Memorandum : le CMG plaide pour une vision globale de la santé

A l’approche des élections, chaque organisation médicale présente dans un mémorandum au monde politique les priorités qui sont importantes pour elle dans le domaine de la santé. Le Collège de Médecine Générale (CMG) a publié le sien. Neuf grands axes y sont défendus. Le mémorandum pointe du doigt toute une série de lacunes, tant au niveau des concepts que des moyens. Sa présidente , le Dr Anne Gillet, explique …

Le premier axe consiste à soutenir la nécessité d’une approche globale de la santé et de l’inscrire dans toutes les politiques publiques. Les « 5 aims » définissent le concept : soins préventifs et maladies chroniques, accès aux soins, trajets de soins, santé mentale, soins intégrés. La vision de la santé doit se référer aux concepts de santé globale et de santé positive. « Il faut donc une vision transversale », insiste le Dr Anne Gillet, présidente du CMG. « Le monde politique doit systématiquement s’interroger sur les conséquences que ses décisions, dans quelque domaine que ce soit, peuvent avoir sur la santé de la population. » 

Des acteurs de référence

Il faut voir à long terme et prendre en considération l’évolution des besoins pour les 20 prochaines années. Les médecins généralistes doivent pouvoir être des acteurs de référence dans le domaine de la prévention, pour tous âges depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Cela doit se faire à travers des campagnes multimédia plus étoffées, avec une coordination entre tous les acteurs publics. 

On voit là le rôle essentiel de la première ligne de soins dans une politique de santé. Cette première ligne est définie comme une ligne de prévention et de soins, assurant une continuité des soins (les gardes, la proximité, les soins à domicile). 

Une précarité croissante

Les populations défavorisées doivent être prises en compte. « Nous sommes les témoins d’une précarité croissante. Le monde politique doit nous entendre. Nous avons déjà interpellé dans le passé le ministre Vandenbroucke pour qu’il se concerte avec ses collègues. » 

Pour s’approcher de tous ces objectifs, des logiciels performants et intégrés sont nécessaires également, tant pour la gestion quotidienne de la santé en première ligne que pour la sécurité des données, le contrôle par les pouvoirs publics et les échanges internationaux de données. 

Une répartition claire des missions

Le Collège aborde également dans son mémorandum la question de l’organisation des soins. Il plaide pour une valorisation de la médecine générale, ainsi que pour une définition et une répartition claires des missions de chaque ligne de soin. 

L’hospitalisation à domicile, le financement des trois systèmes d’honoraires, la simplification administrative et un numéro unique d’appel général du social-santé sont nécessaires. 

La médecine générale doit être représentée dans les instances de gestion de crise. Il y a aussi des améliorations à apporter au niveau des MR/MRS, des relations avec les CPAS et du marché des médicaments. 

Le bien être des prestataires

Et Anne Gillet d’ajouter qu’ « il ne faut surtout pas oublier le bien-être des prestataires. Et il y a une difficulté à concilier les besoins des patients et ceux des prestataires. Ces  besoins sont largement influencés par les aspirations des nouvelles générations de médecins. Les problèmes liés à la garde en sont une belle illustration. Tout cela fait partie d’un débat que nous voulons avoir avec le monde politique. »

Les MG pas assez consultés

Les structures de décision sont trop complexes, il est difficile de trouver le bon interlocuteur et les organisations représentatives de la médecine générale ne sont pas assez consultées. Et tout cela suppose que les administrations soient dotées de moyens suffisants.

Le Collège revient également sur la pénurie. Il insiste sur les quotas à garantir (50% de généralistes) et le partage des tâches entre prestataires. 

La garde de médecine générale

En région bruxelloise, la réforme de la prime d’installation doit être revue. On connaît aussi les problèmes soulevés par la garde de médecine générale et le mémorandum ne manque pas d’y revenir : rapidité d’intervention, financement et rémunération, complémentarités, démographie sont des clés majeures d’une organisation efficace. 

La télémédecine fait l’objet d’inquiétudes devant le risque d’industrialisation, le besoin de garder un cadre réglementaire et le mode de rémunération. 

La santé mentale délaissée

Quant à la santé mentale, elle a été trop délaissée. Il est temps d’établir un plan de prévention, de soutenir le travail en réseau et de renforcer le dépistage aussi bien que la sensibilisation et la prise en charge précoce. Là aussi, il faut veiller à une bonne coordination entre prestataires et services. La lutte contre les addictions et l’éducation affective et sexuelle doivent être développées. 

Pour ce qui est de la recherche en médecine générale, le CMG appelle à ce qu’elle soit encouragée, soutenue par une organisation indépendante des intérêts commerciaux et que les démarches administratives la concernant soient simplifiées. 

Une dynamique globale

Tous ces aspects doivent donc, selon le CMG, entrer dans une dynamique globale. Mais ce serait vain si on ne tenait pas compte de l’évolution de nombreuses dimensions sociétales, telles que les fragilités, l’environnement, les soins à domicile, la complexité des soins et d’autres aspects encore, auxquels le mémorandum consacre une série de réflexions.

> Découvrir le mémorandum complet du CMG

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