Masques en grande surface : les pharmaciens indignés demandent des comptes

Tant du côté francophone que néerlandophone, les pharmaciens sont scandalisés que « des masques soient trouvés si facilement alors qu’on en a cherché pendant deux mois. » Ils réclament les bons de commande

L’annonce ce week-end du gouvernement et de Comeos que des masques seront bientôt disponibles dans les grandes surfaces en grande quantité a soulevé une vague d’indignation du côté des pharmaciens. Sur les réseaux sociaux, une pharmacienne de Namur s’indigne : « Comment vais-je expliquer à mes patients, cette arrivée de masque comme par magie alors que je leur disais que nous ne pouvions leur vendre ces précieux masques que par 5 pièces ! »

Des preuves

Cette question, de nombreux pharmaciens, se la pose et l’administrateur délégué d’EPC Familia, Jean-Paul Knaepen, aussi. Il intervient dans le débat à titre personnel : « C’est un vrai problème !  Je tiens un comité de crise Covid depuis le 6 mars. Sans discontinuer, nous avons le point "approvisionnement en masques" : FF2, puis chirurgicaux, puis tissus… A chaque fois, notre acheteur comme les acheteurs du secteur et des hôpitaux, des maisons de repos, des institutions diverses (maladie mentale, protection de la jeunesse, prisons,...) éprouvent des difficultés à en acheter... Et voilà que la grande distribution dispose de stocks massifs pour la population à des prix attractifs. » 

Les professionnels de première ligne

Ce débat sur la transparence est aussi mené en France alors que la grande distribution y a fait la même annonce. Comment la grande distribution a-t-elle pu avoir autant de masques ? Pour M. Knaepen, il faut des réponses urgentes : « On va se concerter avec les professionnels de la 1ère ligne pour émettre une réaction indignée et exiger la totale transparence envers les organisations professionnelles, les autres stakeholders (experts, pouvoirs publics) et la population.On réclamera les bons de commande, les bons de livraison, les marges... »

Pharmaciens asphyxiés

Il ne comprend pas cette gestion actuelle des masques : « Les pharmaciens sont considérés le plus souvent comme un mal nécessaire. Des vendeurs de boîtes sans valeur ajoutée que l'on va asphyxier pour céder progressivement le relais à la grande distribution, en vue de faire baisser les prix car la concurrence y est plus rude. »

En Flandre, Hilde Deneyer du Vlaams Apothekers Netwerk (VAN) parle même d'un «pied de nez à plus de 4.800 pharmaciens en Belgique.» Pour lui,  le supermarché n'est pas un bon endroit pour vendre des masques buccaux, car leur utilisation nécessite encore quelques explications. "Il faut m’expliquer comment les caissiers des supermarchés prendront le temps de donner une bonne explication sur la bonne utilisation des masques buccaux"...

Le groupe Febelco  regrette également profondément la décision du gouvernement de rendre les masques faciaux disponibles via les chaînes de supermarchés. La société, qui soutient 3000 pharmaciens indépendants (dont 2000 sont actionnaires) par ses idées de coopératives, doute fortement qu'une telle décision soit bénéfique pour le patient. Le timing montre également peu de respect pour les pharmacies et soulève beaucoup de questions.

"C'est une gifle pour les pharmaciens - qui ont été en première ligne ces dernières semaines - que le gouvernement ignore tout simplement leurs soins de santé primaires et préfère promouvoir les supermarchés comme canal de distribution." dénonce dans un communiqué le grossiste. 

De plus, le groupe Febelco s'est posé beaucoup de questions sur la succession des événements et la décision soudaine du week-end dernier : depuis des semaines, le gouvernement n'autorise la vente de masques faciaux chirurgicaux que dans les pharmacies, et ceci destiné à un public spécifique. Du jour au lendemain, elle est ouverte à la distribution par les supermarchés qui, en fait, ont déjà acheté en grande quantité et se sont mis d'accord entre eux sur le prix. Cela ressemble plus à un jeu de stratégie, alors que les pharmacies et les grossistes se sont approvisionnés pendant des semaines afin de fournir un service maximum.

A présent, il reste à Comeos à présenter ses bons de commandes pour remettre de l’ordre dans cette nouvelle cacophonie....

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