Une députée dénonce une « méthode Vandenbroucke fondée sur le conflit et la méfiance »

La députée fédérale Open VLD Irina De Knop a vivement critiqué la politique de santé du ministre Frank Vandenbroucke lors de l’examen de sa note de politique générale et du budget 2025 en commission Santé de la Chambre. Selon elle, le ministre persiste dans une approche fondée sur « la lutte et le contrôle » plutôt que sur la concertation, et se met progressivement à dos l’ensemble du secteur.

« Le ministre choisit de traiter les symptômes au lieu de s’attaquer aux causes. Il est en collision frontale avec les généralistes et est en train de braquer toute la première ligne contre lui », a déclaré Irina De Knop. Elle plaide pour un nouveau contrat social dans lequel tous les acteurs de la santé seraient réellement impliqués.

Des choix budgétaires sans cap structurel

La parlementaire reconnaît que la Belgique dispose de soignants compétents et que les patients peuvent bénéficier d’une médecine de qualité. « Les soins de santé peuvent coûter de l’argent, mais encore faut-il réformer. Faire toujours plus sans rien changer ne permet pas de faire face aux défis de demain », insiste-t-elle. « Le budget croît d’année en année, mais aucune réforme structurelle n’est enclenchée. Vandenbroucke fait de la norme de croissance une ligne de front, mais sans plan d’action correspondant. »

Le manque de concertation avec les acteurs de terrain aggrave, selon elle, la situation. « Il multiplie les petits incendies à éteindre car il ne fait pas le choix de la co-construction. »

Le généraliste relégué, la première ligne oubliée

Pour Irina De Knop, le cœur de la réforme doit porter sur la première ligne et sur la reconnaissance centrale du rôle du médecin généraliste. « Avec le vieillissement de la population, le plus grand défi ne réside pas dans les soins aigus, mais bien dans les soins préventifs et intégrés, avec le généraliste comme pivot », rappelle-t-elle.

Elle énumère une série de décisions qu’elle juge problématiques : suppression des téléconsultations, absence de plan face à la pénurie de généralistes, installation d’une ligne téléphonique pour signaler les abus de certificats médicaux – « une ligne de dénonciation stigmatisante », selon ses mots. Elle pointe également des transferts de tâches vers les pharmaciens qui priveraient le patient de moments de contrôle importants avec son médecin, ainsi qu’une surcharge administrative infligée aux généralistes.

Parmi celles-ci, l’obligation de rédiger des « Fit-notes », évaluations précises des capacités professionnelles résiduelles des patients en arrêt. « Cela n’a aucun sens : la diversité des contextes professionnels rend cette évaluation impossible par un généraliste », estime-t-elle.

Pas de vision numérique

Autre point d’insatisfaction : l’absence de vision en matière de santé numérique. « Depuis la précédente législature, nous plaidons pour un déploiement large des technologies médicales en première ligne, notamment les tests rapides au chevet du patient. Rien dans la note de politique ne va dans ce sens. »

Des syndicats médicaux sous pression

Enfin, Irina De Knop juge « inquiétante » la volonté du ministre de conditionner le financement des syndicats médicaux reconnus à leur taux de médecins conventionnés. « Il s’agit d’un chantage déguisé. Un tel mécanisme met sous pression toute instance critique. On a parlé de méthode trumpienne dans le secteur. Aujourd’hui, cela vise les médecins, mais demain, d’autres professions pourraient suivre », prévient-elle.

Elle conclut : « Il est temps de sortir d’une logique de méfiance. Notre système de santé mérite mieux qu’un climat de défiance perpétuelle. »

> Découvrir la note de politique générale 2025 du ministre Vandenbroucke

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