Organes décisionnels ou d’avis Covid-19 : 8 généralistes sur 10 regrettent une sous-représentation

Sent-on, dans les décisions récentes, que le monde politique a tiré des leçons de la 1ère vague? Les MG se montrent plutôt dubitatifs. Pour pouvoir gérer au mieux une recrudescence de l’épidémie, ils ont des attentes vis-à-vis des autorités. Par exemple, ne pas voir leur expertise snobée.

À 82%, les généralistes francophones trouvent que leur profession n’est pas bien représentée dans les organes décisionnels ou d’avis entourant les décideurs dans le cadre du Covid. Par ailleurs, à 41%, les répondants estiment que le monde politique n’a pas suffisamment appris de la crise, et 12 autres % qu’il n’a pas appris du tout. Pour 38%, il a appris «un peu».

«Il a fallu s’imposer»
«La médecine générale a été écoutée un peu plus qu’en temps normal – car une caractéristique du règne de Maggie De Block est de n’avoir pas écouté et d’avoir extrêmement peu rencontré», estime Thomas Orban. Mais il a fallu mettre le pied dans la porte, nuance le président de la SSMG et du Collège, qui partage ici un avis personnel. «On a donc été invités, mais à notre demande, par exemple auprès du RAG, le Risk Assessment Group, qui remet des avis au Risk Management Group. Je n’ai pas entendu les politiques dire: ‘on veut des MG parmi ceux qui nous conseillent’. Pourtant, nous sommes les professionnels ayant l’expertise de gérer les soins de santé sur le terrain. Avec tout le respect que j’ai pour eux, les virologues parleront du virus. Nous, nous avons une connaissance concrète de l’épidémie et de ses conséquences – car ce n’est pas qu’un problème sanitaire, c’est un problème sociétal, économique, psychologique… Cette vision large ne nous a pourtant valu qu’une reconnaissance étroite du politique.»

«Malgré le contexte chaotique, l’impréparation manifeste et l’absence de plan de crise, la profession a montré qu’on pouvait compter sur elle, encore une fois», renchérit Paul De Munck (GBO). «Elle a pris les choses en mains, s’est organisée – je songe par exemple à la cellule Covid du Collège. Maintenant, c’est aux pouvoirs publics de lui accorder en retour des ressources financières appropriées. Quand les gens ne comprennent pas une consigne, une mesure sanitaire, qui appellent-ils? Leur généraliste! C’est pourquoi celui-ci devrait être l’interlocuteur le mieux informé et le plus soutenu. On ne pourra pas éternellement faire appel à lui sans le doter de moyens de fonctionnement.»

Un commandement unique, svp!
À noter encore qu’à la question de ce qu’ils attendent des autorités pour pouvoir gérer au mieux une 2e vague, les participants à notre sondage sont nombreux à évoquer des messages clairs et courts tant vers les professionnels que vers le public, avec une stabilité maximum dans le temps. Ils semblent aussi avoir soupé de la lasagne institutionnelle belge dans le domaine de la santé, aspirant à n’avoir qu’un capitaine à bord, de type «commissaire corona», veillant à l’uniformité des décisions, et moins de ministres de tutelle. Figure aussi dans leurs attentes celle de voir leur bon sens de praticiens davantage écouté.


Lire aussi:
> Sondage exclusif: Etes -vous prêt(e) pour une seconde vague? C’est «non», pour plus d’un généraliste francophone sur 3
> 62% de MG favorables à la poursuite de la téléconsultation
> Respect et compréhension des gestes barrières: des indices d’une lassitude qui s’installe chez les patients
Usure physique et émotionnelle aussi du côté des spécialistes

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.