Euthanasie : la SSMG va (bientôt) épauler les généralistes

Il y a peu, la SSMG annonçait vouloir créer une cellule spécifique consacrée à l'euthanasie. Elle recherche des consœurs et confrères motivés pour la rejoindre, et, par exemple, alimenter une bibliothèque en ligne sur le cadre légal de l’euthanasie (documents tels la demande manuscrite, le formulaire d’enregistrement, ou un vade-mecum du matériel et des produits…) mais aussi constituer un pool de médecins disposés à prêter main forte à d’autres MG moins expérimentés. Coup de zoom sur l’initiative. 

Comme l’explique le Dr Quentin Mary, nouveau président de la SSMG, la personne appelée à concrétiser ce projet, qu’elle a d’ailleurs présenté tout récemment à la ‘convention des cadres’, le 5 février dernier, est le Dr Jean-Marie Guiot, « MG ayant cessé d’exercer fin mars 2020 tout en poursuivant son rôle de soutien, de ‘professeur’ auprès de consœurs et confrères de sa région - à savoir le Namurois. Le Dr Luc Sauveur, MG exerçant localement en milieu hospitalier et interlocuteur de référence dans le domaine a pris sa retraite en 2018. Depuis, les MG confrontés à une demande d’euthanasie qui faisaient régulièrement appel à lui ne savaient plus vers qui se tourner. Le Dr Guiot s’est investi, avec quelques collègues, pour leur offrir soutien et conseils, les accompagner dans le suivi des demandes d’euthanasie à domicile ou en MRS. »

Quentin Mary poursuit son portrait express: « le Dr Guiot a suivi la formation End Of Live (EOL) organisée annuellement depuis la dépénalisation, en 2002, par l'ADMD, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, et l'Institut Bordet, et a été convié comme orateur dans de nombreux dodécagroupes et glems du namurois. »

Un rythme très prometteur

On sent le Dr Guiot ravi de voir que sa proposition de monter cette cellule de référence ait été entendue et soutenue - et aussi prestement ! - par la SSMG, qui offre son soutien logistique. « Soyons toutefois bien clair vis-à-vis de vos lecteurs, les choses sont sur les rails et ce, à un rythme très prometteur, mais tout est encore à construire », indique-t-il. « La cellule ambitionne de devenir opérationnelle dans les tout prochains mois ». 

En 2 ans, Jean-Marie Guiot a été sollicité à plus de 70 reprises - qui toutes n’ont pas abouti à une euthanasie - dans diverses communes de sa province, dont environ pour moitié dans son rôle de garde (Namur, Andenne, Floreffe, Profondeville). D’après son ressenti, il y a aussi une pénurie en confrères expérimentés en mesure d’épauler, dans d’autres provinces aussi des demandes peu fréquentes (1 décès sur 50 selon les dernières statistiques belges). « Mais cet accompagnement se doit de répondre à des critères légaux stricts, un protocole rigoureux, un accompagnement humain énergivore et comporte une charge mentale non négligeable. Je me suis dit qu’il fallait nous-mêmes monter au créneau, comme généralistes. Et quel giron plus fédérateur, plus susceptible d’atteindre la profession pour ce faire que la SSMG ? » 

« La loi de 2002 reste mal connue du public », ajoute encore ce retraité manifestement très actif, « et aussi de certains praticiens qui sont persuadés que ‘tout est en ordre’ dès lors qu’une déclaration anticipée est enregistrée à la commune. En réalité, celle-ci ne donne accès à l’euthanasie que si le patient est définitivement inconscient (cela ne concerne donc pas les états confus comme la maladie d’Alzheimer). »

90% des MG favorables à une assistance dans le namurois

Il y a eu, entre 2018 et 2019, + 12,6% d’euthanasies soit 2.656 en 2019, 1 décès sur 50 sur un total de 108.745 (des chiffres sous-évalués car toutes les euthanasies ne sont pas déclarées) (*) ; 46% d’entre elles ont lieu à domicile, 37% à l’hôpital – au total, avec les MRS, ce sont 6 fois sur 10 les MG qui sont concernés ; 99% sont pratiquées sur base d’une demande actuelle, 1% d’une déclaration anticipée; 84% des décès étaient prévus à brève échéance (jour(s), semaine(s) ou mois) et à 79% des cas  les affections à l’origine de la demande sont des cancers avancés, 

Quelques chiffres tirés de l’expérience personnelle du Dr Guiot dans son rôle de garde : 

  • « A quelle fréquence suis-je interpellé à propos de l’euthanasie ? » : à 38% une fois par an ou moins, à 48% plus d’une fois par an
  • « Qui donne le 1er avis ? » à 70%, le médecin traitant
  • « Qui réalise l’acte ? » à 52%, le médecin de la consultation de fin de vie, à 16% le médecin traitant, à 15% un confrère généraliste, à 15%, un confrère d’une unité résidentielle

Lors d’un coup de sonde que le Dr Guiot avait effectué en 2019 avec le Rassemblement des Généralistes Namurois (190 MG sollicités) à la question « Les MG locaux ressentent-ils le besoin d’un réseau de médecins formés et disposés à les accompagner dans la démarche d’euthanasie ? » 90,6% ont répondu oui sur 53 participants…  mais 15% seulement disposés à s’y investir !

> En pratique : la personne de contact à la SSMG qui centralisera les contacts durant la création de la nouvelle cellule est Mme Cristina Garcia (cristina.garcia@ssmg.be).

(*) source : le 9ème rapport (2018-19) aux Chambres de la CCEE, la Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie

Lire aussi:

Euthanasie: 80% des généralistes ont déjà été sollicités

Près de 2.500 euthanasies déclarées l'année dernière en Belgique

Euthanasie: 94% des généralistes réclament une formation

> Euthanasie : faudra t-il bientôt accepter les demandes motivées par la preuve génétique ?

Euthanasie des patients en souffrance psychique : actualisation des directives déontologiques (Ordre)

 

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.