Medista - La fonctionnaire mise en cause a déposé plainte

La fonctionnaire du SPF Santé accusée par la société de fournitures médicales Medista d'avoir favorisé son concurrent Movianto a déposé plainte auprès de la police, a-t-on appris à bonne source. Medista a eu recours aux services d'une société privée de renseignement israélienne pour obtenir ses confidences devant une caméra cachée.

Medista n'avait pas été retenue en 2022 pour un nouveau contrat de distribution du matériel sanitaire destiné à la lutte contre le covid-19. Elle dénonce une procédure de marché public qui ne s'est pas déroulée de manière régulière et réclame le paiement de factures jamais honorées pour un montant de 5,3 millions d'euros. 

Pour étayer ses accusations, elle a fait appel à la société Black Cube afin d'obtenir des déclarations de la fonctionnaire en charge du dossier. Des images diffusées sur le site web de HLN ont montré un certain Scott Baker, disant représenter la société "Edgewise Capital", s'entretenant avec l'intéressée sous prétexte d'une offre d'emploi. La discussion a eu lieu dans une brasserie d'Amsterdam. Il est apparu par la suite que tant Scott Baker qu'Edegwise Capital n'existaient pas. 

Durant cet entretien filmé à son insu, la fonctionnaire a reconnu qu'elle avait aidé Movianto. Elle a reçu ensuite un courrier des avocats de Medista lui demandant soit de démissionner parce qu'elle aurait commis "des fautes graves et des infractions pénales", soit d'accepter un règlement à l'amiable.

La fonctionnaire a déposé plainte, emboîtant le pas à Movianto qui a dénoncé des "méthodes d'enquête très agressives" et des "questions orientées". 

Medista a reconnu lundi qu'elle avait collaboré avec Black Cube. L'entreprise juge normal qu'une société de renseignement privée se charge de contacts sous couverture "avec des fraudeurs potentiels". "Bien entendu, on ne se fait pas passer pour un représentant de l'entreprise qui se sent lésée. Parce qu'approcher un fonctionnaire en lui demandant s'il a commis une fraude ne fonctionne pas", a-t-elle expliqué, assurant que la vidéo montrait l'existence de cette fraude. 

Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a déjà fait savoir qu'il avait demandé un audit. Il a toutefois reconnu que les fonctionnaires étaient encouragés à aider des sociétés intéressées par un marché public à déposer une offre.

"Au plus il y a de candidats pour un contrat, au mieux c'est car on peut de la sorte faire pression sur le prix", a-t-il expliqué vendredi à l'occasion d'un briefing.

Le ministre sera interrogé mardi après-midi  en commission de la Santé sur ce dossier.

> Lire aussi: Medista - Vandenbroucke commande un audit sur le rôle potentiel d'une officine d'enquête israélienne

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