75 % des médecins trouvent les patients plus agressifs qu'il y a 5 ans

La patientèle serait-elle devenue plus hargneuse au cours de la législature écoulée? Pour une très nette majorité de médecins belges, la réponse est ‘oui’. Notre enquête exclusive établit que plus de 7 médecins sur 10 (75%), toutes disciplines confondues, trouvent les patients plus agressifs qu’il y a 5 ans. Les MG francophones en sont plus convaincus que leurs homologues flamands.

Pour mémoire, l’enquête dont émerge ce verdict inquiétant comportait 21 questions posées aux médecins belges afin de prendre la mesure de ce qui avait changé - en bien, en mal… - dans leur pratique Maggie régnant. Une première partie des résultats a été analysée dans les précédentes éditions de Medi-Sphere (n°624 - 626).

Le sentiment d’une agressivité en hausse de la part des patients est davantage marqué au sud du pays: il est rapporté par 76,5% de confrères wallons, contre 65,4% de confrères flamands.

Voit-on se dessiner des différences entre médecine spécialisée et générale? Côté francophone, les spécialistes nourrissent encore davantage un sentiment d’insécurité: 80,3% des participants trouvent les patients plus agressifs, pour 70,6% de généralistes. En Flandre, tendance analogue: ce sont aussi les spécialistes qui se sentent plus menacés (68,6% de spécialistes, contre 59% de généralistes).

Parmi les participants francophones, on remarque une légère différence en fonction du sexe: les consœurs sont 79% à pencher pour le ‘oui, les patients sont plus agressifs’ (pour 75% de confrères). C’est chez les candidats spécialistes et globalement chez les plus jeunes médecins (les 25-35 ans) que l’impression d’agressivité culmine, à respectivement 89% et 81%. Cette tendance est à l’œuvre aussi au nord du pays. Une explication possible est que les assistants passent pas mal de temps aux urgences, service où l’on essuie particulièrement l’hostilité d’une patientèle en souffrance et énervée. Nombreuses sont les études indiquant que l’attente fait partie des déclencheurs majeurs d’agressivité chez patients et accompagnants. Pour Jérôme Lechien, président du CIMACS, «c’est un phénomène secondaire à l’altération de la qualité du système de soins belge, qui crée des frustrations chez les patients comme chez les médecins et qui exacerbe les tensions» 

Enfin, en termes de dispersion géographique de ce ressenti, on aurait pu croire que la capitale tiendrait la corde, si on peut dire. Or, c’est dans la province de Namur qu’on dénombre le plus fort taux de ‘oui’: 92%, contre 71% à Bruxelles, qui est en queue de peloton tout comme le Luxembourg. Namur est suivie du Brabant wallon et de Liège, avec 83%.

Assertivité: le sud du pays partagé
Notre enquête s’est également attachée à l’évolution de l’assertivité des patients sur les 5 dernières années. Les résultats diffèrent sensiblement du nord au sud. Côté francophone, le corps médical (pris dans son ensemble) est mitigé: 42% de répondants pensent que les patients sont devenus plus sûrs d’eux et assertifs, et quasi autant (40,5%) sont d’un avis contraire. En Flandre, en revanche, ce ne sont pas moins de 88% des médecins qui estiment que l’assertivité a augmenté. Ce chiffre culmine même à 92% dans les rangs des spécialistes flamands, contre 41% chez leurs pairs francophones.

Au sud du pays, il n’y a pas d’énorme écart d’appréciation entre spécialistes et généralistes. Les MG sont un petit peu moins nombreux que les spécialistes (38% contre 41%) à penser que la patientèle est désormais plus sûre d’elle. A vrai dire, chez les MG francophones, c’est même le ‘non’ qui l’emporte, à 44,5%. Ce qui les place en contradiction ouverte avec les généralistes flamands, qui répondent ‘oui’ à 83,5%.

Au cours de la dernière législature, les patients sont-ils devenus généralement plus agressifs?

  Spécialistes Généralistes Total
Non 13% 26% 17%
Oui 80% 70% 75%
Pas d'opinion 7% 4% 7%

eEnquête réalisée en ligne entre le 15 et le 29 avril 2019 sur un échantillon de 1.496 répondants (39% de MG - 59% de MS - 2% d’assistants). 

> Lire aussi les réactions: Agressivité des patients: les dérives du «tout, tout de suite»

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