Quand MG et pharmaciens discutent polymédication

Pour la 3ème année consécutive, le RML-B (le Réseau multidisciplinaire local de Bruxelles), son pendant flamand Huis voor Gezondheid et l’Union des pharmaciens de Bruxelles (UPB/AVB), proposent une soirée d’étude à public mixte: médecins traitants et pharmaciens du coin. Le credo des organisateurs n’a pas varié: la concertation entre ces deux métiers, c’est tout bénéfice. Cette fois, ils en feront la preuve par la polymédication.

Le trio d’organisateurs anime «depuis quelques années un projet commun, visant à intensifier les échanges entre MG et pharmaciens», indique Laure Geslin, pharmacienne coordinatrice à l’UPB – un projet qui n’avait pas attendu la formalisation de la concertation médico-pharmaceutique sous l’égide de l’Inami.

Le thème sélectionné cette année incarne parfaitement la nécessaire et fructueuse collaboration entre prescripteur et délivreur, insiste notre interlocutrice, puisqu’il s’agit de la polymédication. «On a choisi, pour cerner ce concept, la définition quantitative, d’ailleurs retenue par l’Inami, de prise de de 5 médicaments différents ou plus de façon chronique. Les intervenants vont aborder le phénomène via trois angles: les interactions, l’observance et l’automédication, en illustrant avec des cas pratiques.»

Comme le rappelle Laure Geslin, le médecin traitant n’est pas toujours au courant de toute la médication de son patient, parce qu’il peut y avoir prescripteurs multiples et automédication. «Le pharmacien, de son côté, a tout en main via le DPP, le dossier pharmaceutique partagé. Il sait ce qui a été délivré au patient, partout en Belgique, y compris via une officine de garde. Cela permet de sécuriser ses délivrances, notamment quand la prescription émane d’un prestataire plus occasionnel, un spécialiste, un dentiste…: il fait un check sur les interactions potentielles – il dispose d’ailleurs d’une fonction d’alerte dans son programme. Au besoin, il prendra contact avec le prescripteur, pour discuter d’un éventuel changement de médicament, de posologie, ou de l’ajout d’un IPP pour protéger l’estomac…»

Les MG plus réceptifs

Ces contacts ne sont-ils pas déjà monnaie courante? Et positifs? «Parfois cela se passe très bien, parfois moins. Le pharmacien peut rencontrer des difficultés à joindre le médecin, qui n’a pas le temps, qui est en consultation… Et il doit aussi veiller à ne pas inquiéter le patient, souvent en face de lui quand il téléphone, à ne pas donner l’impression d’un manque de cohérence entre son discours et celui du médecin.»

D’après Laure Geslin, certains de ses collègues pharmaciens continuent de redouter cette prise de contact avec les médecins traitants. «Et pourtant, aujourd’hui, il apparaît que ces derniers sont demandeurs de ce type d’interventions qualitatives. Ils y sont beaucoup plus réceptifs, en tout cas, qu’à des appels à propos de points plus procéduriers, comme des questions de lisibilité de la prescription ou de formalités administratives à accomplir.»

La soirée mixte s’arrêtera également sur l’observance thérapeutique, un combat commun pour les deux professions. «Les patients asthmatiques par exemple, ne ressentant pas directement les effets de leur traitement de fond, ont tendance à le négliger. En revanche, ils sont compliants à leur puff, à utiliser en cas de crise. Au volume et à la fréquence de délivrance, un pharmacien peut constater qu’un patient ne prend pas adéquatement son traitement et l’en alerter, ou son MG.»

Infos pratiques: «La polymédication: un enjeu au cœur de la collaboration généraliste-pharmacien», jeudi 23 novembre de 20 à 22h, 1030 Bruxelles. Traduction simultanée Fr/Nl. Accréditation demandée. Programme détaillé sur le site du RML-B. Inscription gratuite mais obligatoire: info@upb-avb.be (ou en ligne, à partir du programme).

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