Sondage exclusif: Etes -vous prêt(e) pour une seconde vague? C’est «non», pour plus d’un généraliste francophone sur 3

4 généralistes francophones sur 10 n’ont pas suffisamment rechargé leurs batteries après la 1ère vague de Covid. Quasi 1 sur 3, d’ailleurs, n’a pas (encore) pris de vacances cet été. Seuls 28% s’estiment en mesure de s’investir avec la même implication qu’au printemps dernier en cas de regain de la pandémie. C’est là quelques-uns des enseignements du sondage exclusif mené par Medi-Sphere durant le mois d’août.

Visiblement, les généralistes ne sont pas remis du printemps tristement inédit que l’on a traversé. Même si 58% ont bouclé leurs valises cet été, ils sont 75% à répondre qu’ils n’ont pas récupéré physiquement et mentalement – ou du moins «pas suffisamment» (Figures 1-4) – depuis la fin de la 1ère vague. Quand on leur demande s’ils sont d’attaque pour s’investir avec autant d’énergie au besoin, 65% répondent en mode bon petit soldat «non, mais il le faudra bien». Pour 7%, c’est «non» tout court.

Grosse fatigue
Plus d’un tiers (36%) des participants déclarent qu’ils ne sont pas prêts pour une 2e vague. En cause? L’explication qui domine les contributions des MG à cette question ouverte est la fatigue. La fatigue physique et nerveuse due à la surcharge logistique, à la disponibilité XXL au cœur de la crise et à l’intensité de l’activité actuelle alors que l’été permet d’habitude de souffler. Avec des conséquences sur la vie privée. «Mes enfants me manquent, ma vie sociale me manque, je me sens épuisée», résume une participante. Les réponses reflètent aussi une anxiété rampante, alors qu’approchent la mauvaise saison et son cortège d’infections respiratoires. Le cumul avec le Covid effraie.

Si l’on fait fi de cet épuisement, les MG disposent-ils de tout le nécessaire pour affronter un regain de cas (protections, écouvillons, consignes, garanties de financement…)? Non, d’après 58% des participants francophones. Signalons au passage qu’ils se distinguent ici de leurs homologues flamands, chez qui le «oui» l’emporte à 69%. Qu’est-ce qui fait défaut au sud? Les éléments principaux qui arrivent au coude-à-coude dans les réponses sont, d’une part, des consignes claires, cohérentes et réalistes (qu’on les appelle guidelines, directives, instructions, procédures…) notamment en matière de testing, et de l’autre l’équipement (de protection individuel et de prélèvement). Reviennent également des attentes d’ordre financier (garanties de financement de prestations de tri, par exemple) ou encore le souhait d’une simplification du volet administratif. Un répondant a d’ailleurs confié que ce qui lui manquait, c’était un(e) secrétaire.

Cocktail délétère
Le constat le plus marquant, pour David Simon (ABSyM), est l’épuisement des troupes. Marquant mais pas surprenant. D’expérience, il sait que s’accorder quelques congés n’empêche pas, à peine rentré, d’être à nouveau happé par «le stress inhérent à la pratique au temps du corona». Une pression inhabituelle, permanente, «due à une épidémie dont on ne voit pas le bout». Entrent en jeu la réorganisation des cabinets (par exemple pour travailler sur rendez-vous), les désinfections répétées entre chaque contact, le port des équipements de protection et les précautions supplémentaires face aux cas suspects, les appels de patients frottés en quête de résultats, la tâche de testing que l’automne va vraisemblablement intensifier – «on cherche d’ailleurs des solutions ‘RH’ pour que des infirmiers effectuent et encodent les frottis nasopharyngés» –, et l’angoisse d’être soi-même infecté.

Un autre stress se greffe à ce tableau, ajoute le Dr Simon: «Les procédures officielles fournies par Sciensano sont absconses. On doit les relire plusieurs fois pour les comprendre. Il faudrait les épurer du superflu pour en tirer un résumé schématique avec les infos importantes sur les tests et les quarantaines.» Quant aux EPI, masques FFP2 en tête, c’est «une préoccupation récurrente, en fonction du marché. Les gants, en juin, étaient devenus introuvables par exemple. Cela ajoute à l’anxiété des MG: le stock reçu des autorités suffira-t-il? Il leur faut déjà anticiper les ruptures d’approvisionnement si ça reflambe.»



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Usure physique et émotionnelle aussi du côté des spécialistes

  • Méthodologie du sondage
    Sondage mené par les journaux Medi-Sphere et Le Spécialiste durant le mois d’août, par voie électronique. Quasi 900 généralistes y ont participé, dont 426 francophones. Parmi ceux-ci, 53% sont de sexe masculin, le groupe d’âge 56-65 ans y est le plus représenté, et 71% exercent en solo. Quant aux confrères spécialistes, ils ont été près de 1.000 à participer au sondage. Les résultats seront publiés dans la revue papier Medi-Sphere du 23 septembre 2020, ainsi que les noms des gagnants de notre tirage au sort.

    Le sondage, élaboré lors du durcissement des mesures de fin juillet-début août, recourt plus d’une fois à l’expression «2e vague». Pour toute clarté, une partie des répondants ont signalé que, d’après eux, elle n’aurait pas lieu.

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Derniers commentaires

  • Ailean Vergean

    17 septembre 2020

    La pandémie étant terminée, je ne comprend pas ce genre d'article et enquête à par maintenir le catastrophisme.