De nouveaux écouvillons livrés par le fédéral aux centres de dépistage feraient saigner un patient sur deux

 Les écouvillons, d’une société wallonne, qu’a livré le fédéral aux centres de dépistage provoqueraient beaucoup de problèmes chez certains adultes et chez les enfants : « Ils font saigner un patient sur deux » disent des médecins des centres de dépistage.

Alors que la pénurie d’écouvillons frappe de nombreux centres en Wallonie dans le Hainaut, à Lasnes et en province de Namur comme à Jambes, un certain type d’écouvillons est pointé du doigt depuis plusieurs jours par les médecins des centres de dépistage comme le Dr Maxime Delvaulx, assistant en médecine, qui participe au système de dépistage depuis la mi-mai: « Je travaille au Drive In de test de Lasne qui dépend de la Clinique d’Ottignies. Nous avons entre 80 et 100 personnes par jour pour deux heures de permanence alors qu’ils n’étaient que 30 à 40 personnes fin juillet. Nous avons de plus en plus d’enfants qui viennent se faire tester. »

Les patients saignent

Le Dr Maxime Delvaulx, comme d’autres, dénoncent la souffrance des patients « Nous sommes confrontés depuis 15 jours à un problème d’écouvillons. Ils sont très coupants . Même en le frottant sur le doigt, cela fait mal. Ces écouvillons se prennent dans les poils du nez et ils font saigner un patient sur deux. A l’utilisation, ils sont rigides et ils cassent très vite. »

Cela amène les médecins à faire des choix : “nous ne les utilisons plus pour les enfants ni pour les adultes sous anticoagulants.  Le Dr David Simon, médecin généraliste à Colfontaine dans le Hainaut le confirme : « L’embout est plus gros. Cela provoque des saignements de manière plus fréquente. Ces saignements n’ont toutefois pas d’impact sur le résultat du test. Je ne les utilise pas non plus sur les enfants pour lesquels nous avons gardé un stock d’anciens écouvillons. » 

Pas pour les enfants et les adultes sous anticoagulants

Interpellé par Medi-Sphère à propos de ces plaintes, Roger Cocle, CEO de la société Any-Shape qui a fourni ces écouvillons au Fédéral,  écoute mais rappelle les instructions inscrites sur la notice : « Nos écouvillons ne sont pas destinés aux enfants ni aux patients sous traitement anticoagulant. Cela est inscrit explicitement sur la notice. » Il ne comprend pas ce soudain emballement : « Nous avons produits 650.000 écouvillons et ils sont disponibles depuis le mois de juin.  60.000 à 70.000 tests ont été utilisés au CHU de LIège sans plainte particulière. Je me permets toutefois de m’interroger sur la position dans laquelle les tests sont effectués dans les autos. La position n’est pas idéale. Je rappelle que nous avons une vidéo qui se trouve sur notre site avec la bonne marche à suivre. » 

"Nous avons réalisé une « reconception » complète d'un écouvillon pour permettre d’en produire entièrement en impression 3D. " La société en avril-mai a dédié deux machines à technologie laser à cette tâche. Une étude clinique a été menée avec le CHU de Liège sur base de ce nouvel écouvillon, d’abord en laboratoire, ensuite sur une centaine de patients. "Les résultats ont été positifs et ont mené à la validation de cet écouvillon auprès de l’AFMPS pour une mise sur le marché immédiate." ajoute Roger Cocle, CEO de la société Any-Shape de Flemalle. Pourtant déjà à l'époque le Dr Nathalie Schirvel faisait remonter dans un tweet des retours du terrain sur de nombreux saignements et douleurs chez les patients

Le Dr Maxime Delvaulx entend les arguments de la société : « Même au cabinet je ne les utiliserai pas. Toutefois, je reconnais que je n’ai pas été mis au courant de l’entièreté de la notice d’utilisation. »

Sur la RTBF lundi midi, Gael Thiry, médecin généraliste et responsable du centre de dépistage de Lasnes explique que « ces écouvillons qui blessent beaucoup plus, nous ont été livrés par le fédéral. » 

Certains médecins s'inquiètent également d’une pénurie. "Hier, plusieurs centres de testing n'avaient plus d'écouvillons ..." signalait dimanche le Dr David Simon sur son compte twitter.

Justement à propos des pénuries le ministre fédéral Philippe De Backer, sur RTL, ce lundi midi, a rappelé « qu’il y a assez d’écouvillons pour tous les centres et qu’il peut même y avoir des livraisons en urgence. »  Le site de Jambes et d’autres en province de Namur, qui étaient à l’arrêt toute la matinée, devraient donc en recevoir ce lundi après midi...

Pas d’autres pénuries 

Heureusement actuellement, le matériel de protection est suffisant sur les différents sites : « Nous n’avons pas de problème à ce niveau. On peut changer de gants entre chaque frottis. Pour ma part, j’utilise une visière et un masque chirurgical » conclut  le Dr Maxime Delvaulx

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