Vandenbroucke propose un New Deal pour les généralistes

Le travail des médecins généralistes au quotidien est de plus en plus compliqué et administratif. Dans la note de 13 pages de son New Deal, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, dit entendre leurs plaintes et propose des solutions.

«Ces derniers mois, j'ai reçu de nombreux signaux d'inquiétude de la part de médecins généralistes. Le fil conducteur est invariablement que les soins de santé primaires sont submergés…»

5 piliers
Il veut mener sa réflexion sur 5 piliers pour les soutenir: «une bonne répartition des médecins généralistes, réduire les formalités administratives inutiles, améliorer l'accessibilité pour les patients, mettre l’accent sur un bon modèle organisationnel et élaborer un modèle de financement équilibré».

Face au défi du terrain, il veut apporter des solutions en fonction de ses moyens. Depuis la 6e réforme de l'État, la «prime d'installation» est devenue une compétence des Régions. «Nous pourrions, au niveau fédéral, prendre certaines initiatives comme des antennes locales de postes de garde de médecins généralistes dans les endroits où les médecins/infirmières ne sont disponibles qu’à temps partiel ou dans les communes en difficultés.»

Il veut avancer aussi sur la réflexion à un autre niveau: «J’aimerais confier au groupe de réflexion Ann Van den Bruel - Jean-Luc Belche une mission pour élaborer un modèle d'organisation et de financement nouveau et durable pour le cabinet: un New Deal pour le généraliste du 21e siècle».

Ce groupe devrait fournir une proposition concrète d'ici fin avril 2023, avec des rapports intermédiaires, également à la Commission nationale médico-mutualiste. Il devra répondre aux quatre questions suivantes: Qu'attend-on d'un cabinet de première ligne? Quels profils doivent être présents au sein de ce cabinet, y compris les profils de soutien? Comment la relation avec le patient doit-elle être développée? Quel modèle de financement alternatif et mixte faut-il y greffer?

Il veut que la voix des jeunes généralistes et des généralistes en formation soit entendue et que la composition actuelle du groupe de réflexion (syndicats de médecins, mutualités, experts, administration) leur soit élargie.

La charge administrative
Il veut enfin évidemment réduire la charge administrative. En ce qui concerne l'incapacité de travail, le projet multi-eMediatt est en cours de réalisation. La poursuite de la digitalisation permettra également une plus grande simplicité administrative. «Outre les avantages des consultations à distance, la technologie offre également des possibilités de télécoaching des médecins généralistes par un médecin spécialiste (des projets pilotes concernant la dermatologie sont en cours) ou de télésurveillance, où les patients sont suivis et encadrés à distance

Dossier médical intégré et multidisciplinaire
Dans le cadre de la loi relative à la qualité de la pratique des soins de santé, tout prestataire de soins doit avoir accès, par le biais du BIHR, aux données du patient qui sont pertinentes dans le cadre de la relation thérapeutique et pour fournir des soins de qualité. Toutefois, «l'objectif n'est absolument pas d'introduire un nouveau dossier patient intégré, mais plutôt de créer un cadre cohérent permettant d’extraire des données pertinentes des dossiers concernant le patient concerné», conclut-il.

Réactions
De son côté, si le président du GBO, le Dr Paul De Munck, est heureux «de voir que le ministre a entendu le terrain». Il constate qu’il s’agit «de déclarations d’intentions même si toutes les directions prises dans ce document sont de bonnes directions. Toutefois, à présent, il faut des actes et un calendrier. Il ne faut pas non plus oublier le financement des syndicats pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle».

Il revient sur la difficulté du ministre à agir sur certains aspects depuis la régionalisation: «Il avoue lui-même que tout n’est pas dans ses mains au travers de cette note. Ce qui est toutefois positif, c’est qu’il ne s’en lave pas les mains. Il parle de ce projet d’antennes mobiles. Il ne botte pas en touche. A notre niveau, nous attendons que le niveau fédéral et le niveau régional permettent une meilleure pratique de la médecine générale avec plus de moyens. S’ils le font ensemble tant mieux. Nous attendons de voir sur le terrain

Paul De Munck se veut très clair: «Nous jugerons sur pièce si ces intentions amènent réellement une simplification administrative pour les médecins et nous verrons ce que ce groupe de travail peut apporter comme solutions concrètes aussi

Du côté de l’Absym , la  réaction du Dr David Simon est aussi teintée de vigilance: «Le ministre reprend beaucoup de choses qui sont issues des volontés des médecins. On voit qu’il veut faire un effort pour la simplification administrative, par exemple. Dans l’ensemble, on peut être favorable au texte à trois exceptions près: la question du forfait qui vient s’attaquer au budget des actes, la subsidiarité avec la modification sur la loi de l’exercice des professions de soins de santé pour permettre à un non-médecin d’exercer des compétences de médecin en étant payé et remboursé par l’assurance maladie sans que cette délégation de tâche ait été demandée par un médecin... Cette mesure, on est contre. Enfin pour le dossier patient intégré, nous croyons percevoir une excellente nouvelle parce que cela ne serait pas un lieu où seraient centralisées toutes les données mais, plutôt, en fonction des besoins, une extraction des données de chaque profession de santé. On verra ce qu'il en est sans oublier qu'il faut évidemment respecter le droit du patient à refuser l’accès à ses données à une ou plusieurs professions de santé.»

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Derniers commentaires

  • Philippe TASSART

    20 juin 2022

    "L'enfer est pavé de bonnes intentions". Tous les changements que la médecine a vécus depuis les 30 dernières années ont toujours eu comme motivations secrètes et itératives la restriction des libertés du médecin, la réduction de son champ d'action, le contrôle de sa pratique et de ses revenus. Avec actuellement, comme carotte, le bonheur façon VDB. Je tiens quand même à insister lourdement sur le fait que nous jouissons actuellement d'une liberté de pratique confortable. Celui qui se plaint de trop travailler peut réduire son temps de travail à volonté, refuser les visites, les certificats divers et autres charges administratives qu'il juge excessives, ne pas faire de DMG lourds à gérer, etc ... Nous menons encore notre barque comme nous l'entendons. Si j'ai envie par choix de ne pas être heureux, n'est-ce pas ma liberté ?
    Quand nous ne serons plus que des fonctionnaires satisfaits de terminer notre journée à 17 heures, soumis à une règlementation brimant nos libertés d'exercice mais nous assurant un revenu minimum forfaitaire garanti, alors enfin, la médecine sera un vrai paradis !