Dr Bejjani : "Si l'on ne peut pas cloner les infirmières ou imprimer les billets, il faut rapidement réformer la santé"

Dimanche, le ministre fédéral de la santé, Franck Vandenbroucke et le Dr Gilbert Bejjani (ABSyM) étaient invités à l’émission "Rendez-vous" sur RTL sur le manque de personnel médical et infirmier. Christophe Deborsu a évoqué avec eux l'avenir du secteur des soins de santé. N'y aura-t-il bientôt plus personne pour nous soigner ?

Quel avenir et changements sont à prévoir pour notre système de santé ? Comment mieux gérer les services d'urgences ? Pour répondre à ces questions, un moment dans le débat, il a été confronté au Dr Gilbert Bejjani, anesthésiste, président de l’Absym Bruxelles qui n'a pas caché que  « le manque de soignant est réel et mondial. Il est dû aussi au fait qu’il y a un vieillissement de la population avec plus de morbidité. Dans ce contexte, la charge augmente pour tous les soignants.  »

Stop à la fuite en avant

Il a aussi rappelé qu’il faut mener des réformes : "On doit réformer en investissant et en étant plus courageux. On doit arrêter la fuite en avant. Le manque d’infirmière deviendra bientôt très critique. Comme on ne peut pas cloner des soignants ou imprimer des billets, Il va donc falloir un moment réformer sérieusement notre système. On peut par exemple se poser la question de l'arrivée des patients dans les services d’urgence: est-ce qu’il faut autant de services d'urgence sur notre territoire? Ne faut-il pas concentrer certains services pour mieux organiser les choses? Actuellement, certains services sont très petits par rapport au volume d’activité. Par ailleurs, l’activité qui y est prestée actuellement pourrait, pour une partie d’entre elle, être transférée à la première ligne. Mais pour cela, il faut un système de financement qui est différent."

Le Dr Bejjani a aussi insisté sur le fait que pour mettre en place une telle évolution, il "faudrait un système de tri qui soit correct et adéquat. Par ailleurs, aujourd'hui, les hôpitaux ont besoin de cette activité des urgences pour garder leur financement.” 

Pour lui, un moment, il faudra “donc revoir la façon de travailler pour diminuer la charge de travail sur les soignants et assurer la qualité des soins attendues.”

Vandenbroucke veut investir plus 

De son côté Frank Vandenbroucke a écouté avant de dire qu'il était “pleinement d’accord avec cette analyse. Il faut investir et réformer. Aujourd’hui, il y a trop d’hospitalisation partout. Pour réaliser cette transition, il va falloir renforcer la première ligne et pas seulement avec des généralistes. Il faut des équipes multidisciplinaires avec des interventions spécialisées et des hospitalisations à domicile mieux développées comme pour la chimiothérapie ou les antibiothérapies." 

Pour lui, il convient évidemment aussi de changer le financement des hôpitaux. "D’ailleurs, on a refinancé l’hôpital de jour et changé certains incitants pour les hôpitaux pour les encourager à faire de l’hospitalisation de jour. On voit d’ailleurs déjà, maintenant une augmentation importante de l’hospitalisation de jour ce qui évite de devoir demander à des infirmières de devoir surveiller les patients pendant la nuit. Ce type de démarche s'inscrit donc vraiment dans  l’avenir.”

A Christophe Deborsu qui a demandé à Frank Vandenbroucke s'il compte redevenir ministre de la Santé, à 68 ans passé, le candidat Vooruit à la Chambre a d'abord répondu qu'il était partant et puis, plus tard dans l'émission, après un reportage sur les pertes de mémoire du président Joe Biden, il a déclaré, sourire aux lèvres: "Pour moi c'est terminé, il y a un véto formel de mon épouse".  Boutade ou pas? L'avenir nous le dira.

> Voir qq extraits de  l'émission Rendez-Vous du 11/02

> (re)voir l'émission sur RTL Play

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