Oui aux étudiants au front, mais pas sans protection académique (Rémi Florquin)

La deuxième vague déferle sur notre plat pays, faisant déborder les unités COVID et les USI sur son passage. Les soignants exténués de la première vague, n’ayant pour la plupart pas pu profiter de vacances pourtant bien méritées, se retrouve à nouveau au front. Les équipes sont fatiguées, et l’absentéisme pèse. 

Les différents niveaux de pouvoir se mobilisent pour apporter des renforts, par exemple au niveau fédéral notamment avec la Défense qui mobilisera rapidement 1500 personnels. Une mobilisation des étudiants est également proposée à plusieurs niveaux, au niveau Wallon avec le ministre président monsieur Di Rupo et au niveau Communauté française avec la ministre de l’enseignement supérieur madame Glatigny.  

Beaucoup d’étudiants en médecine sont motivés et disposés à soutenir leurs futurs collègues dans les services surchargés par le COVID. En plus d’un travail solidaire cela nous permettrait en plus d’apprendre à travailler en temps de crise. Bref, nous voulons aider. 

Mais cela doit être encadré au niveau académique. En effet, ceux qui enfileront l’uniforme blanc délaisseront leurs syllabi et les cours. Ce qui fatalement créera une inégalité au niveau des résultats académiques dans un système qui jugent les étudiants selon ces mêmes résultats (pour le choix de spécialité notamment).  

Qu’ont fait les étudiants en médecine durant la première vague ? 

Cela a déjà été le cas lors de la première vague, certains étudiants ont dû obligatoirement continuer leur stage (c’est le cas de la majorité qui était en stage aux soins intensifs ou aux urgences). D’autres ont fait de nombreuses gardes ou de journées bénévoles aux urgences, voir ont été à temps plein travailler de leur propre initiative. Et enfin le reste des étudiants ont vu leur stage annulé. Cette hétérogénéité de l’engagement personnel a créé des inégalités au sein des promotions, mais nous avons été évalués de la même façon à la session de fin d’année en mai-juin dernier. 

Qu’est-ce qu’on peut faire pour la deuxième vague ?

Cette injustice était difficilement évitable durant la première vague. Comme toute la société, les facultés ont été prises de court. Mais désormais ce n’est plus acceptable.

Deux cas de figure se présentent, soit une mobilisation générale des promotions et dans ce cas un report de la session est nécessaire pour éviter une bérézina générale. Soit une mobilisation sur base volontaire mais dans ce cas, il faut que les autorités prévoient un cadre clair qui permettra à ces volontaires de ne pas être désavantagés académiquement, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour toute leur future carrière. Un exemple de mesure serait un portfolio qui détaillerait la charge de travail que l’étudiant aura effectuée durant la crise et qui devra être pris en compte par les jurys de spécialisation. 

Donc aider, OUI ! Avec force, énergie et motivation mais pas au prix du succès de nos études qui conditionne toute notre vie professionnelle future. 

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