Vacciner contre la grippe: l’affaire de tous?

La France a autorisé, à titre expérimental, des pharmaciens à administrer eux-mêmes et sans prescription préalable des vaccins contre la grippe à leurs clients adultes, à l’exception des femmes enceintes et des personnes immunodéprimées. Outre-Quiévrain, pharmaciens et MG ne considèrent pas d’un même œil l’expérience en cours.

Ce projet pilote a démarré l’automne dernier, pour trois ans, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine: 3.000 pharmaciens de ces régions sont habilités à réaliser dans leur officine la vaccination des adultes à risques contre la grippe saisonnière. Le but poursuivi: améliorer la couverture vaccinale. L’argument œcuménique avancé par les autorités pour qu’aucune profession de soins ne se sente dépossédée: on va de la sorte toucher des populations complémentaires à celles déjà prises en charge par les médecins et les infirmiers (qui ont été autorisés à procéder à cette vaccination, sans prescription, en 2008).

Les médias français, à commencer par la radio RMC, se sont procurés il y a quelques jours un premier bilan chiffré: il fait état de 156.000 vaccinations effectuées en officine. Soit un total en phase avec les chiffres donnés fin janvier par l’Ordre des pharmaciens (152.000), Ordre pour lequel l’opération est «clairement un succès».

Mais voit-on les choses de la même façon du côté de la médecine générale? Le syndicat MG France «remonte» au pourquoi de l’action: améliorer le taux global de vaccination des personnes à risque qui reçoivent un bon de gratuité pour le vaccin. Il faut, dit-il, attendre des chiffres affinés par département pour conclure que le pari est gagné. Et de répercuter le récent verdict de la caisse primaire de la Haute-Vienne: le taux de couverture n’a pas bougé, dans le département, entre fin 2016 et fin 2017...

Par ailleurs, MG France s’inscrit en faux contre une idée qui circule à propos des économies que permettrait de dégager l’expérience pilote: «les médecins généralistes réalisent la vaccination anti-grippale de leurs patients durant une consultation de suivi habituel (…). Il n’y a donc aucun coût additionnel, alors que les pharmaciens sont rémunérés pour cet acte.» Le syndicat pointe enfin le problème du manque de feedback: le médecin traitant n’est pas systématiquement informé de la vaccination de ses patients par le pharmacien ou par l'infirmier.

MG France rappelle «sa proposition de mise à disposition des vaccins chez le médecin généraliste traitant». Voilà, d’après le syndicat, la solution pour améliorer sans frais la couverture vaccinale des patients à risque. Mais, dit-il, elle n'est toujours pas effective sauf s’il y a accord loco-local entre médecin et pharmacien.

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