L'accord conclu lundi par la N-VA, le CD&V et l'Open Vld a l'ambition de «mettre la barre plus haut» afin de faire de la Flandre une référence en Europe, a expliqué le formateur et futur ministre-président, Jan Jambon (N-VA).
«Tout le monde devra se retrousser les manches. Nous mettons la barre haut pour tout le monde mais nous ferons en sorte que chacun puisse suivre», a expliqué M. Jambon.
Cette ambition se traduira par un relèvement du taux d'emploi régional à 80% et la mise au travail de 120.000 personnes. Le futur gouvernement table sur un accompagnement renforcé et plus strict ainsi que des dispositifs incitatifs comme l'octroi d'un «job bonus» pour les bas salaires qui pourra s'élever à 600 euros nets par an. Si, après deux ans, un chômeur n'a toujours pas trouvé d'emploi, il devra accomplir des travaux d'intérêt communautaire.
Les élections du 26 mai se sont traduites par une forte progression de l'extrême-droite au nord du pays. Le Vlaams Belang a été associé pendant plusieurs semaines à des discussions avec la N-VA avant que le président de cette dernière, Bart De Wever, ne lance les négociations avec le CD&V et l'Open Vld.
«Certaines personnes ont des difficultés aujourd'hui même si elles ont un travail et il y a un sentiment que la charge n'est pas suffisamment partagée. Le ticket d'entrée sera plus cher mais quand on l'aura, on bénéficiera de toute les chances pour faire partie de la société», a souligné M. Jambon.
Des mesures seront prises pour durcir l'accès à certaines politiques sociales pour les nouveaux-venus en Flandre, en particulier les allocations familiales auxquelles ne pourront pas prétendre les demandeurs d'asile, l'accès à un logement social et à la caisse d'assurance santé flamande. Les prix dont doivent s'acquitter les nouveaux venus pour les cours de néerlandais et d'intégration seront augmentés pour atteindre au total 360 euros. L'issue du parcours d'intégration sera sanctionnée par la signature d'une déclaration de participation à la Flandre. De manière générale, la priorité dans l'attribution d'un logement social sera attribuée aux personnes qui ont habité au moins 5 années ininterrompues dans la commune.
L'accord réserve une place à l'identité flamande et aux symboles de celle-ci. Un groupe d'experts indépendants élaborera un «canon flamand», soit une liste de références fondamentales de la culture, de l'histoire et des sciences flamandes qui pourront être utilisées dans l'enseignement et dans la politique d'intégration.
Un ministre flamand de la Justice et de l'Exécution administrative sera désigné afin de lutter contre les fraudes et abus des législations flamandes. Un service spécial verra le jour pour lutter, dans le cadre des compétences régionales et communautaires, contre la criminalité organisée.
La Flandre introduira une réforme importante en matière électorale puisque l'obligation de vote disparaîtra pour le scrutin communal et provincial, de même que le vote en case de tête. La Flandre s'inspirera en outre de la Wallonie pour la désignation du bourgmestre: celui-ci sera à l'avenir l'élu qui a reçu le plus de voix de préférence sur la liste la plus importante de la majorité.
L'accord prévoit encore d'augmenter la surface boisée -10.000 ha supplémentaires d'ici 2030- et les réserves naturelles - 20.000 ha en plus - mais aussi de poursuivre l'élargissement des rings de Bruxelles et Anvers et de doubler les investissements dans les pistes cyclables.
En matière climatique, la Flandre se veut «ambitieuse mais réaliste». Elle se fixe l'objectif de réduire de 80% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, soit le minimum européen. Pour ce faire, elle ambitionne de doubler la capacité de l'énergie solaire et éolienne.
En matière fiscale, le bonus logement est appelé à s'éteindre. Selon la nouvelle majorité, ce mécanisme a poussé à la hausse les prix immobiliers. En revanche, les droits d'enregistrement sur l'acquisition d'une habitation diminueront encore d'1% pour passer à 6%.
La majorité suédoise bis veut conserver l' «excellence» de l'enseignement flamand ainsi que répondre au problème du manque d'enseignants en attirant davantage de personnes issues d'autres secteurs par une meilleure prise en compte de leur ancienneté. Elle entend également accorder moins d'importance aux coupoles de l'enseignement. «Les moyens doivent aller vers les classes et les élèves et non vers les structures», a dit M. Jambon.
L'an prochain, la Flandre s'écartera de l'équilibre budgétaire avant d'y revenir en 2021.