France: les pharmaciens habilités à délivrer sans ordonnance

L’émotion est vive chez les médecins outre-Quiévrain. La loi santé, votée fin mars, prévoit que les pharmaciens, qui peuvent prescrire une partie des vaccins, auront en outre le droit de délivrer d’initiative certains médicaments d’habitude soumis à prescription. Les syndicats médicaux critiquent copieusement la disposition.

La liste des spécialités concernées sera fixée ultérieurement, par arrêté et sur avis de l’HAS, la Haute Autorité de santé. Le principe sous-jacent, c’est de permettre aux officines de délivrer à leurs clients des produits de premier recours pour soigner des pathologies courantes. On voit revenir dans les travaux parlementaires des illustrations comme la conjonctivite, la cystite ou l’angine. Pour gérer ces épisodes aigus, les pharmaciens devront avoir suivi une formation spéciale préalable, seront priés de suivre un arbre décisionnel défini par l’HAS et auront une obligation d’information du médecin traitant.

La mesure est présentée comme une réponse aux problématiques intriquées des déserts médicaux, du délai (ou du déplacement) déraisonnable pour un contact avec un MG et du recours inadapté aux urgences.

L’Ordre national des pharmaciens applaudit, se réjouissant publiquement de cette avancée qui va «permettre une dispensation sécurisée», «en pleine coopération avec les médecins». Médecins qui, de leur côté, avaient donné de la voix contre le projet, par communiqués, lettres ouvertes et autre boycott de négociations. Ils interprètent celui-ci, ni plus ni moins, comme l’octroi aux pharmaciens du droit de prescription. Avec à la clef, une mutation de métier.

La défense professionnelle (Fédération des médecins de France, Syndicat des médecins libéraux, MG France, Confédération des syndicats médicaux français…) a rappelé dans la presse qu’une « petite maladie du quotidien » peut masquer des pathologies plus graves. Elle prédit une baisse de la sécurité de prise en charge des Français, faute de compétences diagnostiques dans le chef des pharmaciens. Et ironise sur l’impraticabilité d’une anamnèse et d’un examen clinique dignes de ce nom par-dessus le comptoir d’une officine bondée…

Une réflexion économique émerge également: c’est bien beau de vouloir «soulager» les médecins surchargés des cas qu’on estime faciles. Mais si au final, cela condamne les MG à ne conserver que le complexe à gérer, il est grand temps de songer à mieux honorer les consultations, qui vont se compliquer et s’allonger.

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