Elections syndicales: quid des enjeux climatiques? 

Nuit profonde, incapacité de travail, enjeux climatiques, trois sujets importants sur lesquels s’expriment Luc Herry, président de l’Absym Wallonie, et Paul De Munck, président du GBO, dans le cadre du Grand débat organisé le 5 juin par Medi-Sphère. 

Pourquoi vos confrères doivent-ils voter pour votre syndicat ?

Paul De Munck, président du GBO :  Parce que nous sommes les meilleurs! (rires) Plus sérieusement, quoique !... la liste N° 2 : le juste milieu!

Un, parce que depuis 58 ans nous n’avons jamais désarmé et que nous avons toujours privilégié un syndicalisme de propositions, intelligent, reposant sur nos trois valeurs cardinales « Science, Conscience et Bon sens »

Deux, parce qu’en trois décennies, par notre combat, dans lequel nous étions le plus souvent bien seul, nous avons plus que doublé les revenus des MG (honoraires des consultations et visites, DMG, statut social, prime télématique,…)

Trois, parce que le GBO/Cartel pense ses actions dans le cadre d’une vision de la place du MG et du MS au sein d’un système de soins de santé publique qui doit s’adapter au monde qui change. Et qu’il est plus que jamais à l’écoute des générations plus jeunes et encore en formation. 

Luc Herry, président de l’ABSyM Wallonie: Un, parce que nous sommes le seul syndicat implanté sur tout le territoire qui est composé dans toutes ces OA de confrères spécialistes et généralistes à parité entre francophones et flamands. De ce fait, nous prenons directement les décisions pour l'ensemble de la profession et la bonne accessibilité des soins. 

Deux, nous défendons les actes médicaux aux médecins et que le médecin reste le chef d'orchestre des soins médicaux, et nous sommes ouverts à la collaboration des autres soignants. 

Pour le reste, il faut aller voir sur notre site Absym-Bvas.be toutes nos réalisations et notre programme pour l'avenir.

Enfin, nous défendons aussi, une rémunération équitable pour tous les MG, et tous les médecins SP.

Quelle est votre position sur la nuit profonde?

Luc Herry : Pour les gardes, c’est en fait surtout la nuit noire qui pose problème. En journée les week-ends et jours fériés, l'organisation de la garde, depuis les PMG, même par les jeunes est satisfaisante pour les MG.

La nuit est plus problématique. Nous souhaitons qu'elle soit correctement financée (notamment 50€ par heure d’'honoraire de disponibilité) et la moins lourde possible en termes d'activité (tri 1733 phase 2) ou du nombre de gardes (coopération fonctionnelle).

De cette manière, les gardistes seront peut-être demandeurs de réaliser plusieurs gardes de nuit, ce qui permettra de libérer d’autres MG de cette pénibilité.

Paul De Munck : Pour ce qui est de la nuit profonde qui continue de faire couler beaucoup d’encre et fait l’objet de nombreux débats et d’avis qui sont parfois très divergents sur le terrain, ma réponse est très simple (et elle ne se veut pas être une réponse de normand) : les MG francophones doivent une fois pour toutes parler d’une seule voix et dire aux autorités ce qu’ils revendiquent. 

Ce qui est certain c’est que bloquer un MG toute une nuit dans un PMG pour un ou deux appels n’a aucun sens. En même temps là où les généralistes le désirent, avoir une organisation des gardes MG pendant la nuit noire aux profit des seuls patients grabataires à domicile, en MR/MRS ou en soins palliatifs (et les certificats de décès non prévus) nous semble important. Mais je le répète, sur ce dossier , le GBO/Cartel estime que l’ensemble de la MG francophone doit déposer ses propositions sur la table pour que les syndicats en front commun défendent une même position.  

Le médecin est-il la personne la plus pertinente pour déclarer quelqu’un en incapacité de travail ? Pourrait-on étendre cette prérogative à d’autres professionnels de la santé ?

Luc Herry : Le certificat médical se rapporte à un diagnostic médical, c'est donc de la compétence du médecin. Pour les ITT de longue durée, il pourrait avoir une vision avec le médecin du travail et/ou le médecin de la mutuelle. Mais, la suppression du certificat pour 1 jour est une bonne chose. Nous demandons depuis des années, la mise en place dans le DMI d'UN seul certificat pour TOUS les employeurs.

Paul De Munck : Dans le cadre de la loi actuelle et de la société belge, le MG reste à nos yeux le soignant le plus pertinent pour décider avec son patient (négociation) une mise en incapacité de travail en fonction des paramètres non seulement bio-médicaux mais aussi psycho-sociaux. Transférer cette responsabilité et cette charge du MG vers un autre soignant n’aurait à mes yeux pas de sens et compliquerait encore un peu plus la problématique. Cela étant, nous avons toujours dit que nous n’étions pas opposés à revoir l’obligation de produire un certificat et ouvert au débat. Nous sommes même demandeurs de supprimer toutes une série de certificats inutiles. En précisant qu’il y a des questions d’ordre médical et de santé dans le débat pour lequel nous avons bien évidement un avis déterminant. Mais cela soulève aussi des questions sociétales et d’organisation du travail et de négociations entre représentants d’employeurs et de travailleurs pour lesquelles nous ne pouvons jouer qu’un rôle de consultant. Par exemple, pour mettre en garde sur les risques de supprimer des certificats de plus d’un jour (exemple pyélonéphrite)

Quel rôle votre syndicat est-il prêt à jouer par rapport aux enjeux climatiques ?

Paul De Munck : Le GBO/Cartel a organisé en octobre 2022 un colloque international à Bruxelles intitulé " Responsabilité sociale en santé et développement durable (Rifress) : Quelle contribution du politique, de l'académique, du professionnel, du citoyen... ? " 

Outre une limitation de l'empreinte carbone et l'impact environnemental de nos pratiques de MG (et de l’ensemble des infrastructures de santé), nous comptons bien continuer à plaider pour que cette dimension soit abordée dès les études de médecine et durant les trois années du master complémentaire de MG, en s’inspirant des nombreuses recommandations de l’OMS sur le sujet.

Il faudra également renforcer la résilience des infrastructures de santé (tant les hôpitaux que les cabinets de MG) face aux risques sanitaires supplémentaires posés par le changement climatique, en renforçant les liens entre institutions de santé et secteurs déterminants pour la santé (l'eau, l'énergie, les transports, l'alimentation, l'urbanisme, l'environnement) et en fournissant des outils pour aider les établissements de santé à évaluer leur résilience et leur viabilité face aux menaces du changement climatique.

Mais, si les MG sont bien conscients de leur responsabilité sociale et environnementale en santé, les politiques et décideurs doivent assurer de bonnes conditions pour que cette responsabilité puisse être exercée de façon harmonieuse!

Luc Herry : A l’ABSyM, nous réalisons beaucoup de réunions Zoom, nous utilisons la digitalisation de plus en plus, nous favorisons la digitalisation des cabinets médicaux, nous sommes demandeurs d'UN certificat d'ITT pour TOUS les employeurs, un certificat digitalisé. Nous avons défendu la téléconsultation et la vidéo-consultation et nous demandons que la COM se réalise par Zoom. Les demandes du chapitre 4 doivent aussi s'améliorer. Au sein des cabinets, on gère l'énergie par du led et consommation bien réglée...

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