Des solutions pour retrouver des « bras » en première ligne  (Maisons médicales)

La Fédération des maisons médicales sort ce mois-ci un dossier spécial sur le manque de bras en première ligne, les causes de la pénurie de soignants et les solutions à y apporter. Selon elle « le tout au curatif qui caractérise notre système actuel n’apportera jamais de réponse complète à la demande croissante d’une population vieillissante, qui souffre de plus en plus de maladies chroniques et d’injustices sociales. Il est temps de miser bien plus sur la prévention. »

Dans ce dossier, elle rappelle que dans l’optique d’un New Deal pour la médecine de première ligne « un changement de modèle organisationnel s’impose en effet pour contrer le déséquilibre entre la demande et l’offre. »

L’absentéisme et les lits fermés

Actuellement, le taux d’absentéisme grimpe en flèche : +98 % de 2018 à 2021, +33 % de 2020 à 2021 pour atteindre 13,5 % dans les hôpitaux. On évalue aujourd’hui entre 2500 et 5000 le nombre de lits hospitaliers fermés, faute de personnel disponible. La gériatrie est largement touchée (15 % des lits sont fermés). La Dr Anne Gillet, dans ce dossier spécial,  rappelle que « les médecins-conseils de mutuelle, les médecins du travail sont en pénurie. La santé mentale, où sévit un manque de psychiatres et de pédopsychiatres, est au bord de la faillite, ne pouvant plus répondre à la demande s’investissant dans le suivi des usagers de drogues, le planning familial… La Belgique a obtenu la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, mais aurons-nous bientôt assez de médecins pour la pratiquer ? » 

Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ?

Au sud du pays, selon la Fédération des maisons médicales, « le non-respect systématique des sous-quotas, définis au début de l’application du numerus clausus (43 % de généralistes et 57 % de spécialistes), est imputable à la responsabilité des universités francophones et à la passivité de la tutelle. En 2013, le rapport était de 30/70. La profession de généraliste a moins attiré les jeunes, les universités prodiguant des formations trop peu tournées vers la médecine générale, malgré les efforts des départements universitaires et des centres académiques de médecine générale (DUMG/CAMG). »

Dans ce contexte, la Fédération des maisons médicales évoque deux pistes 

  1. Une couverture suffisante des besoins en médecine préventive et administrative, avec la possibilité de mixité des pratiques (temps partiel en médecine générale combiné à une pratique en centre de planning familial, par exemple) nécessite des sous-quotas spécifiques et un numéro INAMI attribué à chaque médecin, en curatif et en préventif.

  2. Les quotas fédéraux pourraient être attribués non plus sur des têtes, mais des pratiques, solo en réseau ou pratiques groupées, s’inscrivant dans un rapport fixe entre le nombre de patients desservis et la force de travail. Compter un certain nombre de patients par pratique, définis idéalement par l’existence d’un DMG, permettrait d’intégrer au sein de ces cabinets associés des “fractions” de médecins. Cette solution permettrait d’absorber plus de médecins généralistes sans coût supplémentaire pour la sécurité sociale et favoriserait un meilleur équilibre de vie pour autant qu’ils ne tombent pas au-dessous d’un seuil d’activité nécessaire au maintien des connaissances et compétences.

La Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones émet enfin trois recommandations :

  1. Il est urgent aussi de remédier au mal-être criant des travailleurs et travailleuses du soin, via une reconnaissance et une revalorisation des métiers de première ligne généraliste, reconnue efficace pour 90% des soins de santé et moins chère pour la collectivité. Le changement passera entre autres par une réduction des écarts d’honoraires entre médecins spécialistes et généralistes, par l’amélioration des conditions de travail des soignants (gardes, etc.) et par la mise en place de dispositifs qui permettent un meilleur équilibre vie professionnelle / vie privée.

  2. L’avenir est à la première ligne et aux pratiques de groupe pluridisciplinaires. Lors de la dernière législature, le vote du plan social-santé intégré et du décret Proxisanté vont dans ce sens. La Fédération propose notamment de renforcer les mesures incitatives pour l’implantation de maisons médicales dans les zones en pénurie. Une commune sur deux est en pénurie de médecins généralistes en Wallonie et une sur trois en Région bruxelloise, ce qui fait craindre l’extension de déserts médicaux. 

  3. Il est indispensable de miser davantage sur la prévention, en agissant notamment sur les déterminants non médicaux – logement, environnement, éducation, travail, position sociale… – dont l’incidence sur notre maintien en bonne santé n’est plus à démontrer (on estime à 75% l’impact de ces déterminants sur notre santé, les 25% restant étant liés aux facteurs biologiques et aux soins de santé).

> Découvrir le dossier 

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