Chirurgie plastique : « Les interventions extrahospitalières sont parfaitement possibles moyennant une concertation multidisciplinaire » (Dr M.Mertens)

Les chirurgiens plastiques ont pris de nombreuses initiatives lors de la première vague du COVID-19. Ils plaident pour qu’un certain nombre d’initiatives qui se déroulent actuellement à l’hôpital, aient lieu extramuros dans des conditions sécurisées et contrôlées : dans ce cadre, les chirurgiens proposent de lancer un projet pilote.

Pendant la crise du COVID-19, la RBSPS – Royal Belgian Society Plastic Surgery – a établi un programme de suspension des interventions non urgentes, en collaboration avec le GBS.

Les chirurgiens plastiques actifs en dehors de l’hôpital ont spontanément mis leur appareillage respiratoire à la disposition des hôpitaux. A l’instar des laboratoires extramuros et des ophtalmologues, les chirurgiens plastiques voudraient attirer l’attention sur la possibilité d’effectuer extramuros, dans des conditions accessibles et sécurisées, des interventions qui ont lieu actuellement intramuros au sein de l’hôpital.

Cela allégerait la tâche des hôpitaux qui ont une lourde structure de frais généraux et un encadrement intermédiaire important.

Nous préconisons la levée de l'interdiction extramuros des numéros de nomenclature supérieurs à K120/N200. Grâce à une infrastructure appropriée, à la présence d'un anesthésiste pendant l'anesthésie et la sédation, et à des soins post-opératoires adéquats, de nombreuses interventions moins risquées peuvent être effectuées extramuros, de manière efficace et personnalisée. Les tumeurs cutanées telles que les mélanomes malins, les angiosarcomes, les cancers de la cellule de Merkell, etc. peuvent parfaitement être organisées en dehors de l’hôpital, grâce à une consultation multidisciplinaire - éventuellement même via Zoom.

Projet pilote

Pour commencer, nous proposons le K163 en guise de premier test, soit : « Ablation d'une tumeur cutanée ou des muqueuses ou d'une autre lésion directement accessible par excision avec plastie et/ou greffe ».

En tant que chirurgiens plastiques, nous disposons d’un large éventail d'indications pour les traitements et les interventions allant des pathologies congénitales telles que la fente labiale/palatine, l'hémangiome et les anomalies congénitales des mains, aux soins des plaies chroniques et aux traitements du décubitus chez les personnes âgées dans le cadre d'une collaboration multidisciplinaire. En pathologie aiguë comme les brûlures, la fasciite nécrosante, les réimplantations... une permanence bien organisée et un service de chirurgie plastique dans les réseaux hospitaliers sont nécessaires.

Au moyen de techniques non invasives et de chirurgie esthétique, nous pouvons améliorer le bien-être des patients grâce à des techniques de rajeunissement et au PBBC (Post Bariatrische Body Contouring).

Pour les opérations de reconstruction au moyen de lambeaux microchirurgicaux nécessaires après une oncologie et un traumatisme, nous pensons qu'une revalorisation est nécessaire pour motiver suffisamment de jeunes chirurgiens plastiques à pratiquer ces opérations dans les hôpitaux à l’avenir. En Belgique, nous sommes à la pointe des techniques chirurgicales innovantes telles que la transplantation faciale, les lambeaux DIEP, l'ingénierie tissulaire.

La RBSPS est née d’une fusion entre la société scientifique, l’union professionnelle et une délégation de candidats spécialistes. Le CCP - Collegium Chirurgicum Plasticum – organise la formation et les examens pour les candidats spécialistes.

Après des années d’expérience en tant que chef de service de chirurgie plastique, examinatrice et enseignante pour l’EBOPRAS & CCP et maître de stage coordinatrice pour l’Université d’Anvers, j’estime que les interventions pour la chirurgie reconstructive et esthétique peuvent avoir lieu en dehors de l’hôpital dans des conditions sécurisées et responsables. Cette initiative pourrait aussi contribuer à réagir rapidement si, en cas de deuxième/troisième vague, il faut transposer cette capacité de réserve dans un environnement sain, garanti contre le COVID-19.

Dr Marianne Mertens,

Chirurgie plastique, reconstructive et esthétique,

Membre du comité directeur du GBS et de la RBSPS

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