La fracture numérique à Bruxelles risque de creuser des inégalités en santé

La COCOM a chargé la LUSS, la coupole francophone des associations de patients, de dresser un inventaire des acteurs - (para)médicaux, sociaux, associatifs… - qui, en Région bruxelloise, luttent contre la fracture numérique. Celle-ci, on le sait, risque de creuser les inégalités en santé. 

A la faveur des rencontres que cette mission a réclamées, la LUSS a pris la mesure des difficultés du terrain, des points de vigilance… Force est de constater, résume-t-elle, qu’une grande partie de la population de la capitale n’est pas connectée (pas de matériel chez beaucoup de personnes âgées, pas de connexion, utilisation minimale du téléphone…). «Le niveau socio-économique, l’origine migratoire, le niveau de scolarité sont autant d’éléments qui entravent l’utilisation du numérique.» Comme le rappelait Didier Gosuin dans un précédent article, un bruxellois sur dix n’a jamais utilisé d’ordinateur!

«Très peu d’acteurs rencontrés connaissent le Réseau Santé Bruxellois (Abrumet), parfois même au sein des acteurs de la santé», peut-on également lire dans le rapport. D’où l’enjeu de sensibiliser les professionnels, qui doivent être les premiers convaincus de la plus-value de l’outil.

Les services de santé que la LUSS a interviewés évoquent les difficultés du public fragilisé par rapport à l’usage de l’eID, du lecteur de carte et du code PIN.

La Plateforme Prévention Sida relate que les usagers sont découragés par la complexité de l'accès au dossier médical partagé et de la procédure de gestion des autorisations. Autre observation: il y a des patients qui ne souhaitent pas y accéder. «Ils ne s’y intéressent pas. Ils préfèrent laisser les professionnels gérer cela.»

Côté généralistes, le FAMGB a redit tout l’intérêt de l’accès aux données de santé, via le sumehr, pour la sécurité et la qualité des soins. Elle rappelle la nécessité de garde-fous pour protéger la confidentialité des données, même si cela complique l’emploi de l’outil par les patients. Pour elle, il faut aussi conscientiser ceux-ci (et surtout les plus âgés) à ne pas confier les codes de leur eID à n’importe qui.

La LUSS a également recueilli les constats de la Fédération des maisons médicales. Ces dernières font un usage fréquent des outils de communication tels que la eHealth Box. Le hic, disent-elles, c’est que leur utilisation «n’est pas généralisée au niveau de la deuxième ligne». Du coup, elles «ne reçoivent pas de réponse»

Certaines suggestions ont émergé pour agir sur la fracture numérique. Par exemple placer un ordinateur, dans un espace ouvert, en maison médicale, à l’attention des publics non connectés. Mais encore faut-il prévoir du personnel, tenu au secret, pour aider ceux-ci à atteindre leur dossier en ligne. Autre piste citée par la LUSS: offrir un canal digital dans les pharmacies, là aussi avec un accompagnant. 

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