France: le (très) complexe valorisé dans le tarif du MG

A la Toussaint, la France inaugurera, en plus de la consultation classique de médecine générale passée à 25 euros en mai dernier, des consultations dites «complexes», à 46 euros, et «très complexes», à 60 euros. Une progression saluée par les syndicats médicaux dans les médias français: elle colle à la durée et la complexité croissantes des contacts patients, évolution mal rétribuée par le paiement à l’acte.

Les nouvelles dispositions tarifaires sont parues il a quelques jours au Journal officiel (l’équivalent de notre Moniteur): à partir du 1er novembre 2017, des relèvements d’honoraires interviendront outre-Quiévrain pour des consultations «complexes» à «très complexes», avec affichage prévu dans les cabinets à l’attention des patients.

Toute une règlementation encadre ces majorations (interdiction de cumul, nombre limité d’occurrences par année, etc.), qui ne seront pas répercutées sur le patient (à condition qu’il ait une mutuelle). La sécurité sociale interviendra à concurrence, comme d’habitude en France, de 70% – voire de 100% dans le cas de malades chroniques.

On retrouve dans ces actes revalorisés la CCP, la consultation de contraception et de prévention des IST pour les jeunes filles de 15 à 18 ans, qui est considérée comme à fort enjeu de santé publique. Elle ne peut être attestée qu'une seule fois par patiente. Outre le MG, elle peut être effectuée par un gynécologue ou un pédiatre. Elle sera tarifée à 46 euros. Apparaît également parmi les contacts dits complexes, cotés à ce même tarif, une consultation de prise en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré de devenir obèses (la CSO, pour consultation de suivi de l’obésité) par leur médecin traitant, facturable deux fois l’an.

On pointera encore la consultation parfois dite «d'annonce», à 60 euros, donc une consultation initiale après un diagnostic, visant la bonne information et l'organisation de la prise en charge d'un patient atteint d'un cancer, du VIH, d'une pathologie neurologique évolutive, d'une pathologie dégénérative, en attente de greffe…

La visite «très complexe», enfin, réalisée par le médecin traitant au domicile du patient, si possible en présence de ses aidants habituels, concerne les patients reconnus en affection longue durée pour une pathologie neurodégénérative identifiée – notamment l'Alzheimer, le Parkinson, la SEP… Pouvant être attestée jusqu'à trois fois sur une année, son tarif passe de 56 à 70 euros.

Les représentants des médecins généralistes, qui avaient négocié ces hausses dans le cadre de la convention signée fin 2016, insistent dans la presse française sur le fait que ces relèvements incarnent une forme de reconnaissance, par les autorités de santé, de l’évolution de leur profession. Ils invoquent le vieillissement démographique – avec le caractère polypathologique de nombre de patients âgés – et l’explosion des maladies chroniques, qui se traduisent par des consultations plus compliquées et plus longues. Elles supposent de faire le tour d’une question multifacettes (prise en charge médicale mais aussi organisation des soins de première ligne, par exemple), un investissement qui est mal rétribué par le paiement à l’acte honoré à 25 euros.

A noter, au rayon de la bonne circulation d’infos entre confrères, que le Journal officiel organise le feedback du MG traitant: il stipule qu’après certaines consultations complexes chez le spécialiste (anorexie, obésité morbide, stérilité, scoliose grave, asthme déstabilisé, polyarthrite rhumatoïde…), parfois dans le cadre de «parcours de soins coordonnés», un retour au médecin traitant désigné pour le suivi de l'enfant doit être réalisé, «que ce soit par courrier ou voie électronique sécurisée».

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