Sécurité de la garde: Liège vote la fin des déplacements nocturnes

La FLAMG vient de se prononcer, par 18 voix sur 19, pour la suppression de l’obligation de déplacement entre 22 et 7h. Dans une lettre ouverte au monde politique, la Fédération des associations de MG de Liège-périphérie réclame en outre la restitution des subsides PMG gelés par Maggie De Block et la mise en service d’un 1733 effectif. Elle propose une organisation «sur base de volontariat par des médecins correctement rétribués».

La FLAMG s’est réunie la semaine dernière en assemblée générale. Les représentants de 19 cercles membres (sur 22) y ont débattu des problèmes d’insécurité et de l’obligation de déplacement la nuit. Le soutien au cercle de Saint-Nicolas, dans lequel s’est produit il y a trois semaines une énième agression nocturne vis-à-vis d’un généraliste, est «inconditionnel». Ce cercle, pour rappel, a décidé – et prévenu la CMP – qu’il ferait l’impasse sur les visites à domicile entre le coucher et le lever du soleil, tout en assurant la continuité des soins via la gestion des appels téléphoniques.

La FLAMG dresse l’inventaire, à l’attention des décideurs, de tout ce qui accroît la pénibilité et la dangerosité (pour le médecin lui-même et pour ceux qu’il est supposé soigner avec lucidité) de la garde.

La liste commence, sans surprise, par le dossier PMG. «Madame De Block a retiré en octobre 2015 les subsides pourtant votés, attribués pour 2015 et 2016 et scellés dans un accord gouvernemental et un accord médico-mutualiste pour ouvrir des postes de garde (PMG), et ce, après 1 ½ an de travail volontaire acharné des cercles pour créer ces PMG dans toute la province de Liège.» Et la FLAMG de rappeler la bien connue spirale vicieuse de la désaffection: des PMG auraient permis de travailler dans de meilleures conditions médicales et de sécurité. Le doute qui pèse sur leur avenir décourage les jeunes et pousse vers la retraite anticipée les plus âgés. La diminution des forces vives ne fait qu’augmenter la fréquence des gardes et ce, alors que la moyenne d’âge de ceux qui les assurent encore avance.

Les MG, des surhommes?

La FLAMG attire l’attention du monde politique sur une conséquence néfaste de cette fréquence: elle rend «inaptes à un travail de qualité les médecins obligés d’assumer 36 heures de travail d’affilée». Une durée qui est jugée «inacceptable pour toute autre profession dont dépend la sécurité d’autrui», comme par exemple les pilotes d’avion ou conducteurs de train.

Il y a une autre composante de la garde MG que la société n’admet pas pour d’autres métiers: l’insécurité de l’environnement de travail. La FLAMG cite la police [le commissaire de la zone de police de Saint-Nicolas a admis son impuissance à protéger les médecins en visites, ndlr]: «C’est folie d’obliger une personne seule à se déplacer la nuit alors même que cela est interdit pour les policiers qui doivent être deux et armés afin s’assurer leur sécurité.»

Tandis que le tri 1733 sous responsabilité de l’état promis pour Liège n’arrive toujours pas (d’après la FLAMG sans qu’on sache pourquoi et sans que cela semble préoccuper les autorités responsables), le dispatching créé sous l’impulsion du corps médical au CHU [ou tri Salomon, ndlr] questionne, de par ses statistiques de fonctionnement, la nécessité de mobiliser tant de MG en nuit noire. «Il n’y a que 0,22 appel de nuit pour 100.000 habitants et cela nécessite pourtant la mobilisation nocturne d’un grand nombre de médecins disponibles au stress croissant.»

Sécurité et volontariat

Au final, la FLAMG prévient que 18 sur 19 représentants ont voté «la suppression de l’obligation de déplacement de 22h à 7h». Peu après que Namur ait tiré le signal d’alarme pour prévenir que sa garde semaine allait basculer (lire ici), Liège exige qu’on rende à la profession les subsides PMG et qu’on généralise enfin le 1733. «La garde de médecine générale ne pourra se perpétuer que si nous pouvons l’exercer dans de bonnes conditions de sécurité et sur base de volontariat par des médecins correctement rétribués.»

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