Demandeurs d’asile dans les hôpitaux: «Il n’est pas question de mobiliser du personnel hospitalier»

Le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke a envoyé une lettre à la centaine d'hôpitaux du pays afin de savoir s'ils disposaient d'espaces inoccupés pour y créer des places d'accueil pour demandeurs d'asile bénéficiaires de protection internationale. Yves Smeets, Directeur général de Santhea, reste circonspect.

Depuis plusieurs semaines, chaque ministre fédéral a été chargé au sein du gouvernement de voir comment, dans son secteur, il pouvait aider à améliorer la politique belge d’accueil des demandeurs d’asile. Pour rappel fin septembre, une taskforce fédérale a été mise sur pied, incluant le Premier ministre et la secrétaire d’État à l’Asile Nicole de Moor, les ministres Petra De Sutter, Georges Gilkinet, Frank Vandenbroucke, Vincent Van Quickenborne (remplacé depuis par Paul Van Tigchelt), Ludivine Dedonder et Annelies Verlinden, ainsi que le secrétaire d’État Mathieu Michel. Dans le cadre d’un plan Hiver, entre 2.000 et 4.000 places sont recherchées. 

Les hôpitaux, la solution?
En bon élève de la classe, le ministre fédéral de la santé a cherché aussi où il pourrait venir en aide à son gouvernement. L’idée lui a été soufflée que dans certains hôpitaux, il existait parfois un peu d’espace en rénovation ou désaffecté. Dans un courrier que le journal néerlandophone Het Laatste Nieuws a pu consulter, le ministre Vandenbroucke a lancé un appel à la centaine d’hôpitaux reconnus en Belgique pour qu’ils accueillent des demandeurs d’asile. Ils ne pourront évidemment pas, à eux seuls, solutionner le manque de 34.000 places d’accueil de demandeurs d’asile.

Pas de personnel prévu
Dans son courrier, le ministre précise bien que «l’accueil des demandeurs d’asile doit se faire dans des bâtiments ou des services séparés des patients et que cela ne concerne que l’accueil accéléré des bénéficiaires de protection internationale. Il souligne également le caractère temporaire de la mesure, jusqu’à l’été 2024.» 

Yves Smeets, Directeur général de Santhea, reste circonspect: «Ce que j’ai compris, c’est que le ministre cherche des espaces libres dans les anciennes ailes d’hôpitaux ou des espaces en attente de rénovation.» Selon lui, cet aspect précis pourrait être évalué mais il n’est absolument pas question de mobiliser du personnel hospitalier: «La question ne se pose même pas. Il n’est pas possible que du personnel hospitalier puisse s’occuper d’autres personnes que de patients. Nous avons réellement besoin de tout le personnel pour les tâches à accomplir.» 

Justement, cette question du personnel n’est pas abordée dans la lettre du ministre qui n’évoque pas de solutions pour encadrer les demandeurs d’asiles ni de moyens financiers pour cette nouvelle tâche qui incomberait aux hôpitaux. 

Les hôpitaux bruxellois aident déjà
En attendant, selon le ministre, certains hôpitaux auraient déjà répondu positivement à sa demande. Du côté de Gibbis, la fédération des institutions de soins des secteurs public et privé associatif de la Région bruxelloise,  on rappelle que des efforts sont déjà accomplis au quotidien: «Concernant les institutions de soins bruxelloises, le groupement hospitalier HUB (comprenant l’hôpital Erasme, l’institut Bordet et l’Huderf) a mis temporairement à disposition les anciens locaux de l'Institut Jules Bordet par le biais d'un accord avec Fedasil. Par ailleurs, le groupe Silva Medical accueille 60 réfugiés ukrainiens sur son site de la "Clinique de la Forêt de Soignes" depuis mai 2022. Il n'y a pour l’instant aucune autre possibilité concrète permettant d’accueillir des demandeurs d’asile sans perturber les activités en cours au sein des institutions bruxelloises.»

On verra dans les prochains jours comment répondront les différentes institutions à cet appel du pied ministériel.

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    07 novembre 2023

    Il serait temps de prendre du recul, et d'arrêter de se faire piéger :
    Depuis les afflux importants de réfugiés qui ont débuté dans les années 80, la Belgique a déjà assumé, par rapport aux autres pays européens, beaucoup plus que sa part, proportionnellement à sa population !
    Nous avons, par rapport aux autres pays Européens, reçu beaucoup trop de demandes d'asile à cause de la qualité de notre législation des aides sociales, des prises en charge médicales gratuites et de notre législation qui nous oblige à prendre en charge toute demande d'asile sans limite de nombre... et sans arbitrage pour répartir équitablement ces demandes entre tous les pays européens, en rapport avec leur population !
    Il n'y a pas de honte à constater qu'on est saturé malgré des efforts supérieurs aux autres pays.
    Les juristes et citoyens qui interpellent l'état Belge en voulant le forcer à assumer tout qui met un pied sur le territoire feraient mieux de consacrer leurs forces à exiger de l'Europe une réforme du "droit d'asile", un partage équitable de la charge entre les pays, et des procédures de rapatriement réel quand il y a un refus...

    Dans mon travail, j'ai côtoyé beaucoup de demandeurs d'asile et de réfugiés reconnus : tous avaient gardé soigneusement des "papiers" du pays d'origine qui leur auraient permis de rentrer en cas de nécessité, mais avaient officiellement déclaré les avoir "perdu" pour ne pas être "rapatriables" en cas de refus...
    Presque tous envoyaient chaque mois une part non négligeable (au min. 1/3) des aides sociales reçues à la famille au pays d'origine (si vous doutez, posez donc la question aux officines comme Western Union..).

    Mon propos n'est pas de contester le droit d'asile, mais bien de ne plus se laisser manipuler.
    Pour réflexion.