Depuis 2014, l'économie belge se dissocie de celle de ses pays voisins, selon la BNB

Au cours de la période 2014-2021, les marges bénéficiaires des entreprises belges ont augmenté de manière significative, bien plus que dans les trois pays voisins que sont l'Allemagne, la France et les Pays-Bas. C'est ce qu'il ressort mardi d'une étude macroéconomique de la Banque nationale (BNB) portant sur la profitabilité des entreprises belges.

Ainsi, la marge bénéficiaire globale en Belgique est passée, en moyenne, de 43,2% à 46,4%, soit une augmentation de plus de 3 points de pourcentage. Cette tendance à la hausse contraste avec ce qui a été observé chez nos voisins. En Allemagne, la marge brute moyenne a en effet diminué de 1,9 point de pourcentage, tandis qu'ell e a légèrement augmenté en France et aux Pays-Bas, respectivement de 0,9 et 1,3 point de pourcentage sur la même période.

Malgré un contexte marqué par une accélération de l'inflation en zone euro, cette tendance positive a été observée dans les principales industries belges, que ce soit dans celle manufacturière (tirée notamment par la pharmacie, la chimie et les produits métalliques), la construction et les services marchands (immobilier, financier, assurances...).

Si la Belgique tire son épingle du jeu par rapport à ses pays voisins, c'est entre autres parce que, après la crise financière de 2013, l'écart entre les coûts salariaux (hors indexation) et la productivité horaire s'est fortement amélioré par rapport aux autres pays. Le gouvernement fédéral a en effet renforcé la position concurrentielle des entreprises belges à travers notamment le tax shift (glissement fiscal) qui a allégé les charges salariales. En conséquence, la productivité a augmenté plus rapidement que les coûts salariaux. Cet écart s'est progressivement creusé, entrainant une augmentation des marges bénéficiaires, qui s e sont établies à des niveaux plus élevés que dans les pays voisins. À partir de 2022, les marges se sont quelque peu tassées en Belgique, tout en restant à un niveau élevé. 

Cette augmentation des marges bénéficiaires ne signifie pas pour autant que les bénéfices engendrés par les propriétaires d'entreprises ont augmenté dans les mêmes proportions, nuance la Banque nationale, alors que l'accroissement des bénéfices des entreprises est souvent critiqué car il serait signe de "cupidité" et contribuerait à une inflation majorée responsable de l'érosion du pouvoir d'achat.

Ainsi, il n'a pas été question de "greeflation" (ou "cupideflation" en français), c'est-à-dire la pratique des entreprises consistant à gonfler leurs prix pour tirer profit de l'inflation. Pour arriver à cette conclusion, le service étude de la BNB a examiné le "déflateur du PIB", un indicateur économique qui exprime l'évolution dans le temps des prix de tout ce qui est produit dans l'économie. Et il en est ressorti que, pendant la période étudiée, l'augmentation des marges n'a pas contribué à l'inflation, a conclu Tomas De Keyser de la BNB.

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