Cadastre des généralistes wallons: petite embellie mais attention aux chiffres

L’AVIQ vient de publier un «cadastre des médecins généralistes actifs en Wallonie». Elle établit dans ce rapport une comparaison entre les années 2016 et 2022. A première vue, on pourrait croire que la situation s’améliore. «Soyons prudent devant les chiffres», fait remarquer le Dr Guy Delrée, président de la FAGW. «Ils ne sont pas toujours faciles à interpréter».

Le cadastre que vient de publier l’AVIQ est «basé sur les adresses cabinets où les médecins exercent leur activité et est mis à jour chaque année au premier janvier» est-il expliqué dans l’introduction du rapport. A y regarder de plus près, il est difficile de se réjouir sans réserve. Avec une augmentation globale de 178 équivalents temps plein (ETP) entre les deux années repères, on peut considérer qu’il y a une légère amélioration globale. L’AVIQ observe en effet que dans quatre provinces wallonnes sur cinq, la densité médicale a augmenté. Mais dans la province de Luxembourg, la densité médicale est passée en-dessous de 90 médecins pour 100.000 habitants, ce qui définit la notion de pénurie. On note tout de même en province de Luxembourg un recul de 2% du nombre absolu généralistes actifs (- 7 MG), mais surtout cela correspond à un recul de 17% en ETP. «Cela prouve que la ruralité reste en souffrance», commente Guy Delrée. On constate aussi qu’il y a un peu moins de communes en pénurie (-25%). Mais le nombre de communes en pénurie sévère a «tendance à stagner» dit le rapport. La notion de pénurie sévère répond à un nombre de médecins généralistes inférieur à 50 pour 100.000 habitants. En regardant bien les chiffres, on s’aperçoit que le nombre des communes en grande souffrance a diminué progressivement jusqu’en 2020, où il a atteint son niveau le plus bas (40 localités délaissées) mais qu’il a remonté depuis lors et qu’il se situait à 52 l’an dernier.

Si le nombre de nouvelles installations a augmenté d’année en année depuis 2016, on note un léger recul en 2022 par rapport à 2021 (234 vs 248). Mais les départs de la profession sont plus nombreux que jamais: 271 cessations en 2022, contre 94 en 2016. En réalité, l’augmentation du nombre de cessations d’activité est quasiment constante. Et le président de la FAGW attire l’attention: «n’oublions pas qu’avec les nouveaux modes de pratique, il faut plus de deux médecins pour en remplacer un qui s’en va», dit-il.

L’âge moyen est passé de 52,9 ans à 48,5 ans. Mais 678 généralistes de 65 ans et plus sont toujours actifs. «Cela pose un vrai problème», s’inquiète le Dr Delrée. «Beaucoup de ces confrères avouent continuer à pratiquer parce qu’ils ne savent rien faire d’autre. Mais les plus jeunes médecins ont une vie en dehors de la médecine. Et leurs conjoints qui travaillent ont aussi une vie hors profession. Eux, ils arrêteront à 65 ans. Alors, dans 20 ans, combien de médecins de plus de 65 ans exerceront encore? Il faudra tenir compte de la (quasi-)disparition de ce contingent. On a certes anticipé, mais pas suffisamment et trop tard». Guy Delrée explique encore que d’intenses réflexions sont actuellement menées à différents niveaux (Fédéral, AVIQ, cercles, SSMG, …). «Des pistes existent déjà, par exemple les primes d’aide à l’installation mais elles ne constituent manifestement pas des solutions suffisantes», conclut-il.

> Cadastre des médecins généralistes actifs en Wallonie 2016-2022 – Version synthétique
> Cadastre des médecins généralistes actifs en Wallonie 2016-2022 – Version complète

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