Le ‘tri physique’ vu de Flandre: fondamental ou redondant?

Tout le monde le concède: filtrer les demandes de soins non planifiés permet de diriger le patient vers le bon niveau de soins au bon moment. Nos collègues de Medi-Sfeer ont toutefois repéré, en Flandre, des positions divergentes sur la place respective du tri par téléphone et du tri physique.

«Faut-il placer un poste de garde MG sur un site d’hôpital?», s’est récemment interrogé le président de l’ASGB et du Cartel (coalition à laquelle appartient le GBO), Reinier Hueting, lors d’un sympo que son syndicat consacrait aux soins non planifiés. Partager le même espace géographique ne peut-il être utile pour référer facilement les patients si le MG garde détermine qu’ils sont arrivés au poste mais que leur état nécessite plutôt un passage aux urgences? Pas d’après le Dr Hueting. Les patients qui recourent à une garde médicale doivent, selon lui, être triés et orientés par l'opérateur 1733. «Si c’est fait correctement, les PMG ne verront pas affluer de patients dont la place était aux urgences. Nous n'allons quand même pas faire coexister deux systèmes de triage, le téléphone et le tri physique? C'est un double investissement superflu.»

Parallèlement, nos collègues de Medi-Sfeer ont discuté du concept avec le Pr Jan De Maeseneer (du département de médecine générale de l’université de Gand). Il ne rejoint pas le leader du Cartel sur l’importance du tri par téléphone. Celle-ci, selon lui, est limitée. La tête d’affiche en matière de tri, ça doit rester le généraliste du PMG (ou bien le médecin traitant titulaire du DMG si on est pendant les heures ouvrables). «Je ne soutiens pas l’idée que des patients en quête de soins non planifiés doivent nécessairement passer par l'opérateur 1733», explique Jan De Maeseneer. Il ajoute qu’il faut d’ailleurs considérer avec une certaine prudence la qualité d’un tri effectué par un non-médecin et avoir confiance dans le bon sens d'un patient qui juge qu'il doit se rendre au poste.

En outre, pour le professeur de l’UGent, le triage physique ne devrait pas être effectué par une infirmière des urgences. Il préconise qu’il soit opéré soit par le médecin de famille (en journée) ou le médecin de garde, au poste. «Qui d’autre que les acteurs de première ligne connaissent le mieux ce qui peut être traité en première ligne?»

Cette façon de voir les choses implique que les postes soient situés le plus possible à proximité d'un hôpital. Reinier Hueting ne conçoit pas les choses ainsi: «je ne suis pas diamétralement opposé à l’installation d'un PMG sur le site d'un hôpital mais, d’après moi, il ne faut pas faire de ceci une obligation. Il y a déjà tellement de choses imposées dans le plan garde de Maggie De Block.»

La Flandre va continuer à discuter de cette thématique lors du grand symposium «Medische Wereld» du 28 avril. Le programme inclut une partie sur les soins non planifiables et tant les Drs Hueting et De Maeseneer que Maggie De Block sont attendus comme intervenants. La ministre pourrait s’exprimer également sur la question de la «force coercitive» d’une régulation (le fait que le patient soit tenu de se diriger vers le niveau de soins qui lui aura été indiqué). La libérale flamande a toujours expliqué vouloir maintenir le libre arbitre du patient.

D’après des articles du Dr M. Langendries, dans Medi-Sfeer, l’édition flamande de Medi-Sphere.

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