Turbo - Maserati Ghibli Hybrid MY 2021: Changement d’ère

Tombée en désuétude ces dernières années, Maserati semble vouloir sortir de sa léthargie avec un vaste programme prévoyant, notamment, une large électrification. La Ghibli est la première à y passer. Pour quel résultat?

Les affaires ne sont pas au beau fixe chez Maserati. Depuis 2016 et la Levante, il n’y a pas eu de nouveauté, tandis que les promesses d’un nouveau coupé, voire d’une version électrifiée de ce dernier n’ont pas abouti. Pire, en 2019, les ventes de la marque ont chuté de 45%. Et il y a fort à parier que l’année 2020 ne dérogera pas, avec la crise du coronavirus. Cela dit, bonne nouvelle, Maserati dispose d’un vrai nouveau plan de redéploiement basé sur deux principes: l’électrification et le made in Italy.

Si la Ghibli est déjà devenue hybride, le vrai renouveau arrivera avec la supercar MC20, qui concentrera une bonne partie des investissements. Au menu: charte visuelle repensée, nouveau châssis et nouvelle mécanique qui, pour d’évidentes raisons d’émissions, sera amputée de 2 cylindres (V6, 630ch). Et cette fois, une version 100% électrique sera lancée pour de bon! Et comme le châssis de la MC20 peut être décliné en coupé et en cabriolet, on comprend que la pérennité des GranTurismo et GranCabrio est assurée. En 2021, Maserati introduira encore un autre SUV, basé sur l’Alfa Stelvio et qui s’insérera juste sous la Levante, appelé Grecale. Quel programme!

Premier de cordée
La Ghibli se présente donc comme le premier modèle à passer à l’électrification. C’est un pas, mais pas de géant, car il a fallu faire vite, Maserati étant tenaillé par la législation européenne excessive relative à la réduction des émissions de CO2. La Ghibli n’est pas une full hybrid, ni même une hybride rechargeable, mais une simple mild hybrid, comprenez une hybridation légère ou microhybride fonctionnant avec un dispositif 48V qui aide le moteur thermique, mais qui ne peut en aucun cas se substituer à lui. Une opération suffisante pour économiser un bon paquet de CO2 (plus de 50g/km, de 256 à 197g/km) puisque le V6 de 3 litres – qui disparaîtra d’ici quelques semaines – est remplacé par un 2l 4 cylindres turbo récupéré de l’Alfa Giulia.

Ce dernier développe 280ch, mais il est renforcé dans son effort par la machinerie électrique et la fonction boost permettant d’en tirer 330. Sur le papier, les chiffres restent attrayants car ce n’est finalement que 20ch de moins que l’ancien V6 pour un couple atteignant 450Nm (50Nm de moins que le 6 cylindres). Face au chrono, la différence se veut ténue: 0,2s de plus sur le 0-100km/h. Négligeable. Seule différence, la bande-son qui, malgré tous les efforts, ne donne plus le change, particulièrement au-delà des 5.000tr/min, transformant l’espresso bien serré en café lungo…

Du plaisir, toujours
Le downsizing ne doit pas provoquer de crainte pour autant. En effet, la Ghibli reste avant tout une Maserati et sait donc se montrer expressive, probablement plus que toute autre berline de cette taille (4,98m) et de cette catégorie. Car c’est de l’imperfection que naît la passion. Certes, la belle Italienne se montre calme et rassurante, rappelant à tout moment qu’elle n’est pas une sportive, mais une GT. Toutefois, elle ne se départit pas pour autant de la griffe «maison» par le biais d’une suspension plutôt souple la rendant naturellement mobile à la demande. En clair, elle reste une propulsion pur jus qui n’a rien d’aseptisé. Ce caractère s’apprécie au quotidien, car il est aux antipodes de ce que prônent les soi-disant bien-pensantes berlines allemandes…

Mise à niveau conjointe
Sept ans. C’est déjà la longue carrière que possède la Ghibli et ce, sans vraie mise à jour (tout au plus l’une ou l’autre petite amélioration). L’introduction de la version hybride devait donc être accompagnée d’un vrai changement intérieur. Et c’est le cas, avec un nouvel écran d’infodivertissement dont la taille passe de 8 à 10 pouces et qui accueille, enfin, une interface CarPlay/Android Auto. Ce n’est pas tout! Navigation et systèmes audiovisuels se montrent aussi plus fluides qu’auparavant. Les suspensions pilotées s’avèrent désormais livrées de série, tout comme les éléments de sécurité passive (reconnaissance des piétons, avertisseur de collision, etc.). S’agissant d’une prestigieuse, il reste malgré tout quelques options au catalogue.

Plus étonnant, Maserati excelle là où on ne l’attendait pas: les systèmes d’aide à la conduite. Introduites il y a quelques mois, ces aides se sont déjà avérées plus pratiques à utiliser que celles des autres constructeurs, et non des moindres (Audi, BMW, Mercedes et même… Volvo). Mais ce qui force l’admiration, c’est leur fonctionnement se révélant parfaitement efficace et non intrusif. S’agissant d’une Maserati, il ne faut toutefois pas en demander trop: le système d’assistance se coupe au-delà des 145km/h ou lorsqu’on lâche le volant plus de 15s.

Rude concurrence
Il va de soi que la Ghibli n’aura pas la tâche facile. Devenir hybride est déjà un signe de bonne intention, mais il est évident que le public attend plus, notamment ce qui se fait déjà chez… les Allemands comme les hybrides rechargeables. Néanmoins, on l’a dit, bien que cette technologie existe déjà au sein du groupe Fiat/Chrysler, il aurait été trop long de l’adapter pour Maserati. En outre, une autre donnée doit désormais être prise en considération, à savoir la fusion avec le groupe PSA et les potentielles synergies qui seront dégagées à terme entre les… 14 marques du groupe Stellantis. On verra alors ce dont Maserati est vraiment capable face à des rivales qui sont déjà hybrides rechargeables comme la Volvo S90 hybride rechargeable (72.000€ environ), la Mercedes Classe E (66.000€) ou la Porsche Panamera, cette dernière pratiquant un tarif toutefois nettement supérieur (116.000€).

La démarche de Maserati s’apprécie, et avec ses quelques modifications de bon sens, le modèle devient plus défendable d’un point de vue fiscal. Certes, il perd en caractère (de V6 à 4 cylindres), mais il ne renie pas ses origines et, en particulier, son inimitable ambiance, son exclusivité et son inénarrable spontanéité routière, dégageant un vrai plaisir au quotidien que presque aucune concurrente ne peut lui contester.

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