Coronavirus : les infirmièr(e)s à domicile, grands oubliés des plans officiels ? 

Alors qu’ils constituent des acteurs majeurs de la première ligne de soins, assumant qui plus est du travail itinérant, les infirmièr(e)s à domicile sont les grands oubliés des plans de riposte au Covid-19, se désole Damien Nottebaert, président de la CIFI, la Coupole des infirmiers francophones indépendants. Il réclame d’urgence un dialogue avec les autorités sanitaires et des recommandations validées pour ses collègues. 

« Nous en sommes, ce mercredi midi, à 23 cas confirmés d’infections au Covid-19. Nous nous situons à deux pas de la France, foyer avéré. Et nous avons à l’échelle du pays 32.000 infirmières - la profession est surtout féminine - qui vont chaque jour soigner les gens chez eux, dont les 2/3 sont des indépendantes. Nous sommes des prestataires qui, parmi tous ceux de la 1ère ligne de soins, ‘bougeons’ énormément. Imaginez que ces 32.000 prestataires fassent, en moyenne, des tournées de 20 visites à domicile par jour. Cela fait 640.000 contacts avec des patients, sans compter les proches côtoyés par la même occasion. En dépit de cette proximité de tous les jours avec une population parmi laquelle on découvrira de toute évidence de nouveaux cas, nous n’avons à aucun moment été approchés, en tant qu’association professionnelle, par les autorités, ni fédérales ni régionales. »

Or, reprend le président de la CIFI, « il y a un climat phobique, peut-être pas généralisé mais en croissance, qui s’installe tant parmi les patients que parmi les infirmières. » Celles-ci ont selon lui besoin d’être correctement informées et, même s’il n’est pas sans ignorer la pénurie de masques, correctement équipées « pour se protéger et ne pas devenir elles-mêmes des vecteurs de contamination de maison en maison ». 

En attente de guidelines spécifiques 

Damien Nottebaert réclame une rencontre avec les autorités politiques et sanitaires, tant au plan fédéral que régional bruxellois, wallon et germanophone, de façon à discuter des procédures à appliquer sur le terrain. « Bien sûr, la situation et les connaissances sur le virus évoluent de jour en jour. Mais je voudrais au moins pouvoir transmettre à la profession des recommandations de bonne pratique. Les infirmières devraient recevoir des consignes spécifiques sur des questions comme : ‘lors de ma tournée, je constate qu’un patient présente tous les signes d’une infection au Covid-19, que dois-je faire ? Vis-à-vis de lui, de ses proches ? Et de moi-même, si par exemple je suis entrée chez lui en ignorant son état et sans équipement particulier ? Suis-je supposée par précaution cesser mes activités durant 14 jours ?’  - ce qui, soit dit en passant, n’est pas évident pour un indépendant. »

D’après notre interlocuteur, en Flandre, la VBZV (la Vlaamse Beroepsvereniging Zelfstandige Verpleegkundige, ndlr) va incessamment rencontrer le cabinet de Wouter Beke, le ministre régional de la Santé. 

Lire aussi : Coronavirus : les maisons de repos et de soins n’ont reçu aucune recommandation spécifique (Fémarbel)

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    05 mars 2020

    Confrontée à la "crise du CIDEX", en 2001 (ce désinfectant hospitalier essentiel avait été malencontreusement remplacé par de l'aqua simplex dans un grand nombre de bidons fournis et hélas utilisés pour "désinfecter" des endoscopes... Hépatites, tuberculose, plus de cent contaminations!), la ministre de l'époque, une "verte" flamande, Mme Magda Aelvoet, s'énerva et s'écria que cette histoire avait été inventée pour lui nuire!
    Et lorsque quelques années plus tard des poulets crevèrent par milliers après avoir reçu une nourriture industrielle frelatée, le même gouvernement attaqua le problème en épluchant les comptabilités des éleveurs et fournisseurs. Il fallut beaucoup de temps et de remue-ménage pour que l'on procédât enfin, bien tardivement, aux analyses des carcasses et des granulés.
    Rien n'a changé.

  • Charles KARIGER

    05 mars 2020

    Confrontée à la "crise du CIDEX", en 2001 (ce désinfectant hospitalier essentiel avait été malencontreusement remplacé par de l'aqua simplex dans un grand nombre de bidons fournis et hélas utilisés pour "désinfecter" des endoscopes... Hépatites, tuberculose, plus de cent contaminations!), la ministre de l'époque, une "verte" flamande, Mme Magda Aelvoet, s'énerva et s'écria que cette histoire avait été inventée pour lui nuire!
    Et lorsque quelques années plus tard des poulets crevèrent par milliers après avoir reçu une nourriture industrielle frelatée, le même gouvernement attaqua le problème en épluchant les comptabilités des éleveurs et fournisseurs. Il fallut beaucoup de temps et de remue-ménage pour que l'on procédât enfin, bien tardivement, aux analyses des carcasses et des granulés.
    Rien n'a changé.