La liberté totale d’installation, ennemie d’une meilleure répartition de l’offre ? (Dr Luc Herry)

Le Dr Herry explore diverses pistes de réflexion sur le financement de leur profession, à la faveur du chantier « trajectoire du budget 2022-2024 » ouvert par l’Inami. Il cite une moindre liberté d’installation compensée par des incitants durables, un forfait de fonctionnement pour les cabinets de groupe, ou une uniformisation des indemnités des PMG. 

Mi mars, l’Inami sifflait le coup d’envoi de travaux devant conduire à la définition d’un cadre budgétaire 2022-2024 pour le système de soins, basé sur la définition d’objectifs de santé prioritaires. Leur principe est consigné dans l’accord 2021, au chapitre « soins efficaces ». Il est prévu de rechercher structurellement des gains d'efficience (réduction des variations de pratique, prescription rationnelle et de médicaments bon marché ou biosimilaires...) pour les réinvestir dans le secteur, par exemple dans des revalorisations.

« C’est une réflexion pour un avenir proche », observe Luc Herry, « il s’agit d’aborder le financement d’une autre manière, aussi pour la médecine générale. » Pour le co-président de l’ABSyM Wallonie, « un souci dans cette profession - mais dont on parle peu - est la mauvaise répartition géographique des ressources. On évoque souvent une pénurie, on nous inventorie des communes où il manque de MG. Mais dans d’autres, c’est une pléthore qui se réinstalle. Moi je vois bien qu’il y a afflux de MG en milieu urbain et périurbain, par exemple. Globalement, le total de MG est suffisant en Belgique. Si pénurie il y a, elle est localisée. » 

D’où l’interrogation du syndicaliste : est-ce toujours indiqué de laisser les nouveaux venus visser leur plaque exactement où bon leur semble ? Toucher à la liberté d’installation est sans doute délicat, « mais après tout, cela fait des années que les pharmaciens subissent des limitations à ce niveau ». Luc Herry reconnait que ce message ne sera pas forcément facile à faire admettre à la relève, ni même aux décideurs, mais pour lui, il importe que l’offre soit mieux répartie sur le territoire.

Autre piste de réflexion pour le futur, dans le cadre des travaux entamés par l’Inami : « Je serais favorable à une part de financement forfaitaire ». Le Dr Herry ne parle pas ici d’augmenter la proportion des divers forfaits déjà présents dans la rétribution des MG mais de considérer « un forfait de fonctionnement pour les cabinets – on va de plus en plus vers des cabinets de groupe, et il faut des moyens pour lancer ces structures, les équiper. Ce n’est encore qu’une ébauche de réflexion entre nous, mais elle est présente. »

Le co-président de l’ABSyM Wallonie trouve également qu’il serait grand temps d’uniformiser les frais covid versés aux PMG « qui varient énormément d’un poste à un autre. Peut-être doit-on les majorer au nombre réel de contacts, comme pour les MG qui individuellement touchent 2,5 euros par contact pour les frais engendrés par les mesures d’hygiène, les équipements de protection… ou alors selon la zone et la population couverte. Les subsides seraient plus équitables pour tous, on éviterait d’avoir des variations allant de 500 à 25.000 euros. Ce n’est pas très normal… »

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