Le nombre de nouveaux spécialistes a augmenté 2 fois plus vite que celui des généralistes entre 2010 et 2019

Fin 2019, le nombre de médecins actifs avec une pratique attestée s’élevait à 36.234, ce qui correspond à une augmentation annuelle moyenne de 1,46 % sur une période de dix ans. Le nombre de généralistes avec un cabinet s’élevait à cette date à 13.323, avec une progression annuelle moyenne de 0,97 % au cours de la même période. C’est ce qu’il ressort du dernier recensement de l’Inami des praticiens de soins.

Du côté de la médecine générale, si l’accroissement annuel est jusque 2016 demeuré cantonné sous 1%, il a ensuite franchi cette barre, pour parfois se rapprocher de celui observable chez les spécialistes. Au GBO, on plaide depuis longtemps pour un rééquilibrage, au-delà du rattrapage offert par la double cohorte. « On ne souhaite pas s’arrêter uniquement à des augmentations de pourcentages, sur des bases historiques de ‘production de diplômés’ », indique Jean-Noël Godin, directeur. « On voudrait, plus globalement, que la planification de l’offre médicale soit repensée en partant des besoins de la population, en envisageant une réarticulation des métiers de santé – donc en se demandant quel est le professionnel le plus approprié pour réaliser quel acte selon le principe de subsidiarité qui nous est cher – et en fonction de la réforme de la nomenclature. »  Le GBO attend beaucoup de la future « commission de planification francophone de l'offre médicale », qui est en gestation dans le giron de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et qui devrait se charger dès son lancement de (re)définir les sous-quotas (dont la répartition généralistes/spécialistes) pour 2021.

Pour le Dr De Toeuf (ABSyM), il n’y a aucune révélation dans ces statistiques, « qu’on nous montre chaque année, avec les mêmes discordances bien connues ». Il signale, pour ce qui est de l’équilibre MG/MS, que « la Flandre a depuis 10 ans fait le choix de former davantage de généralistes que le sud du pays, et en particulier ses universités - 40% de MG quand en francophonie on était de mémoire à 23-24%. Quand l’élargissement du numerus clausus leur a été refusé au Fédéral, les francophones ont fini par porter cette part à +/- 38%. ». Pour le syndicaliste, « on va mettre 5.000 MG de plus sur le marché d’ici 5 ans ; il n’y aura pas autant de départs à la retraite. » Une offre qui n'est pas une si mauvaise chose, vu le vieillissement démographique et la chronicisation des pathologies. 

Du côté des spécialistes, l’augmentation la plus marquée dans les statistiques de l’Inami s’observe chez les neuropédiatres, neurologues, endocrinologues et urgentistes, mais les oncologues et hématologues enregistrent aussi une croissance relativement rapide. Les premiers spécialistes en génétique clinique (59 médecins) ont par ailleurs fait leur apparition dans le tableau en 2019. 

Dans les spécialités dites « générales » (chirurgie générale, médecine interne générale), il est plutôt question d’un statu quo.

« Ici aussi, les tendances sont connues. On sait bien qu’il y a des excès dans des disciplines comme la chirurgie, la neurochirurgie, l’orthopédie, la radiothérapie… avec des confrères qui cherchent du boulot. Et ça se vérifie dans la réalité. En Flandre, par exemple, dans les services où se concentrent les activités à haute technicité, ils n’ouvrent plus de places », commente Jacques De Toeuf. Inversement, il y a selon lui une discipline qui est la grande perdante de la fragmentation continue de la médecine en des tas de spécialités, « c’est la médecine interne. A ne plus avoir d’internistes dans les hôpitaux, qui sachent faire la synthèse d’un cas, on perd beaucoup. »

Précisons néanmoins que le total de 36.234 professionnels cité ci-dessus ne concerne pas l’ensemble des médecins autorisés à réaliser des prestations, qui était encore nettement plus important fin 2020 (49.734 médecins, soit 3 % de plus que fin 2019). À cette même date, le nombre de généralistes habilités à effectuer des prestations s’élevait très exactement à 17.000.

> Plus d’informations dans ce tableau.

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Derniers commentaires

  • Bernard LACAVE

    22 février 2021

    Bonjour Jacques,
    Pas plus de 5000 généralistes en moins d'ici 5 ans? Avec le formatage en cours, en particulier informatique, à vitesse exponentielle?
    J'ai plutôt l'impression d'une promesse électorale ou que tu te fourres le doigt dans l'oeil...
    BAT
    Bernard Lacave