Se conventionner ou se déconventionner, c’est la liberté du médecin (Luc Herry)

« Tous les médecins devraient être soumis aux mêmes tarifs » a-t-on entendu dire dans l’émission de la RTBF « QR Le débat » mercredi soir. C’est une vision simpliste. Non seulement ce serait contraire aux lois européennes sur la liberté mais encore les médecins tiennent là un moyen de protester si on leur impose des règles inacceptables.

L’émission de la RTBF « QR Le débat» de mercredi soir était consacrée aux soins de santé. Beaucoup de problèmes y ont été abordés. Beaucoup d’autres ne l’ont pas été. Mais la question du coût des soins était à l’ordre du jour. Des participants ont suggéré que tous les médecins devraient être soumis aux mêmes tarifs. La ministre Morreale a estimé en substance que la convention pouvait avoir des désavantages aux yeux de certains médecins, alors que le déconventionnement pouvait présenter quelques attraits. Par conséquent, a-t-elle conclu, « il faudrait revoir cela ». 

Interrogé sur la question après l’émission, le Dr Luc Herry (ABSyM) rappelle que le déconventionnement doit rester une possibilité et qu’elle fait partie de la liberté du médecin. « Imposer des honoraires », souligne-t-il, « serait contraire aux dispositions légales européennes sur la liberté des citoyens ». Il rappelle aussi que le déconventionnement est une porte de sortie, une arme dont disposent les médecins au cas où les autorités voudraient unilatéralement imposer des conditions qui ne sont pas acceptables pour eux. « Cela s’est déjà passé avec les logopèdes », explique Luc Herry. « Les honoraires qu’on a voulu leur imposer ne leur permettaient pas de faire face à leurs frais et de mener une vie normale. Ils se sont déconventionnés en masse et il a bien fallu augmenter les remboursements de leurs prestations. » Tout cela va sans dire que les médecins connaissent leurs patients. Ils savent qui est dans le besoin et qui ne l’est pas. Un médecin non conventionné a toujours la possibilité d’appliquer les tarifs « convention » s’il estime que son patient ne peut pas payer plus. Cela a d’ailleurs été rappelé au cours de l’émission. « Mais d’une manière générale » commente le Dr Herry, le panel qui a participé au débat était fortement politisé. Peu ou pas de médecins de terrain étaient présents, ce qui n’a pas permis à la médecine générale de s’exprimer comme elle l’aurait souhaité. Et il y aurait beaucoup à dire sur l’organisation des soins de santé dans notre pays et les possibilités d’éviter des coûts inutiles sans nuire à la qualité. » 

> (re)voir le débat 

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    20 janvier 2024

    Qui donc aura le courage de dire que la bonne médecine moderne est un produit de tout grand luxe, aussi coûteux que les diamants et la lingerie en soie de chez Chanel ?

  • Bernard CAUCHETEUR

    18 janvier 2024

    Oui c'était un débat biaisé....