Assistanat et grossesse: 
une situation dont certains ne veulent pas?

La grande presse publiait, 
il y a peu, des récits 
d’assistants spécialistes 
parlant de pressions à 
l’hôpital. Medi-Sphere s’est penché sur le sort de leurs homologues candidats MG et a évoqué les balises mises, en médecine générale, pour endiguer l’abusif.

L’un ou l’autre écho, décrivant des cas pas si idylliques que ça, est parvenu à la rédaction. Une question déplacée, par exemple, peut attendre de jeunes diplômées passant une interview chez un potentiel maître de stage pour décrocher une place: «Est-ce que vous projetez une grossesse?».

Aucun des contacts que nous avons sondés ne le nie: qu’une assistante suspende ses activités pour un congé de maternité peut être déstabilisant pour un cabinet. Cela hypothèque l’organisation du travail. La question du désir d’enfant lors de «l’embauche» - apparemment courante (mais ce n’est pas quantifié) - est compréhensible mais en rien acceptable, nous fait-on observer. Légalement, d’ailleurs, elle n’est pas tolérée d’un recruteur (1).

Un maître de stage bruxellois se souvient qu’une année, son assistante lui a annoncé être enceinte avec une mine tellement catastrophée qu’il a d’abord cru que la grossesse n’était pas désirée. «En fait, elle avait peur de ma réaction. Elle m’a dit: ‘vous allez dire que j’ai calculé mon coup!’»

Il arrive qu’après l’annonce d’une grossesse, les relations tournent à l’aigre dans le tandem assistante-maître de stage, que le second mène la vie dure à la première, qu’en guise de complicité à créer, il n’y ait plus que brimades. Au point qu’on se demande, à voir pareille détérioration, si la charge de travail qu’assument certains MG ne les plonge pas dans un état de burn out latent qui, soudain, s’active. Que ce soit vis-à-vis de candidates ou de candidats, un «choc des générations» est sans doute aussi à l’œuvre, sous la surface: le MG, masculin, chevronné, biberonné aux semaines de 70 heures, espère peut-être une recrue d’un modèle qui n’existe plus…

Il semble également que les futures mamans dont le stage prend une tournure conflictuelle renoncent à engager une action pour le notifier ou s’en plaindre. Elles ont peur de se tailler une mauvaise réputation et de ne plus jamais dénicher d’autre mentor. Et comme dans les rangs des MG, ce genre de récits suscite des haussements d’épaules fatalistes, nous dit-on, toute la problématique finit masquée par un bon gros «rien à signaler».

Cette année, 40 bébés s’annoncent, pour 1.060 assistants dont 65% de femmes, situe Denis Lambert, secrétaire général du CCFFMG. «Avant la double cohorte, on était autour de 25. La formation s’étant allongée, il n’est pas impossible de voir 2 grossesses sur les 3 ans. C’est un droit humain le plus strict, pour ces jeunes dames qui ont souvent 25-26 ans, de décider de faire un enfant. Il n’y a pas de justification à leur mettre une pression»

1. La loi interdit à un employeur, en règle générale, de poser la question «Souhaitez-vous fonder une famille?» 
à une postulante.

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Derniers commentaires

  • Thomas ORBAN

    20 décembre 2018

    Je rappelle que l’employeur n’est pas le maître de stage mais bien le CCFFMG. Dès lors, ce n’est pas l’employeur qui pose la question d’une éventuelle grossesse, du point de vue strictement légal. En outre, est-il normal que ce soit le maître de stage qui supporte les désagréments d’une éventuelle grossesse et non l’employeur? Dans la mesure du possible, un remplacement devrait être prévu, par exemple. Si c’est le droit le plus strict pour ces jeunes dames de faire un enfant, ce qui est indéniable et appréciable, c’est également le droit le plus strict pour les maîtres de stage de ne pas devoir supporter les conséquences d’un choix qui n’est pas le leur, et de faire subir les conséquences à leur famille le cas échéant (ils travailleront bien plus pendant l’absence de la jeune maman et seront moins disponibles pour leur propre famille). A l’employeur de s’organiser pour rendre tout cela agréable et supportable pour TOUS. Il est un peu facile de mettre tout cela sur le dos des maîtres de stage. C’est ensemble qu’il convient de trouver des solutions pour un assistanat humain pour TOUS. La pression n’est effectivement pas à mettre sur le dos des jeunes maman, mais bien sur celles du CCFFMG.