Manifestation du 28 juin: plus d’un généraliste francophone sur quatre était dans la rue 

© Dr Gueben Robin

Les généralistes francophones ont manifesté hier dans neuf villes wallonnes. Ils étaient plus de mille pour clamer leur mécontentement devant l’organisation des gardes et l’ingérence des autorités dans leur fonctionnement. Et si on compte que pour un médecin généraliste dans la rue, il en fallait un autre pour assurer pendant le même temps la continuité des soins, on peut estimer qu’au moins un généraliste sur de deux soutenait l’action.

A l’issue des manifestations menées dans l’ensemble de la partie francophone du pays, les organisateurs ont tenu une conférence de presse. Ils étaient tous là : FAGW, FAMGB, ABSyM, GBO, SSMG et même les généralistes en formation (AMGF, Association des Médecins Généralistes en Formation). Ils ont répété leurs griefs avec force : ineptie du fonctionnement du 1733 et insuffisance de la couverture géographique, absence de tri en nuit profonde, trop faible implication de la médecine générale dans la validation des protocoles, financement insuffisant décisions prises unilatéralement, dédoublement de l’accueil, heures d’ouverture des PMG… Ils n’ont eu de cesse de répéter tout cela depuis des mois et des mois « sans avoir l’impression d’être entendus, « malgré plusieurs lettres au ministre Vandenbroucke et plusieurs rencontres avec son cabinet et avec l’Inami » répète encore une fois le Dr Guy Delrée, président de la Fédération des Associations de Médecins Généralistes de la région Wallonne. Et le Dr Michel Devolder, président de la FAMGB (Fédération des Associations de Médecins Généralistes de Bruxelles) ajoute : « Les autorités veulent uniformiser les modes de fonctionnement. Le résultat est que leur modèle ne répond pas aux besoins des populations locales. Ces besoins ne sont pas les mêmes en milieu urbain et en milieu rural. » Pour Guy Delrée, c’est une évidence : « par exemple, si on met en place un poste de garde pour X milliers d’habitants, cela pourra peut-être suffire en ville mais certainement pas en milieu rural, où la population est nettement plus dispersée et doit faire de longs trajets pour atteindre la garde. » Cette uniformisation n’est pas défendable, fait remarquer le Dr Elodie Brunel (ABSyM). « On voit déjà bien qu’il y deux modèles de fonctionnement pour la première ligne. L’organisation est différente au nord et au sud du pays ». D’ailleurs, renchérit le Dr Quentin Mary, président de la SSMG, « ce qu’il faut, c’est regarder les besoins sur le terrain et non pas se baser sur ce qui se fait à l’étranger. Les pays sont différents, les systèmes de santé ne sont pas comparables, les cultures, les contextes ne sont pas les mêmes ». 

Le Dr Paul De Munck (GBO) compare la question des gardes au monstre du Loch Ness : « cela fait des années qu’on en discute », dit-il, « mais on n’a pas tout dit ». Et de faire allusion aux problèmes créés par la structure politique du pays, où ce qui concerne les cercles médicaux est régionalisé, alors que les gardes médicales constituent une matière fédérale. « Mais qui organise localement les gardes ? Il y a au Fédéral un problème de perception quant au modèle de la pratique médicale de la première ligne francophone », dit Paul De Munck. Une autre question importante, évoquée par tous, concerne la charge que représente une nuit de garde : stress, réveil fréquent (surtout en l’absence d’un tri efficace), fatigue du lendemain avec risque de prestations de mauvaise qualité… « C’est dangereux non seulement pour les patients mais aussi pour les médecins » explique le Dr Delrée.

« Le burnout guette et les jeunes sont de moins en moins attirés par la médecine de première ligne. » C’est aussi ce qu’exprime le Dr Benjamin Michel, généraliste en formation.  « On dit que les jeunes médecins veulent travailler moins que leurs aînés. Ce qu’ils veulent surtout, c’est travailler mieux, en ayant plus de temps pour chaque patient. Et en gardant un meilleur équilibre personnel, ils veulent être en mesure d’apporter à leurs patients la meilleure qualité possible des soins. Ëtre réveillé la nuit pour des demandes qui peuvent attendre et qui ne sont pas des vrais besoins urgents, c’est ressentir une perte de sens de leur métier ».   

Les médecins généralistes flamands ont montré leur solidarité et ont apporté leur soutien aux revendications des généralistes francophones. Le Dr Jos Vanhoof, Président du VAS, a déclaré que même si ce ne sont pas les leurs, il assurait les MG francophones de la solidarité des MG flamands envers leurs revendications. Et pour conclure, le Dr De Munck exprime l’attente de tous : « Si après tout cela, nous ne recevons pas un signal du ministre qui nous convie à une vraie discussion, c’est qu’il ne mesure pas la gravité de la situation ».

> Découvrir la lettre envoyée au Ministre

Lire aussi: Le ministre Vandenbroucke invite les généralistes francophones

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