Guidelines du KCE: donnez votre avis!

Le Centre fédéral d’expertise ne se berce pas d’illusions, les documents qu’il produit – parmi lesquels des guides de bonne pratique – restent mal connus d’une partie des professionnels de santé. Et a fortiori mal appliqués. Pourtant, parce que leur développement est long, ardu et cher, il serait dommage qu’ils prennent la poussière. Le KCE lance donc, ce mois-ci, une enquête on line auprès des médecins (entre autres prestataires de soins): que voudraient-ils trouver comme contenu dans un guideline, et par quel canal le message doit-il leur parvenir?

Est-ce le constat d’une sous-consultation des guidelines disponibles sur ses pages web qui a poussé le KCE à l’action, ou des indices laissant penser qu’elles ne sont guère suivis? «Nous nous fondons sur des constats ponctuels, tirés de contacts avec le terrain: souvent, nos produits – rapports mais aussi guidelines – sont peu connus. On s’inquiète donc de la diffusion et de l’usage des guidelines. C’est l’efficience de tout leur processus de développement qu’on questionne ici», justifie Raf Mertens, directeur général du KCE.

L’enquête porte non seulement sur le fond mais aussi la forme des recommandations. «A côté du guide de bonne pratique – classiquement un gros fascicule papier qui balaie toute la prise en charge d’une pathologie –, on voit émerger des outils plus interactifs. Je pense par exemple à EBMPracticeNet, qui travaille sur des mots-clefs directement dans le dossier médical informatisé, avec des signaux d’appel qui surgissent dans de petites fenêtres. C’est une approche différente du gros fascicule, avec une info parcellaire mais plus contextuelle. Ces solutions techniques ouvrent des possibilités, à la condition que le médecin accepte cette ‘intrusion’ dans sa consultation et son dossier.»

Voyager (vite et) léger

Le KCE suit d’ailleurs cette logique de messages moins complets et plus sporadiques. Les guides en version intégrale fourmillent de notions certes importantes (niveaux de preuve, etc.) pour étayer le bien-fondé scientifique de telle recommandation. Mais d’un autre côté, ils «retardent» l’accès à l’info, à la consigne pratique applicable en consultation. Dernièrement, le centre a sorti des guidelines à un seul angle: une percée scientifique, une méthode innovante, une révision. «On s’inscrit davantage dans des actualisations, pas la reproduction intégrale de guidelines existants. Notre enquête vise à transformer les recommandations expert-driven, avec déversement top down de théorie sur les praticiens, en du ‘clinician demanded’. Notre question centrale aux médecins, c’est: ‘Qu’est-ce qui peut vous aider au mieux dans votre pratique?’ »

L’enquête ne vise pas que les MG, mais aussi les spécialistes et des professions comme kinés, infirmiers, sages-femmes…

10 minutes de contribution

L’enquête du KCE consiste en un questionnaire en ligne avec une majorité de cases à cocher, et quelques champs ouverts pour développer. Après les traditionnels renseignements pour situer le répondant (discipline, âge, type de pratique…), le KCE s’intéresse à la perception des guidelines, la fréquence d’usage que le participant en fait, les sources auxquelles il s’abreuve si une question surgit dans sa pratique… Il s’arrête sur le support qui aurait sa préférence (papier, format électronique statique (un pdf) ou interactif (des menus conceptuels), voir intégré à son DMI, avec des alertes, des aides à la décision…), et sur le degré d’approfondissement souhaité (un tout balayant dépistage, diagnostic, traitement et suivi ou bien une question clinique unique, voire une mise à jour). Il explore ce qui incite ou freine le recours aux guidelines (qu’ils soient en anglais, «importés», multidisciplinaires…), les détails jugés nécessaires quant à son développement (force de la recommandation, niveaux de preuve, conflits d’intérêt…). Enfin, il se penche sur les outils qui seraient utiles pour l’emploi du guideline (un arbre décisionnel, une formation en ligne à son application, une brochure de vulgarisation pour les patients…).

Bref, si vous n’êtes pas enthousiasmé par le moule actuel des guidelines, c’est le moment de le faire savoir. L’enquête, anonyme, s’est ouverte le lundi 5 septembre, sur www.kce.fgov.be. Le KCE prévoit des smart watches ou des repas gastronomiques pour récompenser d’heureux participants désignés par le sort.

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