Pour la SSMG il existe entre les discours des autorités sur le déploiement de l’e-santé et le quotidien des médecins généralistes un véritable fossé.
La SSMG a pu en sonder la profondeur grâce à son initiative e-Crash: un point de notification des problèmes rencontrés par les MG dans l’usage quotidien de logiciels médicaux et des e‑services qu’ils sont supposés employer. La frustration est grande. Mandatée par le Collège de médecine générale, la SSMG a exposé ses constats, lundi, en commission nationale médico-mutualiste. Elle a également exprimé ses inquiétudes quant à la portée du consentement éclairé à l’échange électronique de données. La SSMG redoute enfin que le plan e‑santé, qui se construit anarchiquement avec des retards, des doublons, des contournements, ne soit voué à l’échec. Elle contre-propose avec des modifications de technologie, d’architecture et de gouvernance.
La SSMG se défend d’être «anti-informatisation» et d’avoir lancé «e-Crash» dans un esprit d’immobilisme. Elle dit vouloir supporter le rôle et la fonction du médecin généraliste dans le paysage belge des soins de santé. Elle est persuadée «qu’une informatique médicale bien pensée est à même de seconder utilement le généraliste et de soutenir les processus d’amélioration de la qualité des soins».
Mais pour le Dr Vincent Parmentier, responsable de la cellule e-santé de la SSMG, le plan e-Health belge souffre d’une malformation congénitale. «Maggie De Block répète souvent que l’e-santé, c’est l’avenir, en dépit des maladies de jeunesse que peuvent rencontrer ses systèmes. Cela vaut peut-être pour les problèmes des services e-Health, mais les problèmes au niveau des DMI, des messageries, de l’architecture et de la gouvernance sont structurels. Sur ces plans, ce ne sont plus des maladies de jeunesse, mais une vraie malformation congénitale.»
Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain? En marge des problèmes rencontrés par chaque MG individuellement, la SSMG nourrit les plus grands doutes quant au fait que le plan e-santé tel qu’il se déploie actuellement puisse être un succès.
«Le déploiement de l’e-santé est sur toutes les lèvres, gage de modernité dans l’organisation des soins de santé, mais il n’y a rien de moderne dans les outils de l’e-santé belge», dénonce la SSMG. «Ils deviennent obligatoires, mais ils ont un niveau amateur.» «Ils obligent le médecin à consacrer une partie de son temps, qui devrait être du temps médical, à tenter de résoudre les faiblesses de systèmes», poursuit la SSMG. «En résumé, les médecins généralistes subissent une mauvaise informatisation.»
Pour la SSMG, des solutions existent moyennant des adaptations en termes d’architecture, de technologie, de standards, d’interopérabilité… associées à une gouvernance unique, avec un architecte responsable.
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