«Avec 181.000 euros, le Cebam garde (tout juste) la tête hors de l’eau»

Le 18 mars paraissait au Moniteur belge l’AR octroyant un subside au Cebam, le Belgian Centre for Evidence-Based Medicine. L’institution, qui emploie actuellement 12 personnes (pas toutes à temps plein), se voit accorder un montant de 181.000 euros – juste à temps pour lui permettre de poursuivre ses activités, car cette somme doit couvrir ses frais de fonctionnement pour 2014.

 

Le retard dans l’attribution de ce subside s’explique notamment par le changement de gouvernement et la réalisation de contrôles budgétaires supplémentaires. Pourtant, si Maggie De Block veut imposer sa stratégie fortement axée sur l’Evidence-Based Medicine, le Cebam compte assurément au nombre des structures qui seront amenées à gagner en importance dans le futur. Comme son nom l’indique, ce centre a en effet pour mission de stimuler l’Evidence-Based Practice, l’Evidence-Based Medicine et l’Evidence-Based Nursing dans notre pays.

Pour réaliser cet objectif, le directeur du Cebam, le Flamand Patrik Vankrunkelsven, et son équipe doivent organiser des congrès, rédiger des articles et mettre sur pied une série de formations, sans oublier évidemment les activités Cochrane (revues systématiques). Le Cebam propose également une méthode de validation des recommandations scientifiques internationales. Enfin, il participe aux activités de l’asbl EBM-practiceNet. Pour pouvoir bénéficier de son financement, le Cebam doit boucler son rapport financier pour le 1er avril au plus tard… mais il a heureusement déjà pu bénéficier d’une avance de 75% lorsque son plan de travail a été approuvé.

 

Rabotage

«Il y a plusieurs années, à nos débuts, nous touchions un subside de 200.000 euros», se souvient Patrik Vankrunkelsven. «Entre-temps, le fameux rabot à économies est passé par là, de telle sorte que nous devons à présent nous débrouiller avec 181.000 euros… Sans compter que ce montant perd chaque année un peu de sa valeur parce qu’il n’est pas indexé! Nous devons donc de plus en plus tirer toutes les ficelles possibles et imaginables pour rester à flot. Nos frais généraux s’élèvent à 10%, ce qui est un pourcentage tout à fait acceptable pour une organisation telle que la nôtre; dans d’autres structures, il n’est pas rare qu’ils atteignent 15 à 20%.»

Ces frais ne sont donc pas élevés, sachant que ceux des mutuelles ne s’élèvent par exemple qu’à 3 ou 4%? «Ce n’est pas comparable», nuance Patrik Vankrunkelsven. «Les mutuelles n’ont pour ainsi dire qu’à toucher et transférer des sommes d’argent. Nos charges administratives et autres (locaux, chauffage, électricité...) sont nettement plus élevées.»

 

Neutralité politique

Une stratégie EBM poussée nécessiterait donc d’accorder au Cebam des subsides sensiblement plus élevés. Reste à savoir si c’est possible en cette période d’austérité, même si le centre est dirigé par un ancien collègue de parti de la ministre De Block, généraliste comme elle de surcroît. Patrik Vankrunkelsven tient néanmoins à mettre les points sur les i: «Depuis quelque temps, je me suis défait de toute coloration politique. En tant que directeur du Cebam, j’adopte une position strictement neutre à cet égard.»

 

Les spécialistes moins ouverts?

Certains projets du Cebam ciblent-ils aussi spécifiquement les spécialistes? «De façon générale, les spécialistes sont déjà à la base mieux armés que la plupart des autres travailleurs de la santé pour travailler de façon Evidence-Based, mais nous sommes évidemment toujours là pour les aider à distinguer les ‘bonnes’ sources des ‘mauvaises’. On observe toutefois qu’ils sont un peu plus réticents à se laisser conseiller, tandis que les généralistes ont pour la plupart mieux assimilé l’utilité des directives EBM. D’un autre côté, je me souviens d’un recyclage que nous avons organisé récemment pour les stomatologues, et qui a été extrêmement apprécié…»

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