docteur , que vos honoraires soient aussi bas , comparés à ceux des SPE => le jour où on doublera - oui , oui , doubler , la valeur du 101076 et passer de 25 à 50 euros la consultation , croyez-moi , il y aura de nouveau un engouement pour les jeunes diplomés , à envisager une carrière de MG
    a/ de ma quand même assez longue expérience , je retiens d'abord cette remarque ci - dessus ( les "sous" )
    b/ heureusement qu'existent les postes de garde de MG pour accueillir , en ces pics d'infection , tous les patients sans MG bien définis
    c/ et on en revient à la discussion sans fin => faut-il OBLIGER tout patient habitant en belgique à s'inscrire , chez un MG , sinon , remboursement = quasi = 0 => éternel problème entre liberté individuelle et sens social => ce que je sais , c'est que aux USA , le personnel de Santé est OBLIGE de se faire vacciner => quand on voit les taux de vaccinnations en Belgique , il y a de quoi se poser des questions
    d/ perso , je pense que il faudrait un différentiel de remboursement de TOUTES les prestations (tant chez nous , que chez tous SPE consultsé avec ou sans notre accord - c'est encor e un autre débat ) entre un patient ayant un DMG chez un médecin en qui il a mis sa confiance ( s'il en trouve un , actuellement , c'est pas évident ) et un "pigeon voyageur " ( souvent hélas contraint et forcé , par manque de MG disponibles )

    Le problème n'est donc , à mon sens pas prêt de se résoudre , mais une augmentation drastique des honoraires des MG serait une première piste ...... et 2ème , un DMG bien fourni , par tout SPE consulté => envoi quasi obligatoire ....... (ce qui , je crois ( ?? ) est une condition de l'accréditaion pour les SPE

    Docteur Michel DE VOLDER
    UCL - 1975
    en pension depuis près de 2 ans ,mais toujours actif car manque criant deMG ici à Woluwé -Saint - Etienne=> je suis en fait heureux qu'existe le poste de médecine générale à côté des Urgences de l'UCL , à 3 km de mon cabinet , mais j' ai lu qu'il est menacé !!!!!