L'interdiction totale des écrans, de certains appareils ou de certains médias, tels que les réseaux sociaux, auprès des jeunes ne présente pas d'efficacité démontrée, ressort-il d'un rapport publié jeudi par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette dernière plaide plutôt pour une réglementation fondée sur des données probantes, tenant compte de l'avis de divers acteurs de terrain et des besoins des enfants et adolescents.
Cette publication intervient alors que Jacqueline Galant, ministre en charge des Médias au sein de la Fédération Wallonie Bruxelles, souhaite interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moin s de 15 ans, pour les protéger contre le cyberharcèlement et la désinformation en ligne.
"L'accès aux appareils et services numériques est intégré à la vie des enfants dès un âge précoce, ce qui rend difficile d'inverser la tendance et amène à douter de l'efficacité de ce genre de mesure", souligne l'OCDE, se basant sur des résultats australiens. "L'interdiction pure et simple des appareils numériques n'est pas non plus une solution idéale puisque les enfants ont besoin d'acquérir les compétences numériques indispensables à leur vie personnelle et professionnelle future. Elle ne répond pas au besoin d'être protégé en ligne exprimé par les enfants et les adolescents et tend en outre à méco nnaître le fait que leurs parents et/ou des adultes de confiance peuvent les aider à évoluer en toute sécurité dans le monde numérique."
Le rapport, intitulé "Comment va la vie des enfants à l'ère numérique?" préconise, plutôt qu'une interdiction, une série d'actions basées sur des données objectives en matière d'utilisation des technologies numériques par les enfants. L'OCDE appelle notamment à faire grandir chez les enfants la culture et les compétences numériques, notamment grâce à l'intervention des enseignants.
La sécurité des enfants en ligne passe également par une bonne information des parents et aidants familiaux. En outre, l'OCDE appelle les pouvoirs publics à tenir compte du point de vue et du vécu des enfants dans la conception des politiques afin que leurs besoins soient compris de manière exacte et que les décisions prises tiennent compte des risques auxquels ils sont confrontés.
Par ailleurs, l'Organisation de coopération et de développement économiques nuance les perceptions souvent négatives quant à l'impact de l'environnement numérique sur le bien-être des jeunes et leur apprentissage. "Les plateformes numériques, les jeux en ligne, les applications de réseaux sociaux et autres services numériques offrent aux enfants mille moyens de s'amuser et d'obtenir de l'aide, leur fournissant un accès facile à l'information, des réponses discrètes à leurs interrogations et un soutien qui n'est pas disponible hors ligne", développe le rapport. "Les réseaux sociaux leur permettent d'entrer en contact avec leurs semblables, de confronter le urs idées, de rechercher du réconfort et de s'investir dans des relations sociales constructives. Ils peuvent aussi être des espaces propices aux rencontres: dans la zone OCDE, 40 % en moyenne des adolescents de 11 à 15 ans sont en contact régulier, par leur intermédiaire, avec des amis dont ils ont fait la connaissance en ligne."
Actuellement, 93% des enfants de dix ans, au sein des pays de l'OCDE, disposent d'une connexion internet, et au même âge, 70% environ ont déjà leur propre smartphone.