Un rapide coup d’œil sur les nouveaux forfaits mensuels applicables en maison médicale à partir du 1er février 2024 laisse rêveur par rapport à ce que peut gagner un médecin généraliste travaillant à l’acte qui collaborerait avec un infirmier travaillant à l’acte lui aussi.
La maison médicale perçoit pour chaque patient chaque mois un forfait de 19,70 euros pour les prestations de ses médecins généralistes et de 18,54 euros pour celles de ses infirmiers. Cela leur permet d’atteindre un financement annuel de 458,88 euros par patient. Il n’est pas exagéré d’espérer qu’une maison médicale puisse desservir 1.000 patients, ce qui correspond à des rentrées de 458.880 euros par an. Cela va sans compter avec les suppléments pour le DMG et la majoration de ces forfaits en fonction de certaines variables telles que l’âge, le statut socio-économique et les données de santé.
De son côté, le médecin généraliste accrédité honoré à l’acte peut actuellement demander pour sa consultation 31,80 euros. S’il effectue trois consultations à l’heure, huit heures par jour, cinq jours par semaine et 44 semaines par an, il perçoit 167.904 euros par an. Les infirmiers avec lesquels il collabore ne sont rémunérés que lorsqu’ils prodiguent des soins. Cela ne concerne qu’une minorité de patients et rarement de façon continue. Si le médecin honoré à l’acte engage une infirmière et/ou une secrétaire médicale dans son cabinet, leur rémunération est à sa charge, tout au moins en grande partie.
Pareille inégalité est surprenante. Est-il démontré que le généraliste et l’infirmier honorés à l’acte offrent au patient une médecine de moins bonne qualité que ceux qui sont rémunérés au forfait ? L’étude du KCE de 2008 fut biaisée car elle ne prenait en considération ni le nombre de patients chroniques complexes ni celui de ceux qui sont incapables se déplacer au cabinet. Cette étude mériterait d’être reconduite avec plus d’objectivité.
Dans ces conditions, il est étonnant que, bien que fort peu nombreux, des médecins choisissent de s’engager dans le New Deal plutôt que d’ouvrir une maison médicale, grave erreur de calcul …
Par contre on comprend aisément qu’un nombre croissant de non-médecins et même à l’occasion d’investisseurs qui ne sont pas des professionnels de santé, se lancent dans la mise sur pied de maisons médicales. Ceux-ci n’accordent à leurs médecins qu’une rétribution horaire le plus souvent bien inférieure à celle qu’ils auraient en travaillant à l’acte. Le paradoxe est que le médecin généraliste qui pratique en maison médicale est moins bien rémunéré que celui qui travaille à l’acte alors que cette dernière pratique est moins bien financée que la première. Le solde comptable annuel n’étant pas rendu à l’INAMI (comme le font les cercles), ces structures thésaurisent des capitaux indus parfois impressionnants. Cherchez le sens.
> Prix et remboursements - Maisons médicales au forfait (Inami)
> Tarifs médecins - consultations et visites (Inami)
Derniers commentaires
Jean-Louis MARY
14 février 2024Si tous les généralistes du pays créaient chacun une maison médicale , Madame Moréale et Monsieur VDB seraient ravis qu'enfin les belges disposent d'une première ligne de qualité et non d'une "médecine de première ligne à la pratique obsolète", pas sûr qu'Alexia Bertrand , responsable du budget, apprécierait....