Une pression de publication écrasante

Les scientifiques sont aujourd’hui soumis à une pression de publication extrêmement élevée, avec à la clé un impact néfaste sur la qualité voire même de véritables manipulations. Et, tant en Belgique qu’à l’étranger, ils en ont plein le dos!

 

Le fait que les scientifiques soient de plus en plus souvent jugés en fonction de leur volume de publications n’est absolument pas bénéfique à la qualité de leur travail. Pour protester contre cet état de fait, le jeune chercheur canadien Jean-François Gariépy a choisi de renoncer au poste prestigieux qu’il occupait à l’université Duke (Etats-Unis) – une information relayée par le quotidien De Tijd. «Nous sommes mis sous pression pour publier rapidement et abondamment à propos de nos recherches, mais ces articles sont du n’importe quoi. Ils sont corrompus et donc inutiles», a déclaré l’intéressé sur les réseaux sociaux. Il a tout récemment donné sa démission à l’université Duke, où il occupait un poste de chercheur postdoctoral dans le domaine des neurosciences. Il dénonce les dérives du monde scientifique dans une lettre ouverte : «De nos jours, les scientifiques sont devenus comme des poulets sans tête. Nous devons publier à tout bout de champ, mais ces publications n’ont aucune valeur, parce qu’elles sont approuvées par des collègues qui n’osent pas exprimer leur opposition.» Une politique du 'donnant-donnant', en quelque sorte, qui n’offre malheureusement plus aucune garantie quant à la qualité des publications scientifiques.

Un tel discours n’est évidemment pas nouveau et le mécanisme qui veut que le nombre de publications scientifiques revête pour les chercheurs une importance de plus en plus marquée a déjà été mis en cause dans le passé. La semaine dernière encore, The Scientist Magazine rappelait que le volume des publications scientifiques double actuellement tous les neuf ans – et encore, en ne comptant que les éditions papier, car la quantité d’information diffusée en ligne est bien plus importante encore. De Tijd cite également Richard Horton, l’éditeur du Lancet, qui affirme que la moitié des publications scientifiques sont 'falsifiées'. «Un constat interpelant, lorsqu’on songe que ces études seront ensuite utilisées dans le cadre du développement de nouveaux médicaments ou de la formation de spécialistes médicaux», a-t-il souligné récemment.

Dans notre propre pays, quelque 150 scientifiques flamands réunis au sein d’un groupe d’action pour l’enseignement supérieur (Actiegroep Hoger Onderwijs) ont eux aussi fait entendre fin août des protestations virulentes. «L’obsession de la quantité est une entrave à certaines missions fondamentales de l’université», ont-ils notamment déclaré dans une lettre ouverte où ils formulent également plusieurs pistes de solution. Ils appellent tous les intéressés à signer une pétition de protestation.

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