Patients exigeants: ce médecin ours qui vous met la pression

Dr Brown Bear force l’admiration. Il est joignable directement et rapidement par téléphone, veille à la continuité des soins, a des horaires à rallonge, ne rechigne jamais à se déplacer. Un article du BMJ (édition ‘Fêtes’) se demande si le médecin de la famille Pig ne biaise pas la représentation de la médecine générale auprès de millions de petits téléspectateurs (et de leurs parents).

Pour ceux qui seraient passés à côté du phénomène, Peppa Pig est un dessin animé britannique à succès. Ciblant les tout-petits, il met en scène une famille de cochons et leurs amis à poils et à plumes. Quant au d’habitude très sérieux British Medical Journal, il ouvre ses colonnes à la Noël à des travaux plus fantaisistes et décalés. C’est ainsi que cette année, une consoeur anglaise, par ailleurs jeune maman, s’y interroge sur l’image du MG que véhicule le dessin animé. Fort éloignée du quotidien réel et des possibilités d’un praticien du NHS, elle lui paraît de nature à influer négativement sur le comportement des patients.

Elle a épluché trois cas cliniques – plus exactement: elle a décortiqué trois épisodes qui mobilisent le Dr Brown Bear autour de l’un ou l’autre personnage de Peppa Pig. Elle relève un cas où un diagnostic de rash est posé sur un porcelet de 3 ans au groin couvert de boutons, suivi d’une prescription de médicament - davantage pour céder aux attentes des parents que par nécessité médicale, le problème étant en toute vraisemblance viral. L’auteure a également repéré un scénario où un bébé cochon développe, un samedi, des symptômes de rhume après être allé jouer dehors sans se couvrir. A l’issue d’un examen de la gorge, le Dr Brown Bear prescrit repos au lit et lait chaud. Enfin, la MG évoque un épisode où l’ours médecin est contacté par la crèche parce qu’un jeune poney a toussé trois fois en jouant avec ses petits condisciples. Qui se mettent ensuite à tousser, tandis que Dr Brown Bear manifeste lui-même quelques signes d’épuisement professionnel, relève l’auteure.

Dans ces trois épisodes, l’appel des parents ou des responsables des petits malades intervient à peine le premier signe de la maladie visible, la régulation téléphonique est assurée par le médecin lui-même (bien que ce soit hors heures ouvrables dans le cas du rhume), lequel décide invariablement d’une visite urgente à domicile (avec sirènes hurlantes et gyrophare dans celui de la toux)…

Pour l’auteure, Peppa Pig fait régulièrement passer des messages utiles de santé publique, encourageant une alimentation saine, l’exercice physique, la prudence routière, etc. Néanmoins, elle redoute que le dessin animé ait un impact non négligeable sur la représentation du travail d’un médecin de soins primaires. Et pas qu’au Royaume Uni, puisqu’il est traduit et diffusé dans plus de 180 pays. La contributrice du BMJ pense que ce portrait faussé peut engendrer des recours abusifs au médecin, pour des petits soucis de santé parfois autorésolutifs, et des exigences irréalistes, entre autres dans le déplacement et le délai d’intervention.

Does Peppa Pig encourage inappropriate use of primary care resources?

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