New Deal : les incohérences qui posent question 

À partir du 1er avril, 48 cabinets de médecine générale et 158 médecins généralistes (pratique solo et de groupe) participeront au projet pilote du New Deal. Pourtant, certains aspects du dossier peuvent surprendre ou étonner. Petit tour d’horizon ...

Le cabinet du ministre a confirmé que la première phase de ce nouveau modèle d'organisation concernait bien 158 médecins généralistes. Le nombre de cabinets participants (48) est toutefois encore en cours d'évaluation. 

"Je constate sur le terrain que de nombreux médecins généralistes sont intéressés par ce modèle, mais que certains d'entre eux ont besoin de plus de temps pour prendre une décision réfléchie", a indiqué M. Vandenbroucke. "Il est crucial d'avoir un premier groupe de 'pionniers' convaincus, prêts à s'engager. Ils croient en l'efficacité de ce modèle de financement, combinant des revenus par consultation et un montant fixe par patient inscrit, ce qui favorise une stabilité financière propice à des soins de qualité. Ils adhèrent également à la collaboration avec d'autres prestataires de soins, tels que les infirmières de cabinet. Moi aussi j'y crois".

Asymétrie linguistique forte

On ne peut pas dire que ce projet ait été accueilli de la même manière par les généralistes au sud du pays qu’au nord. Les chiffres sont éloquents : 24 MG francophones (dont 37,5 % solos) contre 134 MG néerlandophones (dont 3,7 % solos)  "On verra si ces chiffres vont évoluer dans les prochains mois, mais on peut parler d’une réelle asymétrie." observe le Dr David Simon.


Le KCE va être chargé de piloter la convention qui a été corédigée par Ann Van den Bruel ...qui est la nouvelle directrice du KCE. Autour de la table, cela surprend certains : « On peut s’étonner que la nouvelle directrice va mener une étude et évaluer un projet qu’elle a elle-même mis en place. C’est plus qu’un conflit d’intérêt. » relève le Dr Jacques de Toeuf.
Pour rappel, le 22 décembre, Ann Van den Bruel a été nommée au poste de Directeur général du Centre Fédéral d'Expertise des soins de santé (KCE), qui a célébré récemment ses 20 années d'existence.

La médecine générale privée de 23 millions
La médecine générale a été privée de 23 millions pour faire le projet qui devient une étude alors que cela aurait pu être financé par l’article 56 dès le début. « On a découvert au Comité de l’assurance que le projet de convention d’étude est le même que le projet de la convention individuelle. Cette convention d’étude n’est pas passée entre l’Inami et le KCE, mais entre l’Inami et chacun des prestataires. Chacun des prestataires s’engage donc à rentrer dans l’étude. poursuit le Dr de Toeuf « On ne nous avait pas présenté cette convention comme une étude. On aurait pu nous dire : « c’est un nouveau projet, on ne sait pas où l’on va et on va en faire une étude-pilote (à mettre alors sous l’article 56).” A ce moment-là, les 23 millions auraient été pris pour cette étude (une autre enveloppe) et pas sur le budget des honoraires. Nous aurions pu faire autre chose pour les généralistes avec ces 23 millions qui ont été retirés du budget des honoraires. C’est un mauvais tour de passe-passe.” 
La qualité de l’étude en question

Au New Deal, on peut adhérer n’importe quand.  Cela veut dire que cela va rendre une étude comparative rigoureuse plus compliquée. « Quand cette étude va commencer? Sur quel échantillon validé? L’administration dit que l’étude sera faite à partir d’un échantillon limité sur une période de temps, mais cela reste peu clair à ce stade. »
Expliquer au patient

Si un médecin est un remplaçant pour une pratique de groupe où les autres médecins de la pratique sont en vacances, le patient paiera “le prix plein ou pas le prix plein”. Ce ne sera donc pas le même prix....même si le patient ne verra sans doute pas la différence parce que la facture se fait sur un tiers payant et que le ticket modérateur est le même. « Dans la pratique, à ces moments-là, il faudra expliquer au patient pourquoi cela se passe comme cela. »
Mettre l’accent sur la prévention et l’audace
De son côté, Ann Van den Bruel, co-architecte du système et professeur de médecine générale à la KU Leuven a donné une interview à Knack. Le nombre de participants semble pour l'instant faible, mais selon elle, il s'agit des "audacieux". Elle met en lumière l’innovation. « Le nombre total de consultations chez les médecins généralistes en Belgique augmente de 1,65% par an. Cela crée une charge de travail plus élevée pour les médecins généralistes alors qu’ils sont en pénurie ".

Un tel modèle forfaitaire, selon elle, « permet de travailler en collaboration avec un psychologue et une infirmière au sein de notre cabinet. Chaque trimestre, de nouveaux médecins généralistes peuvent s'inscrire pour tester également le nouveau système. Les 48 cabinets qui participent au projet pilote sont les plus audacieux. J'espère que le projet pilote permettra de mettre davantage l'accent sur la prévention et de meilleurs soins. » 

Lire aussi: New Deal pour la médecine générale : les premiers médecins démarreront le 1er avril 2024

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Derniers commentaires

  • Simone ULRIX

    21 janvier 2024

    Projet immature et pour beaucoup de généralistes financièrement défavorable.
    Seuls les médecins travaillant en zones défavorisées avec de nombreux patients BIM pourraient y trouver un avantage financier. ( l'outil de test prévisionnel pouvait le démontrer).
    Risque réel de sélectionner des patients peu demandeurs de soins, pour lesquels on perçoit le forfait sans trop travailler, et de refuser les patients lourds.
    Le forfait pour un infirmier de pratique est insuffisant pour faire face au coût réel.
    La charge de travail liée au suivi du projet vient s'ajouter au travail habituel.
    Les sages sont ceux qui n'ont pas adhéré au projet.

  • Charles KARIGER

    20 janvier 2024

    De la sorte, on est certain de créer un « nouveau système de santé », c’est-à-dire un machin « intégré, gratuit, global, accessible, connecté, transversal, continu, holistique, circulaire, durable, participatif » et surtout économétriquement contrôlé promettant de faire des économies sur le dos des soignants dont l’activité ne sera valorisée ni financièrement ni socialement par un système de primes à la productivité bien connu des pires capitalistes.

  • Patrick PAINDEVILLE

    18 janvier 2024

    Le New Deal, un bide annoncé que les promoteurs de ce système vont évaluer eux-mêmes; quelle blague.
    Je parie déjà sur les conclusions qui seront évidemment dithyrambiques....avec 156 médecins sur tout le pays. Et un certain syndicat qui en fait ses choux gras. Pathétique.
    Le ministre actuel : RIP politique svp.

  • Francis COLLA

    18 janvier 2024

    rigolo : c'est un poisson !
    financier : 23 millions pour 158 = 145.000 €/médecin : soyez audacieux !
    :-)