« L’ABSyM un géant efficace ... » (Dr Gilbert Bejjani)

Le Dr Gilbert Bejjani, vice-président de l’Absym et président de l’Absym Bruxelles, précise dans une tribune le rôle de son syndicat et présente les actions qu’il mène actuellement. 

Vu du terrain, de ma salle d’opération ou de mon cabinet de consultation, je peux me demander ce que font les syndicats médicaux. Ces « syndicats » ou plus correctement, ces associations représentatives des médecins auprès de l’Inami et du SPF Santé Publique, sont des groupements de médecins, quasi tous bénévoles et qui doivent suivre énormément de réunions pour défendre les praticiens mais aussi le projet qu’ils ont pour les soins de santé. Ces projets sont certes centrés sur le patient mais on peut les qualifier de plus en plus comme des projets ayant comme objectif le Quintuple Aim.

Il y a certes l’histoire et les débats internes, des générations qui se succèdent et un projet qui évolue, mais sur ce terrain syndical l’ABSyM reste un géant efficace. Il faut reconnaître qu’avoir des consensus sur le banc des médecins est d’une redoutable efficacité aussi, mais contrairement à certains syndicats centrés sur une seule catégorie de médecins ou d’autres qui sont clivants de par leur polarité Nord Sud ou la polarité entre médecins généralistes et spécialistes, l’ABSyM a su maintenir sa parité absolue à tous les niveaux, parité dans ses organes de décisions entre généralistes et spécialistes et entre francophones et néerlandophones – il faudra rapidement assurer la parité des genres aussi. Ce serait un tort que de croire que l’ABSyM se bat pour une catégorie plus qu’une autre, quand on voit les résultats obtenus et son efficacité redoutable sur un ensemble de dossiers qui concernent les médecins généralistes, les spécialistes hospitaliers ou de l’ambulatoire, et même si ce géant est un David devant les Goliaths que sont les fédérations d’hôpitaux, les entités fédérées et l’administration fédérale de la santé.

De grands projets

Depuis quelques années l’ABSyM a su collaborer avec les autres syndicats qui ont aussi suivi dans son sillage des grands projets, tels que celui de la co-gouvernance ou celui du fonctionnement en concertation avec les gestionnaires pour les Conseils médicaux des réseaux ou encore la demande insistante de financement des postes médicaux de garde ou de revaloriser les consultations qui sont au plus bas tarif.

Les syndicats ne peuvent pas simplement s’opposer à tous les projets de réformes qui s’inscrivent aussi souvent dans une lignée de modifications observées à l’international aussi. Citons par exemple, la subsidiarité ou le value-based healthcare, une certaine forfaitarisation des budgets ou d’autres stratégies supposées maintenir l’accessibilité et garantir la qualité des soins face à une pénurie de soignants et à la progression des maladies chroniques au sein d’une population qui vit mieux et plus longtemps.

Au-delà des négociations quasi rituelles et annuelles au niveau de la Commission médico-mutualiste en vue d’assurer le suivi du budget des honoraires et de partager une partie de l’index ou de très rares budgets octroyés aux médecins au-delà de leurs honoraires, l’ABSyM a réellement insufflé de nouveaux projets qui sont aujourd’hui au centre des débats syndicaux.

Clarifier les rétrocessions

La nomenclature doit certes être sérieusement rafraîchie et la réforme est bienvenue mais tout ce débat ne peut avoir de sens si les rétrocessions sur les honoraires restent excessives et surtout très variables en fonction des hôpitaux. En parallèle à cette réforme de la nomenclature est donc vite apparue la nécessité de réformer le financement des hôpitaux. C’est pour ces raisons qu’il y a bientôt 5 ans nous avons mis ce point en débat, en interne, puis exigé qu’il soit précisé dans les accords médico-mut pour qu’il y ait au moins un stand-still en la matière, qui n’a jamais été respecté en fait, et pour qu’il y ait une clarification et une transparence qui permettraient de pouvoir faire bénéficier l’ensemble des médecins des sommes d’argents indûment prélevées. Il est devenu évident que la réforme de la nomenclature ne pouvait avancer sans plus de précisions sur ce point. Pour bien comprendre, prenons un exemple : nous proposons une revalorisation de 5% pour une prestation technique, en prenant sur l’index de tous puis nous observons que le prélèvement peut être de 20% dans un hôpital et de 60% dans l’autre !? Comment juger ? comment comparer ? Comment avancer ?  La nomenclature reste la valorisation des prestations et ne peut pas être jugée ou justifiée en fonction du revenu global, de l’activité totale ni même des suppléments qui sont affectés. Éviter ce débat sur la valeur des frais à justifier forcerait les médecins à continuer à se disputer une marge inexistante, un index insuffisant ou à négocier une rémunération globale ( au dixième) avec le gestionnaire ce qui signerait la fin de toute nomenclature, de toute liberté de pratique, et ce serait bien entendu le début du grand financement forfaitaire des hôpitaux et des médecins et d’une médecine où  les listes d’attente deviendront la norme avec en complément une médecine à deux vitesses.

Ce combat de l’ABSyM avance rapidement et nous exigeons aujourd’hui la transparence complète sur les prélèvements, la justification de l’imputation (à qui ?) et de l’affectation (à quoi ?) mais aussi la clarté totale pour éviter les doubles financements de certaines fonctions. Mais tant que les réformes ne sont pas abouties, il faudra encore patienter et accepter qu’il y ait des « passerelles » de financement consentis par le Conseil médical pour soutenir la qualité des soins ou pour soutenir des secteurs et des collègues au nom de la solidarité. Cette solidarité est de plus en plus nécessaire, au vu de la fuite de plusieurs spécialités en dehors des hôpitaux, les contraintes devenues très vite supérieures à tout avantage de travail en groupe. Cette fuite est inquiétante et ne peut plus être compensée ou cachée par la surexploitation des assistants en formation. 

Partage des missions

Ces exigences de l’ABSyM permettront ainsi de pouvoir avancer dans la réforme de la nomenclature, pour comparer des pommes avec des pommes et permettront aussi, au travers d’une comptabilité analytique facilitée par la précision des frais et des financements, aux gestionnaires et aux médecins de prendre les décisions qui s’imposent pour assurer un partage efficient des missions de soins dans les réseaux et au travers des lignes.  

On ne cesse de le répéter, il faut voter et s’affilier aux structures syndicales si les médecins du terrain veulent participer à l’élaboration du modèle des soins de demain, et parmi les choix qui s’offrent à vous, l’ABSyM reste un moteur, un géant, une structure réactive qui a l’expérience et la taille nécessaire pour agir et qui fait depuis toujours la différence.

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    17 mars 2023

    Merci pour cet excellent travail motivé et bénévole. Croire à ce qu'on fait est très noble.
    Une suggestion : tenir à jour un inventaire réaliste des besoins en médecins, actuel et projeté dans le temps, pour pouvoir argumenter et contrer la limitation actuelle de l'accès aux études de médecine par le gouvernement fédéral...
    Est-il "normal", par exemple, que les hôpitaux doivent compenser ces manques par des engagements de médecins étrangers, pour lesquels d'ailleurs (et heureusement..) il n'y a aucune limitation de nos Inami ???
    Le contenu du concours d'entrée est aussi à mettre sur la table : est-il normal que les questions dépassent celui des matières enseignées en humanités ?
    Etc...