Réseaux de PMG à Liège: quand le cabinet bloque

Fin octobre, au GT «garde» de la médico-mut, un projet de couverture de la province de Liège via deux réseaux de postes a été favorablement accueilli par médecins et OA. Néanmoins, ce vote positif a été suspendu par le représentant du cabinet De Block. L’ABSyM proteste. Le Fag wallon, qui a coconstruit le projet avec les cercles locaux, s’étonne. Tout dans le dossier collait pourtant avec la vision ministérielle. Pourquoi cet ajournement?

Le modèle envisagé consistait en deux réseaux de PMG: d’une part, celui de l’Agef-DG (le cercle de l’Est francophone + les cantons germanophones), de l’autre un second réseau, à créer, couvrant le reste de la province, soit pas moins de 810.000 habitants.

Par la voix du Dr Pierre Zaeytydt, le MG vice-président de la Chambre syndicale des provinces de Liège et de Luxembourg, l’ABSyM déplore que, alors que l’ensemble des participants au GT garde avaient marqué leur assentiment sur la copie, le représentant de Maggie De Block ait «souhaité suspendre cette décision pour en reparler lors de la prochaine task force», supposée se tenir «prochainement au cabinet». L’ABSyM espère qu'une décision sera prise rapidement car elle «connaît la difficulté de fédérer, autour d’un même projet, un nombre aussi important de cercles».

«Sur les 64 cercles wallons, 28, en effet, sont à Liège», confirme Guy Delrée, le président du Fag. Un vrai patchwork. Le Fag s’emploie depuis 2014 à amener les cercles du coin à repenser l’organisation de la garde sur toute la province, en transcendant si nécessaire leurs frontières et en considérant l’option PMG. «C’est de cette dynamique qu’ont découlé, au fil du temps, diverses initiatives comme la Gol (la garde de l’Ouest liégeois)», situe le Dr Delrée, «et des contacts entre cercles limitrophes pour discuter rapprochement – des scénarios étaient à l’étude englobant Huy ou le Condroz, par exemple.» Il y avait également un solide projet en gestation avancée, appelé MG2, cite encore Guy Delrée, consistant en une extension du système construit autour du poste d’Aywaille avec ouverture d’un second poste à Fléron.

7/7/17, le tournant

Jusque-là, tous les responsables locaux raisonnaient par tranche de 100.000 habitants à desservir, poursuit Guy Delrée. Mais quand le 7 juillet, après des mois d’audit et de silence radio, la ministre a invité la profession et présenté sa note sur la nouvelle politique des PMG, qui inclut l’idée de clusters de 400.000 habitants, leurs solutions sont devenues non recevables.

Le Fag a acté la nouvelle donne, remis sa copie sur le métier en «prenant de la hauteur» pour s’y plier, en diffusant la vision ministérielle auprès des MG. A coup de simulations, il a arrêté une série de scénarios, à titre d’hypothèses de travail qui alimentent la réflexion dans les cercles. «Il y en a 7, qui redivisent toute la Wallonie en bassins de 400.000 patients, avec des variantes potentielles», indique le président.

800.000 habitants et deux demandes

Le projet liégeois mis entre parenthèses par l’équipe De Block faisait partie de la collection. Il avait été présenté à tous les cercles locaux à la faveur de trois réunions, puis discuté, retouché, avalisé… pour être introduit à l’Inami. Un projet de grande envergure qui «avait la particularité de s’accompagner d’une double demande: d’une part, le financement d’une étude urbanistique pour localiser de façon optimale où implanter les postes, en tenant compte du travail de journée, des visites diurnes et de la nuit profonde sur l’ensemble de la zone, et d’autre part un budget pour un coordinateur de projet, à raison d’un temps plein pour un an.»

Que le projet soit ajourné sine die par l’équipe de Maggie De Block alors même que Liège fait partie des dernières zones wallonnes moins fournies en PMG (la Wallonie est globalement desservie à 94%, la province de Liège est à la traîne avec 75% seulement) et que les MG avaient veillé à se conformer à la note de cette dernière surprend désagréablement le Fag. «D’autant que le modèle envisagé a de la pertinence pour les MG – la récurrence des gardes descend –, et est synonyme d’organisation plus professionnelle et d’économies d’échelle. J’avoue que je ne comprends pas la raison de cette décision. Je n’ai pas entendu de réels arguments», regrette Guy Delrée. «A la limite, on s’est tellement bien conformé aux dernières directives en date que je me serais plutôt attendu aux félicitations du jury…», ironise-t-il.

D’un blocage à l’autre

Le président du Fag espère évidemment qu’à la prochaine réunion de la task force, l’affaire s’éclaircisse et le dossier reprenne son cours. Comme du reste, celui du financement du coordinateur régional de la garde pour la Wallonie, Charles Daffe, un élément clé dans l’élaboration de tous ces projets. «Nous n’avons toujours pas reçu des autorités le premier euro permettant de payer notre salarié en 2017.»

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